L’histoire :
Incarcéré pour plusieurs années, le criminel Dural « Jimmy » Conway s’évade de prison et revient dans la petite bourgade de Red Hill, bien décidé à se venger de ceux qui l’ont mis derrière les barreaux.
Critique subjective :
Parrainé par Greg McLean (Wolf Creek, Eaux troubles), l’Australien Patrick Hughes signe son premier long-métrage avec Red Hill, une œuvre dont il assure la mise en scène mais aussi l’écriture, la production et le montage.
Red Hill est d’abord et avant tout un western. Féru du genre, Hughes en reprend les codes narratifs (une bonne vieille histoire de vengeance), visuels (décors naturels grandioses, petite bourgade isolée, chevauchées, fusillades, etc.) et formels (scope au cordeau, bande originale old school). Simple, carré (la mise en place est exemplaire), le film fait preuve d’un classicisme élégant. La composition des plans évoque même parfois le cinéma de John Carpenter, grand amateur de westerns lui aussi. Davantage dans l’appropriation que dans l’hommage (une qualité rare), Patrick Hughes livre un métrage pur, direct et taiseux.
S’il paie son tribut au western, Red Hill possède aussi une subtile teneur fantastique. Ange exterminateur iconique, spectre vengeur que les balles ne semblent pouvoir atteindre, Jimmy Conway, mutique et défiguré, apparaît en effet comme un personnage à la lisière du cinéma d’horreur, presque un croquemitaine de slasher, un genre auquel le métrage emprunte d’ailleurs certains mécanismes narratifs (l’enchaînement des morts notamment). Exercice périlleux au possible, le mélange des genres (beaucoup de western, un soupçon d’épouvante) est ici parfaitement maîtrisé.
Déjà fort réussi en l’état, Red Hill acquiert une toute autre dimension une fois les motivations du « bad guy » dévoilées (flashbacks émouvants). Libérant une puissante charge symbolique, le métrage joue alors une partition douloureuse où l’histoire récente et fictive de la ville de Red Hill fait écho à celle, plus ancienne et malheureusement réelle, de tout un pays, l’Australie. Conway l’aborigène (excellent Tom E. Lewis) apparaît lui comme l’étendard de toute une civilisation et personnifie la résurgence d’un passé peu glorieux (le sort réservé aux aborigènes par les colons britanniques). Son faciès brûlé est le visage honteux et difforme de l’histoire australienne. Quant au mannequin de plastique qui trône dans la vitrine de l’office de tourisme de Red Hill, il figure le mépris persistant à l’égard d’une culture ancestrale, relayée au rang de simple attraction folklorique. En regardant le passé de son pays droit dans les yeux, Patrick Hughes confère une profondeur saisissante à son œuvre. Remarquable.
Verdict :
Coup d’essai, coup de maître. Red Hill est une pépite à découvrir toutes affaires cessantes.
Des pistes audio de très bonne qualité. Le Dolby Digital 5.1, tonique et enveloppant, offre un dosage parfait entre les dialogues, les effets sonores et la musique. Pointu, il procure une belle sensation d’immersion tout au long du visionnage. On préfèrera de loin la version originale, mieux mixée que son homologue française, laquelle a l’autre inconvénient de proposer des doublages médiocres tirant le film vers le bas. Des imperfections également présentes sur la seule piste DTS, ce format sonore étant malheureusement réservé à la VF.
- Making of (11 minutes) : Patrick Hughes revient sur la genèse du film, ses influences, ses ambitions et les conditions de tournage (seulement quatre semaines pour un tel résultat, un sacré tour de force). Un supplément concis et éclairant.
- Bande annonce (2 minutes).