A 27 ans, Jim est fauché et contraint de revenir vivre chez papa-maman, dans une petit ville éteinte du Midwest Américain. Manque de chance, les travers d’un cocon familial bancal se révèlent bientôt tout aussi navrants que ses propres névroses…Seule Anika, jeune infirmière rencontrée un soir comme par miracle, semble pouvoir redonner à son existence atone, un zeste de fantaisie et de piquant.
Pour son nouveau film, le comédien Steve Buscémi (Armageddon, Reservoir Dogs), ne choisit pas un sujet facile : La recherche d’un idéal chez un être mélancolique. Pourtant il porte son sujet à bout de bras et lui donne une envergure incroyable. Jamais dans la caricature, à des années lumière d’un film insipide où les clichés se mêlent aux évidences, le réalisateur promène sa caméra autour de ce jeune homme pour mieux en faire ressortir les errances de son existence. Jamais impudique, il suit son personnage dans sa recherche constante d’un bonheur qu’il s’oblige à ne pas trouver. Même lorsqu’ au détour d’une rue, au coin d’un bar, il rencontre une jeune femme pour qui le bonheur réside dans l’instant, Jim (Casey Affleck) ne parvient toujours pas à réaliser la beauté intérieure d’un tel être.
La grande force de « Lonesome Jim », réside certainement dans la palette de personnages tous totalement différents et en même temps tellement similaire. Comme la mère, insatiable optimiste, joyeuse clown triste qui ne cesse d’afficher des sourires et feint de ne jamais être touché par l’apparente et incompréhensible détresse de ses enfants. Le père interprété par Seymour Cassel (Happy Hour) autant conscient qu’inconscient de cette réalité qui leur échappe chaque fois un peu plus. Volontaire prisonnier d’un décor qu’il a créé. L’oncle Evil (Mark Boone Jr ) irréversible déchet, qui vit à la parallèle de sa sœur, tout en assumant son rôle d’éternel perdant ou encore le frère Tim (Kevin Corrigan), abandonnée à sa triste existence, marginal de son propre destin, blasé et blessé au plus profond de son être. Tous ces êtres semblent former une seule personne et se rejoindre en Jim. Le seul rayon de lumière venant de cette infirmière magnifiquement interprété par une Liv Tyler (Le Seigneur des anneaux, Armageddon) tout en douceur et en retenue.
Et c’est là, certainement la deuxième grande force de ce film : son interprétation. Casey Affleck (Ocean’s Eleven, Gerry), nous livre une composition parfaitement juste. Il incarne un personnage toujours à la frontière entre le combat d’une jeune vie et l’abandon à dépression d’un jeune homme sans espoir. Steve Buscémi, a su tirer profit du talent de ce comédien, qui semble bien décidé à se démarquer définitivement de son illustre frère. Notons aussi l’époustouflante interprétation de Mary Kay Place (Human Nature, Nine Lives) en mère américaine s’obligeant à toujours sourire et à toujours être cordiale. Sans oublier l’ensemble des comédiens de ce petit chef-d’œuvre de tendresse, d’humour noir et de mélancolie.
En conclusion, un film incroyablement juste, aux arômes d’un film de Jarmusch, avec une tendresse et une mélancolie incroyable. Une œuvre parfaitement maîtrisée par un réalisateur qui honore ses comédiens d’une mise en scène sobre et délicate. Un petit chef-d’œuvre.