L’histoire :
Un jeune couple tombe dans les griffes d’un sadique.
Critique subjective :
Ecrit et réalisé par Kôji Shiraishi, Grotesque prétend renvoyer Saw et Hostel au rang de productions Disney et se prévaut fièrement d’une interdiction totale en Angleterre. Au-delà de ces aspects marketing, Gurotesuku se pose à la fois comme une réplique japonaise au torture porn américain mais aussi comme l’héritier direct d’une longue tradition cinématographique nippone (on pense notamment à la saga Guinea pig et à Audition).
Court, frontal, sans fioritures, Grotesque va droit au but. C’est simple, le métrage s’embarrasse à peine d’un scénario. Un couple est kidnappé par un sadique qui ne laissera partir ses victimes que s’il parvient à ressentir une excitation sexuelle en les torturant. Voilà pour l’intrigue. Un prétexte simple (pas de plan compliqué à la Jigsaw, pas de sous-texte sociopolitique façon Eli Roth) qui va permettre d’y aller copieusement en matière de sévices. Les premières quarante-cinq minutes ne s’apparentent d’ailleurs qu’à une longue séquence de torture filmée de la façon la plus glauque possible. Malgré ses efforts appliqués, Grotesque ne parviendra pas à s’imposer comme le torture porn ultime. Dépourvu d’émotion (le sort des personnages nous est indifférent), l’exercice apparaît assez vain. Pire encore, le côté « manuel illustré du petit tortionnaire » (le métrage est un vrai catalogue de supplices), la surenchère dans le gore et des effets sonores parfois exagérés prêtent presque à sourire, préfigurant déjà des développements beaucoup moins sérieux.
Après une phase de rupture (une plage d’espoir qui apparaît comme la meilleure idée du film), Grotesque remet les mains dans la tripaille mais de façon sensiblement différente. Après cette pause, les choses ont changé, le ton n’est plus le même. Sans pour autant s’inverser, le rapport de force entre le bourreau (malodorant !) et les victimes se modifie. Quant au gore, il emprunte désormais clairement la voie du Grand-Guignol (les productions Sushi Typhoon ne sont pas loin). A ce titre, on retiendra particulièrement la niaiserie décalée d’une scène où les deux victimes, en pièces et moribondes, s’échangent un ultime regard enamouré. Le titre du film prend alors tout son sens.
Verdict :
Entre le torture porn craspec et les délires goreux nippons, Grotesque donne l’impression de ne pas savoir sur quel pied danser, de naviguer à vue. Un titre bancal et roublard.
Une image en adéquation avec les ambitions plastiques du métrage. Les visuels sont ainsi granuleux, mal définis, glauques. Un aspect brut et poisseux s’en dégage. Discret, l’encodage ne s’invite jamais à l’écran. Satisfaisant.
Des pistes 5.1 dans l’esprit du film. Si le son fait montre d’un certain dynamisme, mieux vaut ne pas en attendre un rendu cristallin, une ampleur démesurée et une spatialisation ultra précise. L’ensemble revêt un côté rugueux (dû à la volonté du réalisateur et à l’économie du métrage) qui colle au propos. La piste française est à éviter, les doublages conférant un côté nanar à la chose.
- Grotesque : dans les entrailles du torture porn (18 minutes) : Analyse parfois pertinente du métrage. Dommage que le bonus soit desservi par une mise en scène pas franchement pertinente et un humour à côté de la plaque.
- Galerie photos.
- Liens Internet.
- Bandes annonces (12 minutes) : Grotesque, Machine girl, Tokyo gore police, Robogeisha, Fatal move, Le sang du guerrier, Les foudres de dieu.