Le Film
Critique de Christophe Bonnet
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
107 min
Nb Dvd
2
L'histoire :
Les Friedman forment une famille parmi tant d'autres. Papa est professeur d'informatique et de piano et maman, mère au foyer, s'occupe des trois garçons. Très impliqués avec leur entourage, ils vivent à Great Neck, petite communauté aisée de Long Island. Un jour, un inspecteur de la poste tombe sur un colis destiné à Arnold Friedman, le père. Il s'agit d'un magazine pornographique pédophile en provenance de Hollande. Une enquête est alors menée par la brigade des moeurs. Cela aboutit, la veille de Thanksgiving 1987, à l'arrestation soudaine, devant la presse venue en nombre, d'Arnold et de son dernier fils, Jesse.
La critique :
Andrew Jarecki réalise et produit son premier documentaire. Au départ, il voulait filmer les clowns qui se déplacent à domicile pour des animations. Il a donc été amené à rencontrer David Friedman, l'un des artistes les plus connus de New-York. Andrew a compris, lors des premiers contacts, que David avait un vécu tout particulier. Ils ont parlé de l'affaire Friedman et le sujet du documentaire s'est donc déplacé sur la vie de la famille durant cette sombre histoire. A noter qu'ensuite, en 2004, Andrew Jarecki est revenu sur son idée initiale pour réaliser un documentaire intitulé "Just a clown" ...
La grande quantité de vidéos privées disponibles a également incité le réalisateur à modifier son thème. Cette famille avait une narcissique habitude de se filmer régulièrement, lors des habituels anniversaires et autres repas de famille, mais également lors de moments moins heureux. On ne peut s'empêcher de penser à la real TV, un concept actuellement en vogue. Mais la comparaison s'arrête là car il ne s'agit pas ici d'un jeu mais, au contraire, d'évènements dramatiques générés par une sordide affaire de pédophilie.
Les faits ont été traités chronologiquement, de l'interpellation médiatisée du père, Arnold Friedman, à la sortie de prison de son fils Jesse, treize ans plus tard. Les films de famille occupent une place prépondérante dans le documentaire. Ces documents filmiques sont judicieusement complétés par des images d'actualité et des interviews. Prennent donc part à cette narrration, non seulement la famille Friedman (excepté Seth) mais aussi certaines victimes (qui témoignent dans l'anonymat), les enquêteurs, les avocats, les magistrats et les journalistes d'investigation. Devant la gravité et la nature des faits, la première réaction consiste, sur la base d'une intime conviction, à juger les hommes qui sont désignés pour avoir participer à de tels actes. Mais, passée cette réaction humaine, la démarche du réalisateur s'impose d'elle-même. Andrew Jarecki a voulu montrer comment, au fur et à mesure de l'enquête et de sa médiatisation, cette famille apparemment unie, en arrive à littéralement imploser. Le film révèle bien les relations complexes instaurées, bien avant les faits, entre les différents membres du clan avec un père idéalisé et une mère qualifiée "d'attardée sexuelle"par ses fils. Au fur et à mesure du visionnage, si le jugement sur le fond reste le même, le cheminement pour y aboutir est tout autre. Face aux certitudes naissent des questions qui nous font prendre conscience à quel point les choses sont compliquées.
Andrew Jarecki démontre régulièrement tout au long de son documentaire, les failles et les faiblesses d'une enquête sous l'emprise d'une communauté, d'une opinion publique. La presse n'est pas épargnée car, en même temps que certains journalistes investiguent sérieusement, d'autres ne font qu'être le relais d'une présentation bien trop simpliste.
En conclusion :
Grâce au superbe montage des vidéos familiales et en raison de leur teneur en émotions, ce documentaire est captivant. L'optique du réalisateur visant à se plonger au coeur d'une famille pour ressentir et comprendre les agissements de la société confrontée à la pédophilie est intéressante. En revanche, en procédant ainsi, Andrew Jarecki introduit un doute pernicieux. Il met clairement en évidence les carences de la procédure avec notamment des auditions d'enfants trop orientées à charge. Il souligne les limites du "plaider coupable" et des tractations peu conformes à l'idée d'une justice sereine, surtout quand elles mettent en balance l'avenir d'un père et celui de son fils cadet. Les faits de pédophilie, s'ils ne sont bien sûr jamais niés, passent au final en arrière-plan. Priorité est donnée à une famille profondément humaine, déchirée certes, mais finalement presque attachante. La démarche novatrice du réalisateur est en quelque sorte annihilée par un surcroît d'informations maintenant connues du plus grand nombre : la pédophilie peut concerner des personnes de toutes les couches sociales, de tous les âges, des deux sexes, qui sont très souvent présentées comme intelligentes et totalement intégrées dans la société. En dehors de cette dernière réserve, Capturing the Friedmans reste un documentaire à voir.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.77:1
Etant donné la nature du programme qui fait appel à des vidéos familiales, il ne faut pas s'étonner d'une qualité d'image assez limitée. On peut dire que leur lisibilité reste acceptable. En tout cas, aucune image ou aucun plan n'engendre le doute. Les interviews, quant à elles, offrent une restitution plus conforme avec le support DVD.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Anglais
2.0
Un unique format audio disponible, le Dolby Digital 2.0. Le résultat est satisfaisant dans la mesure où l'enregistrement original est de piètre qualité. Essentiellement vocales, les informations sonores restent audibles, c'est bien là l'essentiel.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
127 min
Boitier
Amaray
