Georges Simenon, l’auteur aux 200 romans et 160 nouvelles, aux 550 millions d’exemplaires de ses œuvres vendus dans le monde est le troisième auteur francophone le plus lu, après Jules Verne et Alexandre Dumas. Denis Malleval, réalisateur de talent a su parfaitement restituer les nuances et les troubles de ce grand auteur.
Alors, au risque d’aller à contre courant de ce qui est annoncé sur le coffret : Les adaptations de Georges Simenon manquent toujours autant d’originalité et surtout de dynamisme. Ici tout semble plongé dans une sorte de léthargie pesante qui entraîne le spectateur, certes dans la psychologie souvent difficile des personnages, mais surtout de manière inexorable dans une série de téléfilm aussi peu originale qu’ennuyeuse. Si les romans de Georges Simenon plongent le lecteur au cœur d’intrigues psychologiques remarquablement construites, dans lesquels des personnages ordinaires, quasi transparents dans leurs existences, voient leurs vies bouleversées par un évènement tragique, les réalisateurs qui souhaitent porter à l’écran les œuvres de l’auteur, ne paraissent pas capable de pouvoir faire mieux qu’un épisode de l’inspecteur Maigret.
Pourtant, il n’y a pas de mal à filmer le tristesse et la détresse sans sombrer dans de faux ralentis mal dirigés, il n’y a pas de mal à utiliser la caméra pour donner du relief à un sentiment, il n’est pas nécessaires d’utiliser de longs plans inutiles d’un homme qui traverse une pièce, ou d’une femme traversant la rue, ou encore un long travelling lamentablement lancinant pour annoncer un drame. Tout le problème est là ! Le réalisateur impose une vision de salon gériatrique, où tout est scellé dans le marbre : Si l’on adapte Georges Simenon, tout doit avoir l’air vieux, les regards se doivent d’être graves et profonds et les acteurs, hors mis les principaux, ne doivent pas dépasser la case acteurs de télévision de secondes zones.
Pourtant, il y a tout de même de bonnes choses, dans ces adaptations, notamment les compositions des comédiens principaux, à l’image d’Olivier Marshall qui signe l’une des compositions les plus émouvantes que l’on ait pu voir ces dernières années à la télévision en homme brisée par la disparition de son épouse, ou encore Bruno Solo en bourgeois enfermé dans ses principes et dans ses secrets, se révèle un acteur dramatique particulièrement précis, et on finit bien sur par Laurent Gerra, qui sort enfin de son personnage d’imitateur pour donner une dimension plus sombre à son talent. Seulement les acteurs principaux ne font pas le film et la mise en scène trop académiquement pesante de Denis Malleval finit par effacer de remarquables compositions.
En conclusion, si vous avez décidé de vous venger, ce coffret plombera, à coup sûr l’ambiance de celui ou celle à qui vous allez l’offrir. La mise en scène est d’une lenteur extrême, comme dans un film de Yasujiro Ozu, mais sans le talent. On reste enfermé dans une sorte de protocole de mise en scène qui manque d’énergie et de dynamisme pour être à la hauteur de l’œuvre de cet auteur magnifique. Il ne reste que les trois acteurs principaux pour se réjouir.