Zidane, un portrait du 21 ème siècle

Genre
Pays
France (2006)
Date de sortie
lundi 4 décembre 2006
Durée
90 Min
Producteurs
Sigurjon Sighvatsson, Victorien Vaney, Anna Lena Vaney
Compositeur
Mogwaï
Format
Dvd 9
Site Internet
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
90 min
Nb Dvd
1


L'histoire :

Le film consiste en un portrait spectaculaire, magique, en action et en temps réel, de Zinédine Zidane donnant au spectateur le sentiment d’être placé sur le terrain aux côtés du joueur. Cette expérience jamais menée auparavant, mobilise 17 caméras synchronisées, placées tout autour du stade et toutes focalisées sur Zidane, à l’occasion d’un match au stade Santiago Bernabeu de Madrid, opposant le Real Madrid au Villarreal. Un projet unique qui associe des talents de réputation mondiale comme le directeur de la photograhie Darius Khondji (Seven, The interpreter), le mixeur Tom Johnson (King Kong, Charlie et la chocolaterie) ou encore le monteur Hervé Schneid (Amélie Poulain, Alien-Résurection).

Critique artistique :

Quand l’artiste anglais Douglas Gordon et l’artiste français Philippe Parreno, décident de s’intéresser à une icône du football, on peut s’attendre à beaucoup de choses et en particulier à un portrait filmé de Zinédine Zidane réalisé à l’aide de 17 caméras synchronisées (15 en 35 mm pour la projection scope et 2 caméras spéciales en Haute Définition), placées tout autour du stade et toutes focalisées sur le footballeur, à l’occasion d’un match (le 23 avril 2005)  au stade Santiago Bernabeu de Madrid, opposant le Real Madrid au Villarreal. Le projet reste cohérent pour les deux artistes qui ont émergé au début des années 90 avec des problématiques très souvent liées au cinéma et à la vidéo. En effet Douglas Gordon, artiste vidéaste à ses débuts a signé notamment 24 Hour Psycho (1993), une projection sur grand écran placé au milieu d’une salle, de Psychose de Alfred Hitchcock ralenti jusqu’à duré 24 heures. Il a par ailleurs reçu deux prix très importants du monde de l’art : le Turner Price et le prix Hugo Boss qui avaient été attribués pour la première fois au sculpteur américain Matthew Barney. De son côté Philippe Parreno a co-réalisé Le Pont du trieur (1999), un film documentaire et participé au projet vidéo Ann Lee, personnage en 3D animés successivement par différents artistes (Philippe Parreno - Pierre Huyghe - Dominique Gonzales Foerster) pour produire une séquence animée intitulée Anywhere out of the World (2000).

Le portrait d’un footballeur exceptionnel repose sur un dispositif exceptionnel mobilisant lui-même une Dream-team technique composée de quelques professionnels de l’image parmi les plus éminents. On compte Darius Khondji, le directeur de la photographie auquel on doit la photographie de quelques très beaux films (Delicatessen (1991), La Cité des enfants perdus (1995), Seven (1996), Alien, la résurrection (1997) et très prochainement, My Blueberry Nights (2007), le prochain film de Wong Kar-wai), le montage a été réalisé par Hervé Schneid, monteur fidèle sur différents films de Jean-pierre Jeunet (Alien résurrection (1997), Le fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001), Un long Dimanche de fiançailles(2004)) et l'atmosphère sonore a été supervisée par Tom Johnson, lauréat d'un Oscar pour Titanic (1997), entouré de Randy Thom (Les Indestructibles(2004)). Les réalisateurs sont des artistes contemporains réputés internationalement et ont par conséquent souhaité préparer cette équipe de telle sorte qu’elle puisse produire des images qui dépassent le registre de l’image du documentaire et du cinéma. A cet effet, une visite particulière et privée du musée du Prado (grand musé espagnol situé à Madrid où se trouve la plus importante collection de la peinture espagnole du monde) a été organisée afin que l’équipe technique puisse s’imprégner d’un ensemble de références de l’histoire de l’art. Leur attention s’est portée sur les peintures noires de Goya avec la volonté de donner l’impression qu’en dépit d’un tournage en temps réel, le spectateur ne serait pas en train de suivre un événement mais de l’inventer.

