Dans une petite ville du Nord de l'Italie, Giovanni mène une vie paisible, entouré de sa femme, Paola, et de ses deux enfants déjà adolescents : Irene, l'aînée, et Andrea, le cadet. Giovanni est psychanalyste. Dans son cabinet qui jouxte son appartement, ses patients lui confient leurs névroses, tandis que sa vie privée est réglée par un tissu d'habitudes : lire, écouter de la musique et s'épuiser dans de longues courses à travers la ville. Un dimanche matin, Giovanni est appelé en urgence par un patient. Il ne peut aller courir avec son fils, comme il le lui avait proposé. Andrea part plonger avec ses amis. Il ne reviendra pas...
Nanni Moretti est un réalisateur adulé par les critiques, notamment parce qu’il a la capacité comme d’autres grands réalisateurs Italiens avant lui, de raconter la vie et ses méandres. Grand habitué du festival de Cannes, où il avait déjà reçu le pris de la mise en scène en 1994, pour « Journal Intime », le réalisateur Italien revenait en 2001 avec cette histoire sombre d’une famille qui doit survivre à la mort du fils. Un sujet sombre, qui prend une tout autre hauteur dans l’écriture de Moretti. Ce qui fait de « La Chambre du Fils » une œuvre subtile et remarquable qui atteint son but en quelques scènes et en quelques répliques.
Car le réalisateur qui a signé le scénario avec ses deux acolytes : Linda Ferri (Libero) et Heidrun Schleef (Le Caïman) ne s’est pas laissé aller à la facilité du Pathos en enfonçant le clou de la déchirure. Bien au contraire, il va suivre un chemin qu’il va scinder en trois. Celui du père qui tente par tous les moyens de faire front en se lançant dans son travail mais qui se rend très rapidement compte que la souffrance de l’absence va prendre le dessus. Il est aussi celui qui va chercher un coupable, à commencer par lui-même qui a répondu à une urgence au lieu d’aller courir avec son fils. Celui de la mère qui va accepter la facilité et extérioriser sa douleur pour ne pas la laisser la grignoter et qui se raccrochera à tous les souvenirs, olfactifs, physiques ou visuels pour conserver la mémoire de cet enfant parti trop vite. Et puis celui de la sœur qui va se laisser aller à la colère, comme pour affronter de front la tristesse et la douleur.
Jamais lourde la mise en scène virevolte comme n’importe quelle comédie Italienne, le temps que le spectateur se familiarise avec la famille et puisse également tomber sous le charme de ce fils, imparfait, mais aimé et aimant. C’est aussi la possibilité du réalisateur de commencer à poser les bases de ces deux caractères différents qui opposent les deux parents : Le père qui a toujours besoin de réponse et de coupable et la mère qui accepte que son fils ne soit pas parfait. Puis elle se fait plus serrée autour des personnages après le drame. Pour mieux capter la douleur et le combat intime pour surpasser sa peine et sa douleur.
Autant le dire, « La Chambre du Fils » contrairement à ce que nous pourrions penser est un film très loin d’être lourd à regarder. Si son sujet est difficile, le réalisateur parvient, grâce à une mise en scène subtile et intelligente, à éviter le pathos et à explorer plusieurs facettes de ce que la perte d’un enfant peut provoquer dans une famille. Surtout, le réalisateur garde toujours une touche d’optimisme dans un sujet qui ne s’y prête pas.