Le Dictateur

Titre Original
The Great Dictator
Pays
Etats-Unis (1940)
Date de sortie
mercredi 6 novembre 2002
Durée
124 Min
Réalisateur
Producteurs
Charles Chaplin
Scénaristes
Charles Chaplin
Compositeur
Meredith Willson, Charles Chaplin
Format
Dvd 9
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Italien
Non
Oui
Non
Anglais
Oui
Oui
Non
Français
Oui
Oui
Non
Allemand
Non
Oui
Non
Espagnol
Non
Oui
Non
Russe
Non
Oui
Non
Le Film
Critique de Maxstar
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
124 min
Nb Dvd
2


Résumé : Durant la première guerre mondiale, un combattant de l'armée de Tomania sauve la vie d'un officier nommé Schultz. L'avion dans lequel ils se trouvent s'écrase. Le soldat envoyé à l'hôpital y restera pendant 20 ans. Hynkel est devenu dictateur de Tomania et persécute les juifs. Il se confronte à Napaloni dictateur italien qui veut tout comme lui envahir l'Osterlich. A sa sortie de l'hôpital, le soldat retourne dans le ghetto pour reprendre sa boutique de barbier, ignorant tous des changements qui ont eu lieu dans son pays. Il y fait la connaissance de Hannah dont il tombe amoureux. Les brimades dans le ghetto continuent. Le barbier affronte les troupes de la mort d'Hynkel sans savoir le danger qu'il courre. Le hasard et surtout la ressemblance des deux hommes vont faire que Hynkel va être arrêté par ses troupes et que le barbier va être pris pour le dictateur.

 

 

Avis critique :


"Espoir... Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n'est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. Nous ne voulons pas haïr ni humilier personne. Chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l'avons oublié."



Charlot... ou Chaplin?



 



Il est toujours difficile de parler d'un film sur lequel tout à déjà été dit, à propos duquel toutes les éloges possibles et immaginables ont déjà été faites. Mais nous ne pouvions pas passer à côté de la ressortie de ce Great Dictator qui, plus qu'une des plus grandes comédies vues au cinéma à ce jour, plus qu'un hymne à la tolérance terriblement sincère, plus qu'un long métrage qui serait la somme de ses qualités, est un film tout absolument bluffant qui laisse sur le cul, aussi bien en tant que cinéphile qu'en tant qu'être humain. La grande grande réussite de Chaplin vient avant tout de cette absence de bons sentiments gratuits que l'on pouvait fortement craindre étant donné l'époque à laquelle a été tourné le film. Même chose concernant l'aspect caricatural à outrance qu'il aurait pu prendre étant donné que le "héros" qui traverse le film est un petit brun à moustaches. Mais Le Dictateur n'est pas Hot Shots, non, et Chaplin avait apparement d'autres ambitions que de faire un simple film caricatural ou bien humaniste. Avec l'arrivée du parlant dans son cinéma, c'est un film-tombe qu'il nous propose, où Charlot fera sa dernière apparition; mais aussi un peu son 8 1/2 à lui, dans lequel la séquence finale sera tout autant un réquisitoire pour la paix qu'une réflexion sur son propre discours, sa puissance, et les conséquences qu'il peut avoir...

 

Avant d'aborder toute considération humaniste ou relative à un regard sur soi de la part de Chaplin, il serait dommage de passer à côté de ce qu'est tout de même aussi Le Dictateur : un film profondément drôle. Si Chaplin est passé au parlant, son cinéma s'appuie encore avant tout sur le langage de l'image. C'est en terrain connu que s'ouvre Le Dictateur, avec un personnage à l'écran qui reste bel et bien Charlot, quoiqu'on en dise, les gags extrêmement visuels étant là pour nous le rappeler. De la séquence autour de la Grosse Bertha (qui rappelera également quelques souvenirs aux joueurs de Total Annihilation ^_^) à la complètement loufoque escapade en avion, c'est dans le comique de geste et de situations que Chaplin frappe le plus fort. Les plans sont longs, presque séquence pour certains. On aperçoit à travers les fondus une volonté évidente de continuité dans l'action, faisant penser à ce que fera plus tard Kubrick lors des travelling latéraux sur les Sentiers de la Gloire. Mais il s'agit avant tout d'un moyen de prolonger les effets humoristiques, la durée et leur rappel accentuant leur impact (une pratique que Blake Edwards fera sienne quelques années plus tard).

