Norman est un
petit garçon qui a la capacité de parler aux morts. Celui-ci doit sauver sa
ville d’une invasion de zombies.
Depuis « L’étrange
Noel de Mr Jack » de Tim Burton, l’animation a trouvé une nouvelle manière
d’aborder des thèmes souvent jugés tabous auprès du jeune public, comme le
rapport à la mort par exemple. Et dans « L’étrange pouvoir de Norman »,
le thème central est effectivement ce rapport que les enfants peuvent avoir
avec la mort. Le jeune héros a la capacité de voir et de parler aux morts. Une
situation qu’il ne vit pas forcément difficilement, bien au contraire, il lui
est plus difficile de supporter l’exclusion des vivants qui, eux, ne semblent
pas comprendre ce rapport détaché que Norman peut avoir avec les visions qu’ils
côtoient à longueur de journée. Et c’est cela que Tim Burton avait su apporter
à l’animation, et notamment l’utilisation du « Stop Motion » qui
donne une texture si particulière, presque effrayante naturellement.
Les
réalisateurs qui avaient déjà officié sur « Coraline » ont su tirer
profit de cette technique pour donner vie à leur histoire directement inspiré
de leur enfance. Ainsi les héros prennent une forme bien définie pour mieux
accentuer leurs personnalités, à l’image de Norman et de ses cheveux raides sur
la tête comme s’il avait peur en permanence, qui permet de jouer sur le
contraste de ce qu’il est réellement ou encore Mitch, le frère de Neil, le
meilleur ami de Norman qui impose par carrure, mais qui se révèle être
finalement quelqu’un de discret et sensible. Les réalisateurs ont ainsi su
trouver une forme de narration qui joue en permanence sur les contrastes et sur
les paradoxes : ce qui doit faire peur, donne l’effet inverse, et la normalité
devient d’un seul coup effrayante. Une volonté totalement assumée par les
réalisateurs et surtout Chris Butler qui en signa d’ailleurs le scénario. Une
histoire inspirée de sa jeunesse et des liens qui l’unissaient à sa grand-mère.
Le scénariste en a tiré une histoire simple, sombre, laissant pourtant
apparaitre un brin de poésie dans une obscurité qui aurait pu en freiner plus d’un.
L’influence Burton est présente quasiment dans chaque ligne du scénario, avec
des personnages en marge des critères de la société bien-pensante, un univers
sombre qui sert à mieux mettre en lumière les couleurs de la vie des uns et des
autres.
Et comme ils
nous l’avaient prouvé avec « Coraline », les animateurs ont su
trouver la texture juste pour l’univers Qu’ils
ont créé de toute pièce. Un univers où ce qui est effrayant doit être, au contraire
plus proche de la vision d’un enfant, où la ville doit être un terrain de jeu,
macabre certes, sans pour autant être terrifiant. Et c’est une réussite totale,
puisque le jeune public ne ressort pas du tout effrayé, bien au contraire, il
parvient à trouver sa place dans des personnages finalement identifiable, comme
le petit Neil ou Norman tout simplement.
Du côté de la
distribution, c’est un sans-faute, aussi puisque chacun des comédiens : John
Goodman (The Artist), Casey Affleck (Ocean’s eleven) ou encore les plus jeunes
comme Kodi Smit-McPhee et Tucker Albrizzi qui interprètent respectivement :
Norman et Neil, font preuve de beaucoup de créativité et d’intelligence dans la
création de leurs personnages et parviennent à leur donner une réelle
profondeur.
En
conclusion, « L’étrange pouvoir de Norman » est un film d’animation
dans la lignée de l’œuvre de Tim Burton, qui parvient à faire d’un sujet aussi
effrayant que le rapport des enfants avec la mort, une œuvre remarquable de
drôlerie et de poésie. A ne pas manquer !
Outre les
commentaires audio des réalisateurs Chris Butler et Sam Fell, qui fourmillent d’anecdotes
et de détails techniques autour de chaque plans du film y compris dans les
codes de l’animation, il est nécessaire d’accepter le fait de regarder le film
sans en écouter les dialogues, ni la musique ou encore les effets sonores.
Pour étancher
notre soif de culture cinématographique d’animation, il est préférable de se
jeter sur les différents documentaires qui forment le making of. Tout y est
disséqué : le doublage, le « Stop Motion », la production, les
scènes d’animations préliminaires…Tout y est et pour notre plus grand plaisir.
Une véritable édition comme on aimerait en voir plus souvent !