Une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre ensemble. Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…
Nanni Moretti peut-être évidemment associé au Festival International du cinéma de Cannes tant son style a su capter les esprits à chacune de ses apparitions : « Journal Intime » (1984), « La chambre du fils » (2001) ou encore « Habemus Papam » en 2011 sont autant d’œuvres du réalisateur qui ont marqué le festival et les spectateurs français et pourquoi pas ? Du monde entier ! Le point commun de ces œuvres de Moretti c’est qu’il fut à chaque a l’écriture de ses films, par un évènement ou simplement par une recherche personnelle de réponse à des questions sur la vie, sur l’existence et sur les sentiments. En observateur, comme en personnage central de ses films, il a su rendre son œuvre subtile et touchante en ne cherchant jamais a caricaturer ou à forcer le trait sur le moindre méandre psychologique.
Avec « Tre Piani », le réalisateur se lance dans l’adaptation d’un roman dont il n’est pas à l’origine de l’histoire. Dans le roman de l’auteur Israélien Eshkol Nevo, il est question de personnages qui se croisent, se connaissent et tentent de surmonter les attirances, les peurs, les tourments et les sentiments qui ne cessent de nous obliger à prendre une route plutôt qu’une autre et d’en assumer les choix. Un terreau évident pour le réalisateur Italien qui y trouve, là encore le moyen de pouvoir donner sa vision de ces personnages et pourquoi pas d’une société Italienne, bien loin des habituelles caricature. Ici, nous ne parlons pas fort, nous ne faisons pas de grands gestes, il n’y a pas de fusil caché dans l’armoire. Non, Ici il y a des gens qui évoluent à mesure que les années passent, que les incidents se produisent et certains quittent la scène.
Tourné comme à son habitude avec un soucis du détail désarmant, sans jamais avoir recours à des effets de manches trop esthétiques, Nanni Moretti se lance dans une peinture de la société dans laquelle la classe sociale n’est jamais une source de réussite, où tout peut changer à la suite d’un événement. Il filme avec beaucoup d’intelligence la solitude, le besoin de se tourner vers l’extérieur. Alors que le livre comme le film furent écrits et réalisés avant la crise sanitaire, les confinements et autres bouleversements liés à la Pandémie, il résonne pourtant comme une leçon à retenir d’une solitude imposée. Le réalisateur nous expose sa vision d’un monde qui se referme dans son individualisme tout en ayant pourtant besoin de se tourner vers le collectif.
A travers une galerie de personnages sobres et perdus dans des peurs et dans des angoisses que chacun partage, et s’en défend à sa manière, Nanni Moretti peint une nouvelle fois une représentation de la société Italienne, mais pas seulement. Avec une distribution remarquable, il parvient à nous toucher et à nous identifier à l’un ou a plusieurs d’entre eux. A réfléchir sur ce que nous vivons et ce que nous ferions à leur place. Il nous distille simplement et subtilement un discours de solidarité, de partage et de vivre ensemble
Un making of passionnant, où nous voyons le réalisateur en plein travail et, chose surprenante surtout, dans les bons comme dans les moments plus difficiles lorsqu’il cherche à obtenir le meilleur de ses acteurs. C’est aussi l’occasion de découvrir l’importance des costumes, des lumières, des environnements et de la musique dans un genre de film que l’on croit finalement assez peu regardant sur ce type de détail. Le film jouant sur plusieurs tranche de 5 années successives, le moindre détail, même le plus subtil est important.
« La politique de Nanni Moretti par Paolo Santoni et Xavier Barthélemy » un documentaire qui revient sur le parcours artistique et surtout politique d’un réalisateur qui ne fait, décidemment, rien comme les autres.