Les courts métrages First National de Charles Chaplin

L'histoire : Il ne s'agit pas ici d'une histoire mais de plusieurs intrigues puisque ces DVD regroupent huit courts-métrages. Néanmoins, ils ont tous un dénominateur commun : les facéties de Charlot dans des interprétations variées qui vont, entre autre, du commis de commerce, au père de famille en passant par le rôle d'un homme d'église derrière lequel se cache un évadé de prison, un soldat, un vagabond,...

La critique : Charles Chaplin, pour les rares qui n'en auraient jamais entendu parler, fait figure de grand réalisateur et de grand comédien du cinéma muet et des débuts du cinéma parlant. Ce britannique d'origine par pour les studios hollywoodiens et s'installe sur la côte californienne où il fera prospérer ses studios. C'est là qu'il affirme sa renommée qui gagne toutes les générations.
Dans les huit courts-métrages principaux qui nous sont proposés, on le découvre ou on le retrouve dans des interprétations magistrales. Il met en avant sa candeur, sa malice, son cabotinage pour faire rire mais il ne faut pas perdre de vue que ces histoires, il les a aussi écrites pour faire voir la vie sous un autre angle et, sous couvert de l'humour, pour faire prendre conscience de la difficulté de certaines situations, de certains états.
A cela s'ajoute que des films comme "Une journée de plaisir", "Une vie de chien" ou encore "Jour de paye" marquent aussi des changements dans la réalisation ou dans l'écriture. Ainsi, le premier affiche la nouveauté d'un tournage en extérieur, dans la campagne et s'avère être un film plus riche que l'on ne croit; le second, nous montre un Charlot qui, pour une rare fois, n'agite pas sa célèbre canne et, enfin, le troisième, tourné en décor naturel, propose des scènes de nuit magnifiquement bien réalisées. Outre ces quelques remarques, il faut dire que la légèreté du ton, la fraîcheur, les quiproquos qui s'enchaînent dissimulent malgré tout les difficultés rencontrées pour réaliser au mieux ces situations burlesques, cocasses mais inoubliables.
Quant à "Charlot soldat", ce court-métrage se situe à la frontière étroite entre la comédie et la tragédie puisque préparé durant la Première Guerre Mondiale. Mais loin de se moquer des soldats, c'est un hommage qu'il leur rend en portant à l'écran toutes les privations de la vie au front. Enfin, il faut ajouter que "Le pèlerin", le dernier film de Chaplin qui ne sera pas un long métrage, fait preuve d'un tel humour mordant dans la satire légère de la religion d'une petite ville qu'il s'est attiré la censure de certains états puritains.

Bref, Charlot amuse, Charlot dérange mais Charlot ne vieillit pas. On apprécie toujours à sa juste valeur celui qui a su tirer un beau profit de l'image pour la mettre au service de la fantaisie et de la critique.

Le format 4/3 et le noir et blanc ne surprendront personne. En revanche, c'est avec étonnement, mais aussi un réel plaisir, que l'on découvre une image parfaitement restaurée. Les films vont de 1918 à 1959 mais, en fait, il y a assez peu d'écarts qualitatifs entre les différents courts-métrages, du moins en ce qui concerne le résultat final. On note surtout le "nettoyage" convaincant des défauts de pellicule. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à visionner les scènes proposées en l'état dans les suppléments et procéder à une comparaison. La lisibilité est donc vraiment excellente et l'image n'accuse quasiment pas le poids des années.

Dolby Digital 2.0 (mono) et 5.1 sont au programme. Le 2.0 souffre d'un manque de relief qui incite à monter le volume mais, le problème c'est que l'agressivité augmente proportionnellement rendant l'écoute assez rapidement fatigante. Le 5.1 recadre parfaitement les choses. Bien sûr, il n'y a que très peu de voix et les enceintes surrounds servent uniquement à créer un léger décalage pour ouvrir le paysage sonore, aucun effet spectaculaire à attendre (et c'est tant mieux ainsi). Avec une voie centrale bien présente et avec une dynamique bien plus efficace, l'agressivité du 2.0 est sensiblement diminuée (quoi que toujours présente) ce qui vous emmènera à privilégier le choix du format 5.1.  