 

Chaplin sait ramasser son récit quand il le faut et le passage de la première guerre mondiale à la seconde se fait à travers un montage rapide lui permettant d'évoquer 20 ans d'Histoire, tout en évitant une ellipse temporelle sur des évènements importants. Les longs plans reviendront très vite, pour se terminer sur le monologue fleuve final de 8 minutes. Technicien, artiste, Chaplin est aussi militant. 30 ans avant George Romero qui choquait encore (en 1968!) en donnant le rôle principal de son film à un noir américain, Chaplin déclare dès 1940 l'égalité entre Noirs et Blancs, et plus généralement de tous les Hommes foulant le sol de notre planète. L'aliénation de l'Homme par la machine (de guerre ici) est à nouveau montrée comme l'une des grandes préoccupation du cinéaste (chose qu'il avait cependant déjà bien entamée avec les Temps Modernes 4 ans plus tôt et qui posait pour sa part son regard sur la machine industrielle).

 

Au delà de tous les thèmes abordés par Le Dictateur, il y a ce discours final, ce gigantesque discours-épilogue qui vient se placer là où tout le monde attendait un affrontement final entre les deux hommes à moustache... Grand par sa durée (8 minutes), mais aussi par sa portée (totalement universelle, Chaplin ne s'adresse plus au public militaire mais directement à la caméra, donc au spectateur), il l'est aussi par son intensité. Le dénouement est marqué par un rythme soutenu de bout en bout, où les paroles criantes d'honneteté détachent à jamais le film de tout ce qu'on peu entendre de nos jours comme morales artificiellement condescendantes, en conclusion de chaque film de studio qui se respecte. Et c'est là que l'on peut évidemment y retrouver, dans un premier temps, le caractère profondément humaniste de Chaplin et de son oeuvre en général. Ce discours est marqué par un contraste saisissant (mais pas total.. voir plus loin..) avec ceux du dictateur Hinkel en cours de film. Ces derniers sont d'ailleurs hilarants, tout autant de par la gestuelle de Chaplin qu'à travers la dénonciation subtile des grands mots qu'utilise ce genre de personnages xenophobes pour finalement ne raconter que d'infâmes et simplistes idioties.

 

Cependant, ce discours final est problement plus qu'il ne semble vouloir se définir. Terminant son discours, la foule va acclamer le barbier juif devenu dictateur de la parole malgré lui (n'attendait-elle pas ce geste brusque du bras pour réagir?). L'effet va être radical sur ce dernier : qu'est-il en train de faire, quelle place a-t-il dans ce monde? Est-ce que cette parole libératrice qu'il est en train d'asséner n'est pas la première marque d'une nouvelle dictature, où l'expression de la réflexion n'est confiée qu'à un seul homme? La violence (peut-on réellement parler de simple virulence?) des derniers mots prononcés dans ce discours n'est elle pas le témoignage d'un orateur qui n'est plus maître de ses propres mots? D'un orateur abusant de son autorité tout en ne sachant pas encore quelle portée cette dernière peut bien avoir? Chaplin serait-il lui aussi un dictateur? (le metteur en scène était extrêmement autoritaire sur le tournage de ses films, semble-t-il). On peut dans tous les cas penser que la découverte (pour Chaplin) du cinéma parlant à travers ce film est la source d'une remise en question pour le réalisateur. Tout en dénonçant l'antisémitisme à travers un média qui lui est nouveau, il se rend compte des limites de son propre discours à travers ce média, et des dérives que lui même expérimente...

 

