Pour Willie, Joe et Al, trois amis octogénaires – ou presque –, la retraite, c'est du passé. Quand ils apprennent que leurs pensions sont parties en fumée, ils décident de passer à l'action. Bousculant tous leurs principes, ils tentent l'impensable : braquer la banque qui les a ruinés !
Difficile de ne pas céder aux charmes de cette comédie, qui joue ouvertement le ton de la satire sociale sous couvert d’une comédie réalisée dans la plus grande tradition des plus grands titres américains. Décalage entre les héros et ce que l’on peut attendre d’un film de gangsters. Car ici, point d’acteurs bodybuildés mais des seniors dont la moyenne d’âge est de 80 ans qui décident donc d’aller braquer une banque. Mais difficile d’imaginer faire cela en un temps record lorsque l’on utilise un caddie électrique pour se déplacer dans un supermarché ou que l’on n’arrive pas à semer un agent de sécurité qui court plus vite que soit.
Evidemment, on pourrait on pourrait croire que l film va sombrer dans la farce un peu grasse avec ces papys d’un genre nouveau. Mais au contraire, sans faire dans l’exceptionnel, le scénario va en fait profiter de l’idée pour mettr en lumière la difficulté des séniors dans une Amérique qui veut faire croire à sa justice socialo-économique mais qui n’hésite pas à sacrifier ses vieux tant que le profit est encore à porter de main. Dans son scénario Théodore Melfi (Les Figures de l’ombre) nous expose tous les paradoxes qui font cette Amérique qui regarde notre Europe de ses yeux inquisiteurs sans ses rendre réellement compte que son système sociale et économique peut mettre les gens dans la rue, y compris ceux qui ont participé à sa grandeur. Et du coup ces anciens, incapable de se payer une chambre dans une pension en viennent à travailler jusqu’à ne plus pouvoir ou alors lorsqu’ils sont acculés au mur à échafauder des plans insensés
Alors, bien sûr, le scénario de Melfin, sauve l’honneur en insufflant dans son intrigue tous les bons sentiments d’usage, pour que les trois papys ne passent pas pour de simples criminels, mais plutôt comme des robins des bois des temps modernes. Et le réalisateur Zach Braff (Garden State) signe là une mise en scène plutôt conventionnelle, mais parvient à utiliser le quotidien difficile des séniors pour les dériver à des fins comiques sans pour autant se détacher de la tendresse qu’il éprouve, à n’en point douter, pour ses personnages comme pour ses acteurs. Et cela donne des moments d’anthologie, comme cette course poursuite improbable dans le supermarché, où les anciens s’entraînent.
Et pour donner corps à ses personnages, le réalisateur a su s’attirer les bonnes grâces de trois grosses pointures de la scène Hollywoodienne :
Michael Caine (Batman Begins) en grand père aimant et perdu par la vénalité de son banquier sans scrupules et sans aucun état d’âme,
Morgan Freeman (Seven) en vieil homme et grand père touché par la maladie qui voudrait bien voir plus souvent sa fille et sa petite fille et
Alan Arkin (Little Miss Sunshine) en vieil homme grincheux qui ne souhaite qu’une chose : garder ses amis. Inutile de dire que les acteurs sont incroyablement justes et qu’ils portent le film sur leurs vieilles épaules avec une certaine maestria.
En conclusion, « Braquage à l’ancienne » est un film qui nous permet de comprendre un peu plus les difficultés des personnes âgées aux Etats-Unis tout en nous divertissant avec beaucoup d’intelligence et de brio. Le trio d’acteur est redoutablement efficace et la mise en scène comme le scénario force le respect par cette capacité à faire avec un sujet douloureux, un film drôle et touchant. Ce dernier ne vient pas renouveler le genre mais il participer avec brio.