L’histoire :
Les habitants d’un quartier résidentiel de Liverpool voient soudainement débarquer des militaires qui bouclent le secteur et les somment de rester enfermés chez eux.
Critique subjective :
Confirmant l’admirable santé du cinéma de genre britannique, Salvage (2009), premier long-métrage de Lawrence Gough, nous parvient sous forme de DTV après un passage par le festival Mauvais genre de Tours (édition 2010).
Fille de parents divorcés, Jodie est une adolescente qui vit chez son père. La veille de Noël, ce dernier la dépose à Liverpool, où elle doit passer, bien malgré elle, le réveillon en compagnie de sa mère, Beth (Neve McIntosh), avec laquelle elle est en froid. Lorsqu’elle la surprend avec Kieran (Shaun Dooley), un amant d’un soir, Jodie explose de rage et part ruminer sa colère chez les voisins, de l’autre côté de la rue. C’est ensuite que tout bascule, les forces spéciales envahissant le quartier et sommant les habitants de se cloîtrer chez eux. Terrifiée, Beth ne pense alors qu’à rejoindre sa fille pour s’assurer qu’elle va bien. Exemplaire (on s’attache d’emblée aux personnages), cette exposition sous forme de drame familial, Lawrence Gough la laisse respirer, lui octroie un espace confortable. Un parti-pris plutôt périlleux (il lui consacre tout de même un quart d’heure sur soixante-quinze minutes de métrage) mais qui va porter ses fruits.
En effet, là où Salvage fonctionne à merveille, c’est dans la représentation d’un quotidien banal et de son basculement abrupt dans l’extraordinaire, dans la peinture d’individus lambdas confrontés à un évènement anormal. Le spectateur n’ayant aucune avance par rapport aux personnages (nous n’en saurons jamais plus qu’eux), l’identification fonctionne à plein et l’on se retrouve précipité dans un contexte où le danger, non identifié (la nature de la menace ne sera dévoilée que très progressivement), n’en est pas moins palpable, omniprésent. Soulignée par une mise en scène viscérale, la sensation d’urgence s’en trouve décuplée. Immersion garantie. Bien écrit, et surtout très bien interprété (mention spéciale à Neve McIntosh qui trouve, avec Beth, un personnage féminin très fort aux accents quasi « cameroniens »), le film distille une bonne dose de suspense et d’émotion (certains passages sont déchirants). Une progression narrative millimétrée qui fait mouche tout du long.
Verdict :
Entre d’autres mains, Salvage aurait sans doute été une énième série B / Z horrifique tournée en DV. Avec Lawrence Gough à la barre, les différents talents en présence se conjuguent, convergent pour mieux transcender un petit budget. Voilà donc une première œuvre intéressante qui évite bien des écueils (Gough ne commet pas les erreurs classiques du débutant) et nous fait découvrir un réalisateur à suivre de près.
Un transfert DVD de qualité. On retrouve, parfaitement respectées, toutes les caractéristiques du format DV employé (grain numérique, définition plus réduite dans les passages sombres, colorimétrie particulière). Constat positif, également, du côté de la compression. Des conditions de visionnage très satisfaisantes.
Des pistes 2.0 efficaces. Le rendu, forcément très frontal, se montre clair et fait preuve d’une belle énergie. Mixage de qualité avec un bel équilibre entre voix, effets et musique. Piste en version originale anglaise à privilégier.