L'histoire :
Désireux de battre son rival Tan Fu (Chen Kuan Tai) au concours annuel de la plus belle lanterne, Lung (Lau Wing) offre à un mystérieux artisan, Chao (Lo Lieh), une somme d'argent conséquente pour qu'il lui confectionne une lanterne qui l'assurera de gagner. Sauf que Chao a été humilié et blessé par Lung des années auparavant au cours d'une joute martiale. Sa vengeance sanglante et machiavélique peut commencer...
Critique artistique :
Human lanterns est un film d’horreur en costume où
Lo Lieh, acteur à la filmographie longue comme le bras (157 films en tant qu’acteur et 9 réalisations) tient un rôle principal particulièrement fort puisqu’il incarne un créateur de lanterne un brin fêlé et sanguinaire, un intriguant très inquiétant.
Lo Lieh (1939-2002) laisse une empreinte pratiquement aussi importante que celle de
David Chiang (
Vengeance (1968),
Le nouveau sabreur manchot (1971)), de
Ti Lung (
Vengeance, 1968),
Jimmy Wang-yu (les deux premiers volets de la
trilogie du sabreur manchot puis
Le boxeur manchot (1971)) ou
Chen Kuan Tai. Lo Lieh a incarné plusieurs fois des personnages de méchants comme dans Human Lanterns tout en jouant les gentils aux côtés de
Cheng Pei Pei par exemple dans
Le retour de l’hirondelle d’or (1968).
Acteur que l’on a tendance à s’imaginer en retrait par rapport aux grosses stars de la Shaw Brothers, Lo lieh a laissé quelques films mémorables comme La main de fer (1972), illustration du Kung Fu pian qui met à l’honneur les films de combats aux poings au lieu des films de sabre. La main de fer a suffisamment marqué toute une génération et un certain
Quentin Tarantino pour qu’il envisage de demander à Lo Lieh de rejouer le personnage du moine Pai Mei qu’il interprétait dans
Les exécuteurs de Shaolin (1977) dans
Kill Bill volume 2 (2004). Malheureusement pour la légende Lo Lieh est décédé en 2002 ce qui a sans doute poussé le réalisateur américain à faire tourner
Gordon Liu qui interprétait le personnage Tung Tien Chin dans
Les exécuteurs de Shaolin (1977) aux côtés de Lo Lieh.
Dans Human lanterns on retrouve un mélange de plusieurs influences de l’histoire du cinéma d’arts martiaux Hongkongais. Les combats de sabres sont amplifiés par les déplacements aériens des combattants portés par des câbles, on retrouve des ambiances inquiétantes et presque fantastiques quand on découvre le projet morbide de l’artisan Chao (Lo Lieh). La compétition entre les deux rivaux Tan Fu (
Chen Kuan Tai) et Lung (Lau Wing) rajoute un niveau d’intrigue supplémentaire qui permet d’en faire un film dont les combats ne sont pas le seul intérêt. On se situe en quelque sorte dans un genre qui est très proche de celui du
Silence des agneaux (1991) ou de Seven (1995) où l’histoire tire également parti d’une intrigue policière tout en se situant dans la tradition des films d’arts martiaux produits par la Shaw Brothers. Cette curiosité de la période de déclin de la Shaw Brothers, durant laquelle le gore était en vogue est d’autant plus intéressante que Sun Chung, le réalisateur aimait les scènes gores qu’il tenait à diriger personnellement en poussant les acteurs très loin. Il a d’ailleurs renforcé l’ambiance malsaine de ces scènes cruelles en leur rajoutant une dimension érotique ce qui laisse penser que Human lanterns n’est pas très loin des films classés dans la catégorie III.
Comme souvent dans le cas des films qui explorent des univers étranges et inquiétant, il peut-être difficile de classer Human lanterns clairement dans le genre du film fantastique ou du film d’horreur en particulier parce que les scènes durant lesquelles Chao (Lo Lieh) prélèvent des peaux humaines relèvent plutôt de l’horreur et les scènes où il apparaît presque métamorphosé en une sorte de sasquatch virevoltant semble tout droit sortie d’un film fantastique. Il s’agit dans tout les cas d’un de ces films qui jouent dans plusieurs catégories et avec bonheur. On passe ainsi d’ambiances très contrastées en particulier grâce à des décors et des ambiances très élaborées comme celle de l’atelier et de la grotte de l’artisan incarné par Lo Lieh. L’intérieur de la grotte est très organique et semble immaculé de sang ce qui contraste fortement avec les intérieurs plus bourgeois des deux rivaux. Il faut de plus saluer la très bonne interprétation de Lo Lieh qui achève de conférer à son personnage une dimension presque démoniaque.
L’histoire semble aussi prodiguer une forme de morale qui vise à faire prendre conscience au personnage Lung (Lau Wing) de ce qui est important dans sa vie. Au début de l’histoire son arrogance est frappante mais les évènements vont l’emmener à accorder plus d’attention à l’essentiel.
Verdict :
Avec Human lanterns, CTV nous laisse entrevoir de quoi était fait la période de déclin de la Shaw Brothers au début des années 80 tout en nous proposant un film hybride plutôt réussit bien qu’un peu kitsh par ce tains aspects. On remarque surtout la prestation étonnante et déjantée de Lo Lieh que l’on avait déjà vu dans des rôles de méchants ou de gentils plus conventionnels.
Bonus :
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Interview de Shaw Yin-yin(13 mn 58) :
Elle parle entre autres choses de Human Lanterns qui s’apparente selon elle à un film d’horreur sadique très gore et d’un réalisme terrifiant. Elle avoue aujourd’hui qu’elle trouve que Sun Chung, le réalisateur qui aimait les scènes gores était dérangé et sadique. Il imposait aux chorégraphes de suivre ses indications afin d’obtenir des scènes gore et allait jusqu’à filmer les acteurs battus à mort pour plus de réalisme alors que Chang Cheh par exemple dont on connaît le goût pour les scènes violentes et sanglantes, déléguait les scènes violentes aux chorégraphes. Ce bonus est plus intéressant que d’habitude sur les éditions du catalogue de la Shaw Brothers car Shaw Yin-yin ne parle pas la langue de bois. Elle parle autant de sa vie en tant qu’actrice, ses différentes carrières (cinéma, TV, musique) qui l’ont conduit à vivre dans différents pays (Hong-Kong, Singapour, Malaisie, Etats-Unis). Elle cite égalent de Women’s Private Part, un documentaire de Barbara Wong sur les femmes artistes de différentes générations qu’il serait certainement bienvenue de voir éditer en DVD.
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Bande-annonce d’époque (1mn 28) :
En version originale non restaurée
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Nouvelle bande-annonce (57 sec) :
Nouvelle version à l’image restaurée très belle
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Collection Shaw Brothers :
Intimate confessions of a chinese courtisan,
Vengeance,
Shaolin temple,
Super Inframan, Buddha’s Palm, Les 13 fils du dragon d’or, Le colosse de Hong-Kong, Les 12 médaillons d’or, Death Duel, The Bastard, Le sabreur Solitaire.
- Chapitrage en 16 parties.
MenusL’interface est toujours soignée sur les éditions en DVD du catalogue de la Shaw Brothers ce qui est cohérent et heureux quand on voit la qualité du travail de restauration opérée par Celestial Pictures. Il aurait été de fort mauvais goût de présenter un tel travail de manière bâclé. Le fond du premier menu est animé avec des extraits du film et les sous-menus sont statiques mais accompagnés d’un fond musical.