Ces deux DVD, bien que de présentation quelque peu austère, offrent des suppléments dignes d'intérêt qui retracent des périodes de la vie de Charles Chaplin au moment de la préparation du tournage de ces films et proposent en sus d'autres courts-métrages.
Les deux DVD reposent sur les mêmes critères de présentation. Au démarrage s'affiche le choix des langues (anglais, français, italien) puis une première photo d'une scène d'"Une idylle aux champs" pour le DVD 1 et une d'"Une vie de chien" pour le DVD 2. Une seconde image en noir et blanc sur un fond musical succède pour afficher le menu principal. Pour le disque 1, le fond d'écran est une photo de "Un jour de paye", pour l'autre, il s'agit de celle tirée de "Charlot soldat".
Le menu principal propose trois rubriques. Voyons le détail.

DVD 1 :

- Films (98 minutes) : 4 courts-métrages muets en noir et blanc avec Charlie Chaplin et Edna Purviance, dont :  "Une journée de plaisir" (1919),  "Une idylle aux champs" (1919),  "Charlot et le masque de fer" (1921),  "Jour de paye" (1922).
* Accès direct aux scènes : simpliste et austère.
* Sous-titres.
* Compléments (49 minutes 40) : 7 riches rubriques dans lesquelles naviguer.
   - Préface (5 minutes 01) : David Robinson nous parle des difficultés d'écriture rencontrées par Charlie Chaplin au moment de ces courts-métrages mais il en profite aussi pour mentionner ce qui fait, pour certains, leur originalité.
   - Une idylle aux champs - scène coupée (8 minutes 20) : Charlot y tient le rôle du barbier avec tous les gestes maladroits, les gags et mimiques que l'on peut imaginer et bien d'autres encore.
   - Les visiteurs (13 minutes) : rencontres avec Max Linder, Maxine Elliot, le général Wood, l'évêque de Birmingham, une visiteuse inconnue, le prince Axel de Danemark et Irving S. Cobb.
   - Harry Lauder (8 minutes 16) : court-métrage.
   - Galerie photos (4 minutes 6) : des photos des films et des tournages.
   - Affiches : 6 photos des affiches couleur de ces quatre films.
   - La collection Chaplin (10 minutes 43) : 11 extraits dont certains sont muets et d'autres parlants.  "The kid", "L'opinion publique", "La ruée vers l'or", "Le cirque", "Les lumières de la ville", "Les temps modernes", "Le Dictateur" (premier parlant),  "M. Verdoux", "Les feux de la rampe", "Un roi à New York", "La revue de Charlot" (riche de 7 extraits).
- Films 5.1 : même chose en changeant de format audio.
- Compléments : accès direct aux compléments détaillés ci-avant.

DVD 2 :

- Films (112 minutes) :4 courts-métrages muets en noir et blanc dont : "La revue de Charlot" (1959), "Une vie de chien" (1918), "Charlot soldat" (1918), "Le pèlerin" (1923).
* Accès direct aux scènes : même présentation que sur le premier disque.
* Sous-titres.
* Compléments (47 minutes 44) : 7 riches rubriques à découvrir.
   - Préface (4 minutes 50) :David Robinson parle du projet, mené à bien, de Charles Chaplin à savoir la construction de son propre studio de cinéma à la pointe de la technologie, pour être autonome.
   - Charlot soldat - scènes coupées (10 minutes 24) : quelques séquences qui auraient pu se glisser dans le court-métrage.
   - How to Make Movies (1918) (15 minutes 55): court-métrage qu'il a réalisé aux premiers jours de son studio pour en montrer la construction et les nouvelles technologies de son rêve devenu réalité. Ce film ne sera proposé au public qu'en 1959 dans "La revue de Charlot".
   - The Bond (1918) (9 minutes 39) : autre court-métrage sur les différents liens qui rapprochent les hommes (liens affectifs, amoureux, conjugaux et celui qui oeuvre pour la liberté).
   - Galerie photos (6 minutes 32) : des films et tournages mais aussi quelques clichés divers où l'on peut voir Charles Chaplin, la pelle à la main, devant le terrain sur lequel naîtra son studio.
   - Affiches : 13 photos des affiches de ces quatre films.
   - Bande-annonce (1 minute 44) : "La grande revue de Chaplin".

Une interactivité qui satisfait pleinement la curiosité que l'on peut éprouver pour ce maître du cinéma muet un tantinet fier de sa personne.