Le cri de la soie

L’histoire

A Paris, en 1914, une jeune femme, Marie Benjamin (Marie Trintignant), est trouvée étendue dans un grand magasin, le visage extatique, un coupon de soie rouge serré convulsivement contre elle. Arrêtée puis transférée à l'infirmerie de la Conciergerie, elle est longuement interrogée par Gabriel de Villemer (Sergio Castellitto), psychiatre. En découvrant quelle relation étrange et sensuelle cette couturière analphabète entretient avec la soie, Gabriel ne pourra cacher son trouble. Il est vrai qu'il est lui-même sensible au plaisir délicat que les étoffes procurent.

De Villemer va s’attacher à l’étude du cas de Marie et s’en servir pour ses conférences et l’écriture d’un livre : « Le cri de la soie ». Malheureusement, ses travaux sont interrompus par la déclaration de la première guerre mondiale et il est envoyé au Maroc. Avant son départ, il ordonne le transfert de Marie vers la prison afin qu’elle ne soit pas internée dans un hôpital psychiatrique…

Critique subjective

« Le cri de la soie » est le premier long métrage d’Yvon Marcianno. Pour ce film, le réalisateur s’est inspiré de la vie et de l’œuvre du docteur G.G. de Clerambault (1872 – 1934), qui partageait les mêmes passions que le personnage de Gabriel de Villemer dans le film et qui a écrit : « La passion érotique des étoffes chez un neuropsychiatre » après l’étude de plusieurs femmes dotées d’une passion compulsive pour les étoffes.

Cette première réalisation est prometteuse, mais parfois un peu hésitante avec un certain manque de rythme, particulièrement sensible au milieu du film. Heureusement, le jeu des acteurs relève le niveau. Sergio Castellitto joue à la perfection ce rôle de psychiatre qui, à force d’entrer dans l’intimité de sa patiente, va sombrer dans la frénésie de la passion qui finira par le dévorer. Marie Trintignant joue également très juste, même si elle semble souvent un peu trop ‘comateuse ‘ par rapport à son rôle de femme forte, passionnée et légèrement déjantée. Enfin Anémone démontre, une fois de plus, son très grand talent en campant la secrétaire modèle, amoureuse du médecin, mais trop discrète et dévouée pour s’exprimer.

 

Au final, Yvon Marcianno signe ici un film intéressant, mais à l’ambiance un peu malsaine par sa plongée profonde dans l’intimité des personnages. Ce film ravira donc surtout les amateurs de films intimistes qui se concentre davantage sur les personnages et leur intimité.

Le transfert numérique du film s’est effectué dans de bonnes conditions. La définition générale est bonne, avec de nombreux détails dans les arrières plans. Les couleurs sont précises et toujours maîtrisées. Seule la séquence de guerre au Maroc a des teintes étonnantes, dans les tons jaunes qui rappellent de vieilles pellicules cinéma de l’époque (les rayures en moins). Les étoffes ressortent particulièrement, avec leurs couleurs vives et de très beaux plans sur leur texture, permettant d’apprécier pleinement la façon dont elles réfléchissent la lumière. Si l’image est très belle dans l’ensemble, on note tout de même quelques défauts dans certains ciels qui fourmillent un peu et marquent les limites du traitement de la compression numérique.

Le DVD nous propose une seule piste sonore en Dolby Digital 2.0 stéréo. La dynamique y est correcte, mais il faut parfois pousser le niveau sonore pour profiter pleinement des dialogues. Il est également regrettable qu’aucun sous-titrage n’ait été prévu pour les passages en Italien et en Arabe. Enfin, la spatialisation est très peu marquée, mais il faut dire que le film est très axé sur les dialogues. Au niveau des bruitages, la restitution des bruits de froissements des étoffes est très réussie.

L’éditeur, One plus One propose de nombreux suppléments pour ce film :

Discussion autour du film

Ce supplément est un montage d’extraits du film, commentés par le réalisateur Yvon Marciano, la psychanalyste Olvia Todesco et la journaliste Charlotte Lipinska. Le réalisateur nous explique d’où viennent les sources d’inspiration pour ce film et de quelle façon il a construit les différents personnages. Répondant aux questions de la journaliste, il explique ensuite la conception de certaines scènes. La psychanalyste explique ensuite l’aspect psychologique du film. Le très bon jeu des acteurs lui permet de donner des interprétations liées aux personnages et pas à ceux qui les jouent.

Biographies et filmographies

On retrouve ici les fiches biographiques et filmographiques de Marie Trintignant, Yvon Marciano, Anémone et Sergio Castellitto.

Court métrage : « Emilie Muller »

Ce court a reçu le Grand Prix du Film Court Européen de Brest 1993 et de nombreux autres prix et nominations. Réalisé par Yvon Marciano, il raconte la rencontre entre un réalisateur et une jeune actrice sans formation. Devant la hardiesse de celle-ci à se présenter pour un rôle alors qu’elle n’a jamais rien joué, le réalisateur va la faire parler d’elle pour évaluer l’étendue de son talent.

Court métrage : « La part d’ombre »

Grand prix du court-métrage au Festival de Paris en 2000, ce film d’Yvon Marciano présente la brève dérive de la vie d’une femme qui va basculer dans une expérience de prostitution. Très cru, l’essentiel de ce film se passe dans des voitures circulant dans Paris.

Bandes annonces ‘Ciné Talents’

Cette section donne accés aux bandes annonces des films suivants : « Le cri de la soie », « Vivre me tue », « Il y a 4 ever », « Open Hearts », « Noi albinoi », « Shower », « Betelnut beauty », « Suzhou », « Beijing Bicycle »,  « Les petites couleurs », « La faute à Voltaire », « Un 32 aout sur la Terre », « Happy accident » et « On the run ».

 

Un mot sur les suppléments

L’éditeur nous fournit des suppléments qui accompagnent le film de façon à nous apporter un éclairage sur le réalisateur. L’apport des deux courts-métrages donne un bon complément au premier long-métrage d’Yvon Marciano et le commentaire de certaines séquences du film permet de mieux comprendre sa façon de travailler. L’ensemble est cohérent et constitue une bonne initiative pour la découverte de nouveaux talents dans le cinéma.