Coffret Kenji Mizoguchi I

le cinéma de Kenji Mizoguchi constitue une référence indispensable dans la production cinématographique japonaise du milieu du 20^ème siècle. Au travers ce coffret, vous aurez à la fois le loisir de découvrir ses films les plus fameux et ainsi découvrir l’univers de ce scénariste décrivant avec réalisme les tourments de la société japonaise au travers l’histoire…

 

Kenji Mizoguchi est né le 16 mai 1898 à Tokyo. D’origine pauvre, c'est très jeune qu'il découvre le monde du théâtre et du cinéma. A l'age de 20 ans, Il quitte Tokyo pour s'installer à Kobe ou il deviendra assistant-réalisateur. Il réalisera son premier film vers 1920. A partir des années 30, Kenji Mizoguchi tourne pour différentes sociétés de production, mais ce ne sera qu’après la seconde Guerre Mondiale qu’il évoluera de la réalisation de films de commande à une véritable indépendance cinématographique et le développement de ses thèmes de prédilection : exil, l’humiliation des femmes, les travers de la société japonaise, la prostitution ou encore l’adultère. Au niveau de la forme Mizoguchi est un cinéaste du détail qui s’est émancipé des codes stricts du cinéma japonais pour utiliser dans son cinéma un mélange subtil d’influence occidentale et de vocabulaire imagier propre.

 

Tous ces films ont en commun de nous narrer les trajectoires de personnages en rupture par rapport à la société de leur époque. Nous y retrouvons la constante de la fuite, de l’humiliation et de la souffrance face à la noirceur du pouvoir et à la rigidité d’une société prisonnière de ses propres codes. L’issue étant, au final, souvent fatale pour les protagonistes empêtrés dans des enjeux qui les dépassent de beaucoup…Au travers ces histoires Mizoguchi réalise finalement un portrait sévère de la société japonaise au travers les siècles, montrant que la souffrance n’a en définitive pas d’époque favorite…

 

Le coffret se compose des films suivants : Les amants crucifiés (Chikamatsu monogatari 1954) Une histoire d’amour impossible entre deux amants qui fuient une société les condamants à l’exil ou à la mort… L’impératrice Yang Kwei Fei (Yôkihi 1955) Qui est l’histoire d’un empereur vivant dans le souvenir de sa défeunte épouse pris au piège entre l’amour pour une servante et les intrigues de son palais ; Le héros sacrilège (Shin Heike Monogatori 1956) narrant l’histoire d’un fils de samouraï se retournant contre l’empereur et cherchant sa véritable famille ; L’intendant Sansho (Sanshô Dayù 1955) sur le calvaire d’un frère et d’une sœur retenu en servage chez un terrible intendant…

 

Les films de ce coffret correspondent à l’age d’or de Mizoguchi. C’est la période la plus intéressante dans l’œuvre du maître Japonais. C’st un vrai plaisir de découvrir ce cinéma d’une originalité et d’un talent indéniables. Tout est là : description minutieuse, jeux subtils avec les ombres et les lumières, cadrage parfois opressants ou parfois  intimes,... Que ce soit l’atmosphère sereine des campagnes japonaises ou encore l’ambiance chargée des villes, Mizoguchi parvient avec justesse à transmettre ses émotions au spectateur. Au-delà de la forme, Mizoguchi nous dépeint de manière implacable les travers de sa propre société. Bref un cinéma subtil et intelligent tant sur la forme que sur fond. Un cinéaste assurément à découvrir ou redécouvrir.

Ce premier coffret se compose de quatre films, deux en noir et blanc et deux en couleur. L’image est plus que satisfaisante. Les films on tout de même plus de 50 ans !! Evidement ce n’est pas de la haute définition, mais les films sont agréables à regarder, l’ambiance créée par le cinéaste qui joue énormément sur les lumières et les effets d’ombres y est pour beaucoup. Qui plus est sur un plan strictement technique les masters sont de qualités et il n’y a pas de décalage qualitatif sensible entre les différents films proposés dans ce coffret.

Les films de ce coffret sont tous en mono d’origine. Cela ne pose aucun problème sur ce type de film. Qui plus, aussi modeste soit-elle, la partie son reste correcte, les dialogues sont suffisamment clairs pour mettre le spectateur dans l’ambiance. La présence d’un recodage en 5.1 n’aurait en fait que peu de sens pour ce type d’œuvre.

Le cinquième DVD est entièrement consacré au bonus. Qui plus est chaque film est accompagné d’un commentaire d’introduction très « ciné club » vous replacent les films à la fois dans leur contexte historique et dans l’œuvre du Maître. Concernant le DVD de bonus, vous trouverez deux superbes documentaires de 50 minutes : bâtons d’encens pour Mizoguchi qui retrace la vie et l’œuvre du cinéaste par le biais des témoignages de réalisateurs tel que Bonitzer, Chabrol ou encore Doillon… Ce document est véritablement précieux. En effet quel plaisir après avoir découvert ces œuvre du cinéma japonais que de les voir décortiqués et replacés dans le contexte global de l’œuvre de Mizoguchi par des réalisateurs comme Chabrol ou Doillon. C’est ce genre de bonus qui valent parfois la lecture d’un volume entier sur le cinéma.

Le second bonus est un long entretient très instructif de Jean Douchet.

Sans doute moins vivant et moins mis en forme que le premier bonus mais on en apprend encore et ce deuxième bonus ne fait pas double enmploi. Ces bonus s’accompagnent enfin de galeries de photos, d’affiches et de dessins… Bref un DVD bonus sur lequel bien des réalisateurs de coffrets devraient se baser.