L’histoire :
Espérant tourner le film d’horreur ultime, un réalisateur amateur bascule dans la folie homicide et décime les membres de son équipe.
Critique subjective :
Faisant fi de producteurs français trop frileux, une armée œuvre dans l’ombre. Une horde de réalisateurs besogneux, prêts à tout pour concrétiser leurs visions. Pas toujours visibles (saluons au passage la démarche d’Emylia), leurs créations sont d’authentiques produits bis. Des œuvres désargentées, certes, mais passionnées et libres.
Premier long-métrage de l’autodidacte Cédric Dupuis, MAKING oFF s’inscrit dans cette mouvance. Fruit d’une longue phase de préparation, d’un tournage commando éclair (10 jours) et d’une postproduction à rallonge, le film a d’emblée ce côté attachant du produit fait main. Une bonne initiative qui sent la sueur et l’huile de coude. Avant toute analyse critique, MAKING oFF a déjà le mérite d’exister.
Sur une production de ce type, c’est souvent le grand écart entre l’attachement au genre abordé et le résultat à l’écran. Ici, tel n’est pas le cas. On échappe en tout cas à la énième bande vidéo mal dégrossie filmée comme l’anniversaire de tata Ginette. En l’espèce, le résultat a plutôt bonne allure, un petit miracle en soi. Si le métrage a été monté sans le sou, il aura cependant bénéficié d’un minimum de talent(s). Toute la différence est là. Formellement, MAKING oFF n’est pas inintéressant. Loin d’être un simple gimmick visuel, le format faux documentaire (faux making-of en l’occurrence) est utilisé avec intelligence. Il offre une intéressante mise en abîme et permet aux auteurs de tirer à boulets rouges sur des sujets qui les agacent (la mégalomanie de certains artistes, la course effrénée à la notoriété, le voyeurisme du spectateur sevré à la téléréalité). Autre qualité : une interprétation qui n’a rien de honteux. MAKING oFF doit d’ailleurs beaucoup à la prestation d’Olivier Bureau, acteur principal et producteur du film. Mais l’atout majeur du métrage est sans conteste un humour noir omniprésent qui explose au détour d’idées folles (le meurtre façon beatbox) et de moments trasho-gore (la scène de Grand-Guignol animalier, le fil conducteur crapoteux). L’esprit de C’est arrivé près de chez vous (référence avouée de Cédric Dupuis) n’est jamais bien loin.
Verdict :
Un film horrifique grinçant qui parvient à transcender les limites d’un budget microscopique. C’est suffisamment rare pour mériter le coup d’œil.
Des visuels corrects. Loin du côté rugueux de la plupart des séries Z, l’image s’avère travaillée et nettement plus agréable à l’œil. Cette identité visuelle, on la retrouve à l’écran grâce à une restitution très honorable. La colorimétrie et la texture du métrage sont respectées, la définition est bonne, la compression se fait discrète. Des conditions de visionnage satisfaisantes.
Là encore, le rendu surprend agréablement. On échappe au sempiternel son criard et parasité qui pollue les films tournés avec les moyens du bord. Sans atteindre des sommets qualitatifs, la bande sonore se montre claire, bien équilibrée et efficace. C’est déjà beaucoup.
- Commentaire audio du réalisateur, des acteurs et du producteur : Un commentaire enjoué et sympathique regorgeant d’anecdotes et dévoilant la réalité d’un tournage amateur.
- Bêtiser (5 minutes) : Un supplément anecdotique mais qui témoigne de la bonne ambiance sur le tournage.
- Scènes coupées (6 minutes) : On retiendra surtout une version alternative de la séquence d’introduction.
- Explication FX (3 minutes) : Retour sur la conception des effets spéciaux. Court mais instructif.