L’histoire d’une mère de quatre enfants qui se retrouve en mars 2012 dans le box des accusés des Assises de Douai pour le meurtre de son mari, un homme qui l’a battue et torturée pendant leurs dix-sept ans de mariage...
Alors d’abord, « L’emprise » c’est un téléfilm qui traite de l’horreur que peuvent subir les femmes martyrisées par leur mari. Un téléfilm qui souffre certes des maux de la télévision, avec un planning serré et des seconds rôles parfois inégaux. Mais c’est surtout un film qui ne fait pas de concession sur un sujet terrible et encore trop fréquent dans notre société. Au-delà de la violence quotidienne, le téléfilm parle surtout de cette emprise malsaine qu’exerce le mari violent sur sa femme. Une emprise permanente dans laquelle rien n’est épargnée à la femme : Chantage, menaces en tout genre particulièrement en ce qui concerne les enfants… La palette des pressions psychologiques est tellement large qu’il serait impossible et peut-être indécent de les énumérer toutes.
Avec une finesse exceptionnelle pour un film de télévision, le réalisateur Claude-Michel Rome (Stavisky, escroc du siècle) tisse une histoire solide qui reprend toutes les infamies et toutes les horreurs dont sont capables ces hommes si peu honorables, qu’ils déchargent leur frustration sur une femme sous influence. En prenant garde de laisser le spectateur se faire son opinion tout en omettant pas de parler des questions que posent le meurtre de son mari, à commencer par la passivité de la jeune femme durant toutes ces années, la honte de raconter son calvaire, l’enfer des enfants dont le quotidien de violence est insupportable. Tout cela est tissé avec beaucoup de finesse et d’intelligence et entraîne le spectateur dans les méandres d’une réalité que l’on peut chaque jour dans les journaux. « L’emprise » c’est un film qui force la réflexion, qui ne laisse pas indifférent et touche son but en un coup de flèche.
Mais « L’emprise », c’est aussi une distribution, Odile Vuillemin (J’aime regarder les filles) d’abord, remarquable en tout point dans le rôle de cette femme battue, meurtrie, humiliée et terrorisée.
Marc Lavoine (A toute épreuve) continue son parcours sans faute de comédien, en interprétant un avocat général froid et déterminé à ne pas faire d’erreur. Mais la véritable révélation de ce téléfilm, c’est
Fred Testot (Bon rétablissement) ! Le comédien vient de trouver son « Tchao Pantin » à la télévision. Inquiétant, menaçant, violent,… rien ne lui échappe, il se fond dans son rôle et le transcende. D’une justesse remarquable malgré un tournage forcément mois confortable qu’au cinéma, le comédien se révèle précis, inspiré et jamais dans la caricature. L’humoriste est effacé et le comédien révélé.
En conclusion, « L’Emprise » est un téléfilm dur, sans concession qui plonge le spectateur dans l’enfer d’une femme battue quotidiennement pendant quatorze années. Basé sur un scénario solide, intelligent et tout en finesse, « L’emprise » est surtout l’occasion de découvrir une distribution inspirée et précise.