Pour chaque DVD un premier écran offre le choix de la langue du menu principal (Français ou Anglais). Celui-ci bénéficie de quelques animations et d'un fond sonore, le tout avec un habillage "amateur" qui souligne judicieusement la nature privée des documents vidéo.
DVD 1
Le film : lancement du programme principal.
Chapitres : les séquences sont repérées par le biais de petites vignettes fixes numérotées. La musique donne un peu de vie à cette section dont on regrettera le manque de lisibilité.
DVD 2 (VOST)
Le débat
* Altercation à l'avant - première de New-York (9min28) : après de nombreuses années, on constate avec ce vif échange verbal que les journalistes, les enquêteurs et les membres de la famille Friedman restent en profond désaccord sur le fond de l'histoire. Manifestement, les rancoeurs perdureront, ce documentaire ne fait qu'un constat de cette réalité, il n'est pas à l'origine de ces désaccords.
* Avant-première de Gtreat Neck (6min24) : là encore, un mini-débat oppose le juge et le réalisateur, à qui elle reproche de ne pas avoir assez insisté sur les aveux d'Arnold. Mais Andrew Jarecki met le doigt sous l'aspect discutable de cette phase de la procédure. Au final, on a bien le sentiment que tout le monde à raison ... et tort à la fois.
* Réponses aux questions fréquemment posées : les questions sont intéressantes et légitimes mais les réponses restent trop succinctes et superficielles. La réponse sur l'absence de Seth en est un bel exemple.
- Comment ce film est-il né ? (1min51)
- D'où venaient les jeux vidéo ? (52 sec)
- Ajourd'hui quelle est la relation entre les membres de la famille ? (2min08)
- Pourquoi les Friedman se sont-ils filmés pendant cette épreuve ? (57 sec)
- Pourquoi Seth Friedman n'a-t-il pas participé au film ? (29 sec)
- Comment a été la vie de Jesse en prison ? (56 sec)
* Entretien entre Charlie Rose et Andrew Jarecki (19min26) : passage tiré d'un célèbre talk-show américain. Les questions sont assez conventionnelles mais lorsque le journaliste interroge le réalisateur sur ses convictions, il n'obtient pas de réponse mais une esquive. Plus tard, Charlie Rose revient sur ce point et Andrew Jarecki émet des doutes sur la culpabilité de Jesse avant d'admettre avoir une certaine amitié pour cette famille.
Films de famille inédits
* Repas de famille (2min14)
* La grand-mère (34 sec)
* La dernière nuit de Jesse (3min25)
Le dernier extrait est très représentatif de l'insouciance de Jesse, persuadé de ne faire que six ans de prison alors qu'il sera condamné à treize années d'emprisonnement. On note également chez lui une petite pointe de provocation qui a probablement dû le desservir.
L'affaire
* L'enquête (8min30) : ce passage met en évidence des éléments contradictoires quant au professionnalisme et à l'impartialité des enquêteurs.
* Les autres suspects (7min26) : on évoque ici l'attitude d'un jeune voisin, Ross Goldstein, soupçonné par la Police qui privilégiait la thèse du réseau. Sa défense a consisté à accuser ses amis moyennant quoi il a écopé de seulement 6 mois de prison. Son refus d' être interviewé laisse le doute planer ...
* Great Neck sous le choc (4min02) : présentation des réactions de la communauté avec des membres particulièrement actifs (réunions, intimidations, menaces téléphoniques ...). La Police admet à demi-mots ces excès dont certains visaient à éliminer physiquement les auteurs des faits, l'antisémitisme se mêlant à la haine. Une séquence éloquente sur l'absence de liberté de penser dès lors que l'on vit au sein d'un groupe.
* Le principal témoin de l'accusation (3min40) : la description précise des faits par ce témoin est effroyable. La facilité avec laquelle il s'exprime est inversement proportionnelle avec la gravité et l'horreur des faits évoqués. Il semble éprouver davantage de ressentiments envers Jesse.
La famille
* Arnold (6min22)
* Elaine (7min44)
* Jesse (16min35)
* David (20min20)
* Seth : non filmé
Une section avec des portraits plus complets, notamment en ce qui concerne le présent de chaque personne. La présentation d'Arnold reste fidèle à celle du documentaire mais ses dernières lettres démontrent parfaitement que cet homme n'a pas été pris en charge psychologiquement et reste, des années après les faits, persuadé qu'il a "séduit" les enfants. Les interventions de Jesse sont passionnantes, il analyse sincèrement la situation avec le recul et explique comment il arrive à revivre. Quant à David, sa passion pour son métier le caractérise, son ambition lui permet d'avancer. Les témoignages de ses conquêtes, quant à leurs ébats sexuels, sont étonnamment insérés dans son portrait. L'ensemble mérite le détour.
La musique du film (7min26) : quelques images de la session d'enregistrement de la BO dans une église à Rome. Le compositeur, Andrea Morricone, nous apprend que son travail vise à soutenir la trame émotionnelle du documentaire : quelle révélation ! Donc une séquence qui ne laisse pas de souvenir impérissable, un peu comme la musique d'ailleurs ...
Bande-annonce (1min43)
L'interactivité de ce DVD permet d'appréhender les faits et des hommes avec davantage d'éléments par rapport au film. C'est un plus mais on peut regretter que cette démarche reste incomplète. Les faits ne sont pas situés par rapport à la société américaine : on ne sait pas comment les autres affaires de ce type ont été traitées. Le rôle des communautés, la religion dont il n'est pas fait mention, l'avis des psychiatres, sont autant d'éléments que l'on aurait aimé retrouver dans les suppléments. Mais, dans l'ensemble, vous ne perdrez pas votre temps à visualiser ce DVD de bonus.
Bonus

Livret

Bande annonce

Biographies

Making of

Documentaire

Interviews
Com. audio

Scènes sup

Fin alternative

Galerie de photos

Story board

Multi-angle

Liens internet

Interface Rom

Jeux intéractifs

Filmographies

Clips vidéo

Bêtisier

Bonus Cachés

Court Metrage