L’histoire :
Persée, fils de Zeus et de la mortelle Danaé, s'éprend de la princesse Andromède. Mais leur amour est contrarié par une malédiction que fait peser sur elle son ancien prétendant, Calibos, rendu laid et difforme par Zeus. Tous ceux qui voudront épouser Andromède devront d'abord, sous peine de mort, être capables de répondre à une énigme élaborée par Calibos : jusqu'ici, personne n'a su relever ce défi morbide...
Retour carrière :
Le choc des titans est le dernier film de Ray Harryhausen, ce génial artisan du cinéma fantastique à qui l’on doit notamment la mythique bataille des squelettes dans
Jason et les Argonautes.
Le choc des titans fait figure d’apothéose à une carrière prolifique en monstres en tout genre, avec dans le désordre : cyclopes, aigles et chiens à deux têtes, insectes et crustacés géants, dinosaures, minotaures, centaures, soucoupes volantes, extraterrestres… Ray Harryhausen est l’homme qui a imaginé (on va faire comme si c’était vraiment lui), conçu et fabriqué toutes ces créatures chimériques, ancrées dans l’inconscient collectif et rentrées depuis dans l’histoire du cinéma.
Lorsqu’à 13 ans, le jeune Harryhausen découvre
King Kong pour la première fois, c’est une révélation. C’est le point de départ d’un parcours cinématographique qui débutera en 1949 avec
Mighty Joe young (aka «
Monsieur Joe »). C’est pour ce film qu’il est alors engagé par son mentor Willis O’Brian en tant qu’assistant, l’occasion rêvée pour le débutant de rencontrer ses maîtres Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper, créateurs et réalisateurs désormais célèbres de
King Kong et de son ersatz d’alors
Mighty Joe young. C’est ce qui s’appelle entrer dans le cinéma par la grande porte !
La carrière de Ray Haryhausen semble partie sur de bons rails. En 1951, on lui confie la tâche de créer les effets spéciaux sur
Le monstre des temps perdus, auquel succéderont des films devenus des classiques du genre. Le plus connu,
Jason et les Argonautes (1963) qui s’inspirait déjà de la mythologie grecque autour de la quête de la toison d’or ; plus méconnu celui-là,
The Valley of Gwangi (1969) où l’on trouve des cow-boys aux prises avec des dinosaures, à voir comme un hommage décentré à
King Kong ; sans oublier la trilogie des
Sinbad (1958, 1974, 1977), mélange d’aventures à la
Indiana Jones et des
Contes des mille et une nuits avec la « Harryhausen touch » en plus ; et enfin le film somme
Le choc des titans, plus gros budget de l’année 1981 et succès du box office.
Le canevas mythologique :
Le choc des titans s’inspire dans les grandes largeurs du mythe de Persée. Ce dernier est un jeune éphèbe, fils de Zeus et de la mortelle Danaé, filiation lui conférant le statut de demi-dieu tout comme Hercule ou Ulysse.
Du mythe originel, le scénario ne s’attache à en reprendre que les grandes lignes tout en y injectant des personnages issus de contes non mythologiques (le personnage de Calibos notamment). Il s’agit basiquement pour Persée de sauver la princesse Andromède du sacrifice fait au terrible monstre marin Kraken. Pour cela, il lui faudra passer plusieurs épreuves. Principalement, capturer Pégase ; vaincre la Méduse, une gorgone qui change en pierre quiconque aurait la mauvaise idée de la regarder un peu trop fixement ; et enfin trouver le point faible du Kraken, le vaincre et ainsi sauver Andromède du cruel sacrifice. Plus secondairement, il faudra également à Persée combattre des scorpions géants ; affronter Dioskilos, terrible chien à deux têtes ; se risquer dans l’antre de Calibos afin de lui reprendre la tête décapitée de la Méduse…
Critique subjective :
Si les plus jeunes trouveront à redire sur les effets spéciaux en les trouvant bien trop kitschounets, et bien qu’ils auraient peut-être raison ;
il faut reconnaître à Ray Harryhausen la qualité du travail accompli. L’un des derniers maîtres artisans du cinéma, dont l’humilité va de pair avec son souci constant de bien faire, signe ici son film le plus abouti sur le plan des effets spéciaux. Pour comparer avec les animations des squelettes dans
Jason et les Argonautes, c’est le jour et la nuit. Les squelettes ont pris un sérieux coup de vieux, et ça n’est qu’un jeu de mot bidon que de le dire. Dans
Le choc des titans, la scène inoubliable de la Méduse est frappante de fluidité, on y croit d’emblée, après tout dépend du pouvoir d’émerveillement de chacun.
Les films dans lesquels a œuvré Ray Harryhausen sont reconnaissables entre milles. C’est une des raisons, peut-être injuste d’ailleurs, qui explique pourquoi on ne retient jamais le nom de leurs réalisateurs. L’histoire aurait tendance à se répéter avec Desmond Davis. Sa réalisation est pourtant réussie. En se mettant au service des effets spéciaux avec une certaine déférence, Desmond Davis s’accorde avec Ray Harryhausen sur la notion du travail bien fait. Par la suite, le réalisateur anglais travaillera, on a envie de dire hélas, pour la télévision. A contrario, la partition de Laurence Rosenthal ne se contente pas seulement d’être illustrative. Sa composition joue en faveur de l’histoire, elle fait office de valeur ajouté si l’on peut dire. Selon Ray Harryhausen, c’est même plus que ça : «
elle vaut pour 50% dans la réussite du film ». Toujours humble ce Ray que je vous dis ! Par la suite, le compositeur américain travaillera, hélas, pour la télévision.
Le casting n’est pas en reste.
Laurence Olivier interprète un Zeus plus vrai que nature. Au rayon des déesses, on compte la belle Aphrodite prenant les traits et la ligne d’Ursulla Andress, Thétis quant à elle est jouée par Maggie Smith (Minerva McGonagall dans les
Harry Potter pour les fans hardcore), alors qu’Hera est ici incarnée par Claire Bloom (elle n’a pas joué dans
Harry Potter).
La seule fausse note dans ce concert de louanges vient d’Harry Hamlin (célèbre Michael Kuzak dans
La loi de Los Angeles), choisi pour interpréter Persée. Dire que l’acteur ne crève pas l’écran dans le rôle de Persée serait trop facile, pour sa décharge disons seulement que ce rôle lui aura au moins permis de percer et de se faire enfin un nom, d’autant que par la suite l’acteur américain travaillera où vous savez…
Verdict :
Sans être le meilleur film de Ray Harryhausen,
Le choc des titans reste encore aujourd’hui un merveilleux conte populaire gravé sur pellicule et dans les mémoires collectives. A revoir une énième fois et à découvrir pour les autres.