Giovanni, cinéaste italien renommé, s’apprête à tourner son nouveau film. Mais entre son couple en crise, son producteur français au bord de la faillite et sa fille qui le délaisse, tout semble jouer contre lui ! Toujours sur la corde raide, Giovanni va devoir repenser sa manière de faire s’il veut mener tout son petit monde vers un avenir radieux.
Nanni Moretti peut-être évidemment associé au Festival International du cinéma de Cannes tant son style a su capter les esprits à chacune de ses apparitions : « Journal Intime » (1984), « La chambre du fils » (2001) ou encore « Habemus Papam » en 2011 sont autant d’œuvres du réalisateur qui ont marqué le festival et les spectateurs français et pourquoi pas ? Du monde entier ! Le point commun de ces œuvres de Moretti c’est que l’écriture de ses films est inspirée, par un évènement ou simplement par une recherche personnelle de réponse à des questions sur la vie, sur l’existence et sur les sentiments. En observateur, comme en personnage central de ses films, il a su rendre son œuvre subtile et touchante en ne cherchant jamais à caricaturer ou à forcer le trait sur le moindre méandre psychologique.
Avec « Vers un avenir Radieux », le réalisateur met fin à ce qu’il appelle sa première phase de cinéma. Et pour cela, avec l’aide de ses co-scénaristes, il va faire se croiser des destins autour d’un personnage de réalisateur (on en revient à l’inspiration personnelle) et l’histoire de son pays et notamment son rapport avec le parti communiste dans les années 50. Dans « Vers un avenir Radieux » il est question de personnages qui vivent ensemble, un couple qui travaille également ensemble ; la femme assistant le mari, mais qui, sans jamais oser le lui dire n’en peut plus de vivre avec lui, et dans le même temps, les scénaristes confrontent deux mondes être l’ancien cinéma et le nouveau, le monde d’aujourd’hui et celui des années 50. Ici, nous ne parlons pas fort, nous ne faisons pas de grands gestes, il n’y a pas de fusil caché dans l’armoire. Non, Ici il y a des gens qui évoluent à mesure que les années passent, que les incidents se produisent le film se vit alors comme une métaphore de la mort constamment annoncée du cinéma et de son maintien dans un monde qui, finalement ne peut s’en passer. Moretti comme un éternel optimiste, pas sûr, mais comme quelqu’un qui vit en marge des idées reçues, ça c’est sûr !
Tourné comme à son habitude avec un soucis du détail désarmant, sans jamais avoir recours à des effets de manches trop esthétiques, Nanni Moretti se lance dans une peinture de la société dans laquelle la classe sociale n’est jamais une source de réussite, où tout peut changer à la suite d’un événement. Il filme avec beaucoup d’intelligence le couple, le besoin de se tourner vers l’extérieur, les silences, la création, les obstacles de la vie et de celle d’un tournage. Alors que beaucoup de réalisateurs pensent à l’après « Cinéma », lui résonne comme quelqu’un qui se laisse guider par sa vision du cinéma et non par une envie commerciale et mercantile d’une création. Le réalisateur nous expose sa vision d’un monde qui a constamment peur de sa fin mais ne voit pas ses propres défauts. Et c’est à travers les personnages de sa femme qu’il montre cet obscurantisme qui peut le mettre à terre ou le faire reprendre en main l’essentiel.
A travers une galerie de personnages sobres et perdus dans des peurs et dans des angoisses que chacun partage, et s’en défend à sa manière, Nanni Moretti peint une nouvelle fois une représentation de la société Italienne, mais pas seulement. Avec une distribution remarquable, il parvient à nous toucher et à nous identifier à l’un ou a plusieurs d’entre eux. A réfléchir sur ce que nous vivons et ce que nous ferions à leur place. Il nous distille simplement et subtilement un discours d’optimisme et dans le même temps d’empathie envers qui partagent notre vie en nous invitant à plus les écouter qu’à s’autocentrer.
Un making of passionnant, où nous voyons le réalisateur en plein travail et, chose surprenante surtout, dans les bons comme dans les moments plus difficiles lorsqu’il cherche à obtenir le meilleur de ses acteurs. C’est aussi l’occasion de découvrir l’importance des costumes, des lumières, des environnements et de la musique dans un genre de film que l’on croit finalement assez peu regardant sur ce type de détail. L
« Un entretien avec Nanni Moretti » le réalisateur revient sur les dessous de son film et notamment sur sa vision de l’avenir et du présent du cinéma et entretien passionnant.