Le cirque du soleil

Il y a des programmes que l’on regarde avec méfiance, pour le sujet, pour le traitement, etc… « Le Cirque du Soleil : Sans Filet », est de ceux là. D’abord parce que retranscrire l’ambiance d’un tel spectacle en DVD, relève plus de l’utopie que de la réalité, ensuite parce que l’on s’aperçoit sur la jaquette qu’il s’agit en fait du chemin d’artistes soucieux de vouloir faire partie de l’aventure. Et à une époque où l’on ne parle que de Star Academy et autres Popstars, on sent une très grande inquiétude poindre.

Et bien nous sommes littéralement bluffé. C’est à un grand moment que nous assistons. Diffusé en 2002, au Canada, « Sans Filet » est une série de 13 épisodes, qui raconte l’histoire de plusieurs artistes, qui intègrent la troupe du « Cirque du Soleil ». Le réalisateur Lewis Cohen, nous propose de suivre toutes les étapes qui les amèneront (ou pas) à la naissance du nouveau spectacle. Ici point d’élimination à chaque épisode, point de numéro de téléphone à composer, simplement la rencontre intime entre des artistes préparant un spectacle (avec tout ce que cela implique de souffrances, de bonheurs et de sacrifices), et des spectateurs habitués d’un spectacle parfait aux paillettes enchanteresses. Crée par Guy Laliberté, « le cirque du soleil », entraîne ses spectateurs dans des spectacles ahurissants, où se mêlent la magie du cirque et la beauté d’un spectacle musical. Chacun des artistes qui souhaite faire partie de la troupe se doit d’être techniquement parfait, travailleur et surtout imaginatif. Chacun des acrobates présents à l’écran en fait l’expérience. Que soit le duo Gareth et Ashley dont les perfomances limitées provoquent l’inquiétude des chorégraphes, mais qui nous offrent les plus beaux moments de tendresse de ce programme, ou encore les jumeaux Kevin et Andrew techniquement parfait mais surtout très ambitieux, et qui se verront confronter à la réalité d’une telle entreprise. Ils devront chacun faire des choix, accepter des échecs, profiter de leurs victoires, faire preuve d’humilité, face à un metteur en scène constamment dépendant du PDG du cirque.

Loin de toutes techniques racoleuses « Sans Filet » nous entraîne au cœur d’un projet où seul les plus forts gagneront. Et ce qui est certainement le plus saisissant dans ce programme, où tous les artistes donnent le meilleur d’eux même, souffrent au plus profond de leur chair, aspirent en leur âme à faire partie de cette aventure, c’est que leur avenir reste accroché à la décision d’un seul homme Guy Laliberté, le créateur du cirque du soleil. La seule annonce de sa venue suscite la plus grande tension au sein des répétitions. Un regard, une grimace et un numéro s’éteint. Un geste un sourire et un autre s’allume.

Le réalisateur, fait le choix intelligent de ne pas juger, que ce soit les artistes (parfois un peu trop ambitieux ou un peu trop capricieux) ou que ce soit les dirigeants de ce show unique au monde. Il nous entraîne au fil de son documentaire à travers les méandres de la vie d’acrobates, d’hommes et de femmes qui partagent un rêve commun celui d’aboutir à un spectacle. Et le résultat est là : on enchaîne les épisodes avec une frénésie surprenante, on veut savoir, on veut comprendre. Partager le rêve de ces artistes c’est retrouver ses rêves d’enfants. C’est aussi comprendre que derrière la beauté et la grâce d’une contorsionniste, il y a des années de travail, derrière un numéro de voltige, il y a des heures de souffrances.

On assiste alors à la création d’un puzzle dont seul Dominic Champagne, le metteur en scène connait la place des morceaux. Et c’est avec un grand soulagement que l’on assiste à l’union de ces morceaux de puzzle qui font naître devant nous un spectacle magnifique dont on ne voit malheureusement que des bouts.

Plus qu’un simple reportage sur l’univers du « Cirque du soleil », c’est une plongée intense dans un monde de rêves, de prouesses, de sueur et de dépassement de soi. Un monde où chacun est face à ses limites, où les corps se frôlent dans une superbe danse. Un monde où le cirque s’unit à la danse pour donner la plus fabuleuse des représentations. Et les efforts de Stella et Raquel pour faire vivre leur numéro, les doutes intérieurs de Gareth sur ses ambitions, le bonheur rayonnant dans les yeux d’Oleg quand il découvre son nouvel univers, et cette flamme que l’on retrouve dans chacun des artistes de ce spectacle, font de « Sans Filet » un programme exaltant de fascination et de plaisir.

En conclusion une très grande réussite que ce « Sans Filet ». Pour preuve, à la fin du dernier épisode, on se jette frénétiquement sur internet pour connaître les dates de passage du « Cirque du Soleil ».

Parfois instable, l’image joue beaucoup entre les négatifs et les lumières naturelles. Oscillant entre les extraits du spectacle, les scènes de répétitions et les moments de vies privées. L’image reste malgré tout de bonne qualité.

Uniquement en VO, le son est d’une grande qualité. Le contraste est particulièrement saisissant entre les scènes de répétitions et les extraits de spectacle. Et même si parfois la musique d’accompagnement est un peu forte, les ambiances et les contrastes sont parfaitement respectés.

Les bonus sont à l’image de la qualité du programme. Tout d’abord une première bonne idée qui consiste, quelques mois après la dernière du spectacle, à réunir les protagonistes de ce programme. Et c’est à un flot immense de tendresse et de nostalgie auquel on assiste. Chacun heureux, et ça se voit, de se revoir , pour pouvoir partager avec plus de recul l’exaltation, mais aussi la fatigue et l’ennuie que provoque une telle tournée. Gareth le jeune acrobate, restant la grande vedette de cette réunion, qui comme il le fut pendant la série, garde son statut de personnage le plus attendrissant de ce programme. Ses mots raisonnent comme un miroir face à la réalité de sa vie et de celle d’un acrobate. Ses espoirs nous émeuvent et il sera certainement à l’origine de nombreuses vocations. Puis une série de questions sont posés à chacun d’entre eux sur leur avenir. Puis les bandes annonces d’abord du spectacle « Varekei », puis de l’ensemble des DVd du « Cirque du Soleil ».