Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.
Lorsque l’on parle de film réalisé par un passionné de son sujet, il y a toujours méfiance, parce que le réalisateur peut être tenté de vouloir en faire trop, en dire trop ou se perde dans une vision trop personnelle de son sujet. Avec « La Montagne », le réalisateur nous entraine dans sa vision de la montagne, dans la passion qui l’anime depuis sa plus tendre enfance, mais surtout avec humilité et respect de cet environnement qui ne manque jamais une occasion de rappeler à quel point l’homme doit se montrer respectueux et humble face à un tel enfant de la force terrestre.
Et c’est, la première bonne idée de ce film que de s’amuser à filmer l’humilité de ce personnage envers un environnement qui l’attire, l’enivre et l’appelle pour faire corps avec lui. Car c’est avant tout une œuvre écologique que nous offre Thomas Salvador, après « Vincent n’a pas d’écaille » en 2014, dans lequel un homme avait des pouvoirs extraordinaire qui se décuplait au contact de l’eau, cette fois-ci, le réalisateur signe une histoire qu’il a co-écrite avec Naïla Guiguet (La Croisade), et dans lequel un homme qui se laisse appeler par la montagne après un effondrement qui l’émeut va rencontrer des « Lueurs », sortes de créatures venues du centre la montagne, qui l’amener à faire corps avec la nature même de la montagne et vont le changer durablement.
L’œuvre est éminemment poétique et la mise en scène de Thomas Salvador joue beaucoup sur les silences, sur la respiration (rendue difficile, par un tournage à 3800 mètres d’altitude). Comme a son habitude le réalisateur livre une œuvre physique et sensorielle pour que le spectateur puisse vivre une expérience unique et qu’il sot lui-même amené à se laisser hypnotiser par cette montagne, magnifique, merveilleuse et cette terre que nous nous devons de préserver pour nous sauver nous-même. Simple et en même temps particulièrement complexe, la mise en scène de Thomas Salvador vient s’affranchir de ces œuvres bavardes et en contradiction totale avec le sujet pour s’amuser des respirations de ses acteurs, du fait de l’altitude, pour rendre sa narration encore plus organique.
Avec une maitrise du rythme et de sa narration, le réalisateur nous entraine dans un film à la frontière entre romance, documentaire et film fantastique. Les effets spéciaux sont remarquables d’inventivité puisque là où certains, outre-Atlantique se seraient amusé à chercher un esthétique complexe, le réalisateur a pensé a de la lave, à quelque chose qui puisse être en accord avec l’esprit de la montagne, quelque chose de minéral et de simple. Et ce choix est payant puisque l’on se laisse totalement envouté par ces lueurs qui nous font réfléchir à l’importance de voir la Montagne autrement que comme un lieu de villégiature d’hiver, mais comme un environnement puissant et fragile en même temps, à l’image de ce glacier qui ne cesse de reculer à mesure que l’homme s’affranchit de toute contrainte.