Odile se prépare à fêter son anniversaire. Alors que ses enfants et petits-enfants sont en route pour la soirée, Jean, son mari, décède brutalement. Incapable de faire face à cette réalité, elle le cache sous son lit...
Voilà un film qui ne peut laisser indifférent le spectateur. Notamment parce qu’il traite d’un sujet universel : Le Deuil. La manière dont on l’approche, ce qu’il réveille en nous, et surtout ce qu’il provoque dans les liens familiaux. Ici, la réalisatrice qui a signé le scénario, va un peu plus loin en créant une situation dans laquelle une femme refuse la mort de son mari et le cache sous le lit pour ne pas l’annoncer aux enfants. Perdues et meurtries, elle va alors garder son secret et tenter de faire comme si de rien n’était. Loin d’âtre sombre, le scénario garde une certaine lumière, en parsemant l’ensemble de petits moments drôle, de folie enfantine, à travers la présence des enfants dont l’énergie et la joie viennent contraster avec ce lourd secret qui plane dans cette maison. Une maison qui est d’ailleurs un des éléments clé de l’histoire avec son côté rassurant, hors du temps, comme suspendu. On ne voit quasiment jamais ce qui passe autour d’elle, tout reste dans les murs de la propriété, les esprits s’entrecroisent et les sentiments également autour de cette mort soudaine et de ce secret inavoué.
Avec une mise en scène souple et en même temps dynamique, qui se focalise beaucoup sur les regards et particulièrement sur celui d’Ariane Ascaride (Divertimento) qui met toute sa puissance de jeu au service de son personnage. En utilisant la maison, également comme le lieu de connexion avec toutes les générations, la réalisatrice souffle constamment entre la douceur, la plénitude liée à ce moment si particulier où les vivants doivent s’habituer à al mort de l’un des leurs. Jamais dans le poussif, Camille Japy, cherche avant tout à ne pas alourdir son propos par une mise en scène qui chercherait à tout prix les larmes et la douleur. Bien au contraire, elle amène d’autres visions de la vie et d’autres visions du deuil.
Aidée en cela par une distribution toujours juste, à l’instar d’Ariane Ascaride, comme je l’ai déjà dit, mais également Bérénice Béjot (The Artist) qui joue de sa fraicheur de jeu pour ensuite mieux appuyer les moments de détresse de son personnage. Quant à Thomas Scimeca (Hawai) et Stéphane Brel (Grace à Dieu) ils apportent une nouvelle forme de jeu, dans la nuance entre détachement et immaturité feinte, pour le premier et l’aspect décalé presque burlesque pour le second. Même les enfants et particulièrement Hugo Questel (Je Te Promets) qui, malgré son jeune âge offre l’une des plus scènes du film.