Plus qu'un film de cinéphile, plus qu'un film culte, Le Dictateur est un film qui mériterait d'être enseigné à l'école, tout simplement; parce que d'utilité publique, parce qu'il est la preuve que l'honnêteté, la critique du monde qui nous entoure et le bon goût ne font pas forcémment mauvais ménage, et finalement parce que c'est un très, très grand film dont il est impossible de se lasser...
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
4/3 n&b
Format Cinéma
1.33:1
MK2 a acquit les droits d'édition / distribution d'une partie des films de Chaplin mi-2001. Et à la vision de la qualité de la restauration de cette image, on ne peut que s'en réjouir. Tout d'abord, le master est d'une propreté incroyable. Il subsiste bien sûr quelques points blancs, quelques petites tâches et autres rayures, mais ces défauts ont été minimisés de manière totalement hallucinante par rapport à la première édition DVD. C'est bien simple, à moins de faire un travail critique sur l'image comme c'est le cas ici, à aucun moment ces défauts ne viendront gêner ne serait-ce qu'un peu le spectateur. Ce superbe travail de restauration ne serait rien si la compression n'avait pas été à la hauteur. Là aussi ça ne fait aucun doute : MK2 ne méprise pas les films comme certains éditeurs français le feraient. Cette compression est maîtrisée de bout en bout, et des passages extrêmement difficiles comme la séquence de la première guerre mondiale où Chaplin est dans le brouillard sont presque parfaits. Au niveau définition, c'est aussi du tout bon : le nettoyage de l'image n'a pas été fait au détriment des détails. Bref, un vrai régal.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
1.0
Anglais
5.1
Anglais
1.0
Italien
1.0
Si l'on ne peut pas crier au génie comme pour la restauration de l'image, force est de constater que le travail effectué sur la partie sonore du film est lui aussi largement réussit. Déjà, on remercie MK2 de proposer la piste mono d'origine plutôt qu'un remix 5.1 seulement. On sait que ces remix sont mauvais en général, c'était donc déjà une excellente nouvelle d'avoir encore accès à cette piste d'origine. La piste française (pour sa part seulement disponible en mono) est claire bien que relativement moins ouverte que sa collègue anglaise elle aussi mono, et qui est déjà un bon cran au dessus au niveau clarté et gestion de l'espace sonore (oui oui même en mono). Beaucoup plus claire, la piste VO mono ne manque en plus pas de dynamique et on aurait pu largement s'en contenter. Mais c'était sans compter sur la qualité du remixage 5.1 sur la version originale du film. Sans jamais en faire trop, ce mixage est tout à fait convainquant, faisant même travailler à bon escient les enceintes surround pendant les affrontements et les explosions de la première guerre mondiale. Cette piste se permet une plus grande ampleur que la version mono lors des passages musicaux, ou tout simplement au niveau précision de l'espace sonore. Il ne faut pas croire que les enceintes arrières vont crier pendant 2h, le mixage reste avant tout porté sur l'avant, et conserve tout le naturel de la piste d'origine. Du très bon travail...

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
100 min
Boitier
Digipack


Les suppléments sont tout à fait convaincants eux aussi. Ils s'axent autour du documentaire de 55 minutes projeté pour la première fois aux cours des Berlinades 2001, et qui apporte un point de vue intéressant sur les vies de Chaplin et d'Hitler. Les 25 minutes de tournage en couleurs sont également assez étonnantes, et totalement captivantes malgré l'absence de son pour nous plonger davantage dans ce tournage. Le reste des suppléments finit de remplir le deuxième DVD sans être inintéressant comme trop souvent. Bref, là aussi on est comblé.

 

Making-of : The Tramp and the Director (55 minutes)
Excellent documentaire, réalisé en 2001. Divisé en 9 parties, il aborde de nombreux sujets de manière assez pertinente. S'ouvrant sur un parallèle entre la vie de Chaplin et celle d'Hitler, sur le rapport de l'un et l'autre au cinéma, il se poursuit sur l'engagement de Chaplin pour la cause juive et pour la liberté en général. Le documentaire traite aussi du tournage du film, aussi bien d'un point de vue technique que du rapport entre Chaplin et ses collègues sur le tournage, etc.. Lorsque la guerre prend une mauvaise tournure, on y découvre un Chaplin hésitant à sortir son film, qui sera finalement appuyé par Roosevelt lui-même. La fin du doc. s'attache au fameux discours final, et insiste sur les côtés universels des thèmes évoqués par Chaplin dans ce discours, thèmes tout à fait actuels... Enfin, il se termine sur une question qui ne restera pas ouverte longtemps : Hitler a-t-il vu le film?

 

Documentaire : Le tournage filmé en couleurs (25 minutes)
Document muet qui présente de rares scènes de tournages, pour la première fois vues en couleurs. Le film en noir et blanc prends alors une toute autre dimension lorsque l'on a vu ces images. Ces 25 minutes sont découpées en 5 chapitres : Le Bal, Scène Finale inédite, La chute dans l'escalier, Le ghetto, La première guerre mondiale.

 

Scène inédite : Une scène qui avait été prévue pour le court métrage Une Idylle aux champs mais qui n'avait pas été retenue au montage. C'est la scène que l'on retrouve dans le Dictateur lorsque l'on voir Charlie Chaplin effectuer son métier de barbier de manière pas forcémment très adroite :-)

 

Bandes annonces : Extraits de films de la collection Chaplin : The Kid, L'opinion publique, La ruée vers l'or, Le Cirque, Les lumières de la ville, Les temps modernes, Le Dictateur, Monsieur Verdoux, Les deux de la rampe, et Un Roi à New York.

 

Affiches : Une série d'affiches du film, de divers pays à travers le monde.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage