Sandra, jeune mère qui élève seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg. Alors qu'elle s'engage avec sa famille dans un parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra fait la rencontre de Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps...
Mia Hansen-Love, la réalisatrice de « Eden » en 2014 et « Maya » en 2018, s’inspire de la maladie de son père pour parler d’un parcours compliqué que suit sa jeune héroïne Sandra, qui doit s’occuper de son père atteint d’une maladie neurodégénérative et cherche, dans le même temps à continuer de vivre sa vie de femme et de mère. La réalisatrice qui a, également, signé le scénario, articule son histoire autour du thème la mémoire, celle que son père essaye de retrouver et celle que les autres essayent de fuir pour se tourner constamment vers l’avenir. Avec une simplicité assumée mais une envie de sortir quelque chose d’autre que la peine de cette partie de sa vie qu’elle traversa, la réalisatrice, emmène le spectateur dans une opposition des sentiments : Le deuil et la renaissance. Le deuil de ce père qui ne sera plus jamais le même et dont on attendra la fin pour que s’arrête sa souffrance, et la renaissance de sa propre vie qui doit continuer et retrouver un sens, lorsque l’on a tout mis entre parenthèse.
C’est tout le sens du propos de la réalisatrice que de filmer avec une certaine simplicité, presque naturelle, des personnages qui doivent évoluer avec la maladie et l’ombre du deuil qui plane sur eux et les sentiments que la vie continue et que l’on doit se remettre à vivre après l’abnégation. Jamais dans l’outrance ou dans la surenchère, la réalisatrice, filme la maladie, la vieillesse et l’amour, la vie et ses tourments, mais sans jamais plomber son scénario d’un discours trop alarmiste ou trop larmoyant. Sandra, son héroïne, vit et se laisse porter par les épreuves, mais ne cherche jamais à se laisser prendre par le passé ou par le présent trop pesant, elle cherche, au contraire constamment à regarder l’avenir.
Et pour cela, elle décide de confier ce personnage essentiel, sorte de miroir d’elle-même à Léa Seydoux (Mourir peut attendre). Mais, pour cela, elle a voulu éloigner la comédienne de ses dernières prestations portées sur le glamour, pour lui offrir un véritable contre-emploi dans lequel, la comédienne apparaît sous un aspect moins « Looké » pour apparaître plus commune, maquillée au minimum pour laisser apparaître ses imperfections. Et la comédienne s’en accommode parfaitement et livre une prestation remarquable qui touche au but dès les premières minutes. La comédienne va puiser au plus profond d’elle-même pour ressortir un personnage tout en énergie, et en sensibilité touchante. Constamment sur le fil du rasoir, Léa Seydoux fait preuve ici, une incroyable sincérité dans son jeu, bien loin des rôles aseptisés des derniers James Bond.
« Un Beau Matin » est un film touchant qui met en opposition différents sentiments face à la maladie et face à la vie qui doit continuer d’exister alors que celle de quelqu’un que l’on aime profondément est sur le point de toucher à sa fin. Mia Hansen-Love nous entraine dans un film qui n’est jamais pesant et où les comédiens, à commencer par Léa Seydoux, mais également Pascal Gregory (La Môme) sont portés par leurs personnages et livrent des compositions précises et habitées. C’est également l’occasion pour la réalisatrice de mettre en lumière le travail des soignant dans les EHPAD dont le travail est aussi essentiel que la présence des proches pour aider les plus âgés dans les épreuves de l’âge ou de la maladie.