Collector SMOKE / BROOKLYN BOOGIE

Smoke

Brooklyn: l'écrivain Paul Benjamin, en panne d'inspiration depuis la mort de sa femme, vient chaque jour acheter ses cigares chez Auggie qui tient un bureau de tabac où se retrouvent quelques habitués amateurs de conversations oiseuses. Un jour, Paul est sauvé de la mort par un jeune garçon; pour le remercier, il lui offre l'hospitalité pour quelques jours. Mais celui-ci cache sa réelle identité et fint par partir en laissant chez Paul une importante somme d'argent.

 

A l’origine, il y eut une commande de la part du directeur de la tribune libre du New York Times, qui contacta l’écrivain Paul Auster afin de lui commander une nouvelle qui serait publiée dans le numéro de Noël 1990. C‘est ainsi qu’est né «le conte de Noël d’Augie Wren», dont l’idée a germé grâce aux cigares Shimmelpennick, favoris de l’écrivain, et au souvenir du vendeur de Brooklyn. Le réalisateur du «Club de la chance», Wayne Wang, lecteur du New York Time, tombe sur l’histoire de Paul Auster et tombe sous le charme. L’idée d’en faire un film lui vient rapidement.

 

"Ce film parle de gens qui sont fragmentés, sans attaches, sans vie de famille. En un sens, il montre comment des gens à la dérive arrivent parfois à former des familles artificielles, qui ne sont pas liées par le sang, mais par les circonstances et l’affection mutuelle… C’est l’histoire de vies qui se recoupent et prennent du sens dans l’espace qui les séparent…" selon les propres termes de Paul Auster.

 

Smoke est un film dont on peut parler longuement. Smoke est un film émotionnellement intense, qui marque profondément, qui bouleverse. Après avoir vu ce film, il en reste des scènes entières gravées à jamais dans notre mémoire ou de courts instants sublimes d’authenticité, bouleversants. Smoke, c’est l'écrivain Paul Benjamin bouleversé qui reconnaît Ellen son épouse décédée sur les photos d’Auggie. Smoke, c’est le conte de Noël d’Auggie Wren, et le long silence du face à face entre William Hurt et Harvey Keitel, tandis que débute «Innocent when you dream» sur la voix déchirante de Tom Waits. On pourrait penser, en voyant ce film, que la montée des sentiments qui s'opère, nous amène à cette scène, qui achève définitivement le spectateur de par sa puissance, et le marque profondément.

 

Wayne Wang et Paul Auster réalisent avec Smoke un film exceptionnel d'humanité, en évitant soigneusement le risque d'un résultat larmoyant, servis par des acteurs immenses, Harvey Keitel, William Hurt et Forest Whitaker. Une œuvre d'art à voir absolument.

 

 

Brooklyn Boogie

Situé au cœur de Brooklyn, le débit de tabac d'Auggie Wren est le rendez-vous favori des amateurs de cigares, des turfistes, des grandes gueules et des âmes perdues du quartier le plus truculent de New-York. C'est l'endroit où l'on vient refaire le monde, jouer de la musique, fumer un bon cigare ou échanger des heures durant des tuyaux, potins et anecdotes croustillantes dans une ambiance masculine rude et conviviale. S'y croisent aussi une femme qui vient de se faire voler son sac, une sans-abri, la fiancée d'Auggie, le propriétaire de la boutique et son épouse délaissée…

 

Brooklyn Boogie, bien que sorti dans les salles un mois après Smoke, avec de nouveau Harvey Keitel, dans le même décor, la boutique d'Auggie Wren, n'en n'est pourtant pas la suite. Brooklyn boogie part en effet dans une tout autre direction. Dans la foulée du tournage de Smoke, Wayne Wang et Paul Auster ont décidé de poursuivre l'expérience en tournant en un temps record ce second long métrage, à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, une sorte d'hommage aux habitants de Brooklyn. Essentiellement basées sur l'improvisation des comédiens, les scènes ne comportaient que quelques notes rédigées par Paul Auster dans l'unique but d'en ébaucher la trame principale. On y retrouve des habitants de Brooklyn, anonymes, Harvey Keitel qui se trouve être le seul lien avec Smoke, et quelques personnalités venus apporter leur concours pour des apparitions mémorables comme Jim Jarmush, Lou Reed, Madonna ou Michael J. Fox. Le résultat est un petit bijou cinématographique, inclassable, du cinéma en liberté, incontournable!

Une image qui malheureusement ne s'avère pas à la hauteur du film. En effet, celle-ci manque de finesse, les détails se trouvent assez réduits. La compression laisse bon nombre de traces dans les arrières plans. Les couleurs peu saturées, quant à elles respectent bien l'ambiance intimiste du film.

Un son de très bonne qualité pour des films qui ne se prêtent pas aux extravagances du multicanal. Pourtant, une atmosphère très calme, superbement spatialisée par une piste audio aux multiples effets d'ambiance, à écouter en priorité en version originale pour la spontanéité des dialogues.

 

Des menus animés superbes qui conservent l'esprit du film, sortis du rouleau d'une machine à écrire.

 

Making of (21mn)

Making of classique, avec des interventions d'un Wayne Wang très… Commercial!

 

Les commentaires audio de Paul Auster, Harvey Keitel, des producteurs Peter Newman et Greg Johnson

Voilà de véritables commentaires audio. C’est là que cet exercice prend tout son sens. Que peut-on vouloir de plus: Un immense écrivain, Paul Auster, un acteur hors pair, Harvey Keitel, qui racontent l’histoire du film, leurs impression… Et ne se contentent pas comme bien souvent, de commenter bêtement les images ou de s’auto-congratuler. Non, ici, on parle de littérature, de cinéma, on analyse. Une autre vision du film. Quatre orateurs pour ce commentaire, mais c'est heureusement l'écrivain qui monopolise le temps de parole.

 

Le tournage de deux scènes:
La scène de Felicity, vue de l’extérieur (3mn58)
La scène de confrontation entre Rashid et Cyrus vue de l’extérieur (1mn04)

 

Featurette (5mn42)

Très bon documentaire présentant le film, avec des interventions de Paul Auster et Wayne Wang.

 

Sur le second DVD, nous trouvons, en plus du commentaire audio:

 

Conversations avec Lou Reed (sur la vie à New Yok) (17mn24) vostf
Plus de 17 minutes d'entretien en plan fixe avec le chanteur au sujet de la vie new-yorkaise, un peu long!

 

Scènes coupées
-The Mc Inudo lady (9mn36) vostf
-Mon frère Chuck (9mn05) vostf
Non commentées, voilà deux longues scènes, superbes qui auraient mérité de figurer dans le film.