D'après l'ouvrage de Bob Zellner, « The Wrong Side of Murder Creek: A White Southerner in the Freedom Movement ».
En 1961, Bob Zellner, petit-fils d’un membre du Ku Klux Klan originaire de Montgomery dans l’Alabama, est confronté au racisme endémique de sa propre culture. Influencé par la pensée du révérend Martin Luther King Jr. et de Rosa Parks, il défie sa famille et les normes sudistes pour se lancer dans le combat pour les droits civiques aux États-Unis.
La ségrégation aux Etats-Unis est un sujet sensible qui se doit d’être toujours traité avec une certaine distance, mais pas trop, pour ne surtout pas sombrer dans une caricature du genre ou une sorte de résultat insipide qui ne finirait que desservir le sujet. De nombreux romans furent adaptés au cinéma pour des résultats remarquables comme : « La Couleur des sentiments » de Kathryn Stockett qui fut adapté au cinéma en 2011 sous la direction de Tate Taylor (Ma). Une œuvre qui a en commun avec la livre de Bob Zellner, et son adaptation, la couleur de peau des leurs auteurs. En effet, des deux cas ce sont des auteurs et des réalisateurs blancs qui s’approprient le sujet. Cela ne veut pas dire que le film est forcément destiné à être mauvais, mais comme diraient des réalisateurs noirs comme Spike Lee (Blackkkklansman) et Jordan Peele (Get Out), il est difficile pour des blancs de parler de la ségrégation ou de l’esclavage sans en avoir un regard biaisé.
Pourtant, les deux œuvres citées ont un autre point commun, c’est que leurs auteurs ont pris le parti de la population noire pour les aider à lutter contre l’injustice et contre la violence dont ils étaient victimes. Avec « Un Fils du Sud », le sujet va plus loin en montrant le harcèlement dont est victime Bob Zellner, pour se battre aux côtés des noirs dans un Sud rongé par la Ku Klux Klan. Une matière qui permet, à travers le prisme de la violence dont on fait preuve les habitants du sud contre la population noire, de mettre en lumière les dangers que couraient les blancs qui osaient soutenir les noirs dans leurs combats. Mais voilà, si le scénario, signé du réalisateur ne manque pas d’intérêt, il n'arrive toutefois pas à trouver la juste limite pour ne pas affadir le propos de l’auteur du livre.
Et c’est bien le problème, car la mise en scène de Barry Alexander Brown n’arrive jamais à trouver le bon rythme pour rendre le propos aussi captivant que « Detroit » (2017) de Kathryn Bigelow, qui, elle aussi s’empara d’un sujet sensible autour de la ségrégation mais elle parvint à maintenir une tension permanente durant tout son film, qui manque terriblement à « Un fils du Sud ». Ici, le réalisateur ne parvient jamais à trouver le rythme et hésite continuellement entre réflexion et reconstitution. Certaines scènes sont même maladroitement amenées comme celle où Bob Zellner affronte son ennemi dans un face à face tendu. Ou encore la première rencontre entre Ralph Abernathy et Bob Zellner. Trop à distance et jamais totalement impliquée, la mise en scène de Barry Alexander Brown manque de puissance et de contenu.
Coté distribution, Lucas Till (MacGyver) reste constamment à distance et ne parvient jamais à créer totalement l’empathie, ce qui ne facilite pas la passion du spectateur. Seul Cedric The Entertainer (Sur le chemin de la rédemption) parvient à donner à son personnage un peu de sa superbe et de ce courage dont il était porteur.