A l’occasion d’une réunion informelle organisée par Olafur Eliasson (artiste islandais) et Hans Ulrich Obrist (curator) à Eidar en Islande, le producteur Sigurjon Sighvatsson et les deux artistes qui travaillaient déjà sur un projet d’un film sans narration avec l’objectif d’en faire une installation, décidèrent de réaliser un long-métrage projeté en salles. Le format du long-métrage s’est imposé d’abord sous la forme d’un tournage effectué avec autant de caméras qu’il y a de spectateur soit près de 80 000 caméras. Face à l’énormité d’un tel dispositif logistique, l’équipe s’est rabattue vers le projet que nous connaissons. Le tournage a duré le temps du match mais le montage a duré neuf mois à cause de la masse des rushs à visionner et sélectionner. A propos de cette multitude de points de vue Philippe Parreno évoque Pier Paolo Pasolini qui expliquait que la meilleure façon d’enregistrer du réel est de multiplier à l’infini les points de vue subjectifs autour de l’événement. C’est la raison pour laquelle ils ont cherché à filmer Zidane à 360 degrés autour du stade tout en se rapprochant le plus possible de lui afin d’en faire des gros plans à l’aide des deux caméras HD et de leur puissants zooms construits par Panavision pour l’armée américaine. Le résultat est assez inhabituel et Zidane a été ému la première fois qu’il a vu le film en déclarant : ”Quand je me vois, je vois mon frère”. Il ne s’agit pas d’un film où évolue un acteur mais d’un portrait ce qui met mal à l’aise même les plus grands acteurs surtout quand son image est confrontée à celle de l’actualité internationale.

Même si ce film ne constitue pas la première apparition de Zinedine Zidane au cinéma puisqu’on l’avait déjà vu brièvement dans Goal ! : naissance d'un prodige en (2005) (prochainement dans Astérix aux jeux olympiques (2008)), le footballeur a simplement joué son match comme à l’habitude. En dépit d’une victoire des madrilènes par le score de 2 buts à 1, Zinedine Zidane n'a marqué aucun des deux buts inscrits par ses co-équipiers Ronaldo (à qui il fait pourtant une passe décisive) et Michel Salgado. Comme l’explique Zinédine Zidane dans les bonus il aurait souhaité vivre un match beaucoup plus glorieux durant lequel il aurait pu marquer des buts mais le jeu est par essence imprévisible.  Non seulement Zidane n’a pas inscrit de but mais il a été exclut prématurément du jeu par carton rouge. Cette issue lui fait dire que finalement il y a eut de tout dans ce match ce qui a peut-être profiter au film en lui donnant une dynamique plus dramatique voire tragique. Il est d’ailleurs étrange de constater que sa sortie de ce match espagnol ressemble à celle plus dramatique lors de son dernier match en finale de coupe du monde 2006, probablement plus lourde de conséquence bien qu’il soit hasardeux de penser que cet épisode ait pu à lui seul signer la défaite de la France face aux italiens.

Si Douglas Gordon affirme que le silence du portrait est très important, il est de manière paradoxale et complémentaire assez surprenant d’écouter le bruit qui cerne le carré vert où les footballeurs évoluent. Sur le carré vert, une scène baignée de lumières et cernée de cris d’une foule galvanisée, parfois amie, souvent féroce, un théâtre des opérations met en scène un homme que l’on voit courir, appeler, cracher, jurer, provoquer, parfois rire, souvent à l’affût le plus près et le plus longtemps possible du but adverse. Zinédine Zidane confie que quand tout se déroule bien il lui arrive de ne pas faire attention à la foule, de ne plus l’entendre ce qui révèle le niveau d’attention que consacre le joueur à son sport dans l’action. En revanche, il dit parvenir à entendre des sons aussi singulier d’un bruit de chaise, une discussion entre deux spectateurs, des bruits faibles par rapport au vacarme ahurissant entretenu par la foule du stade quand la situation du jeu se dégrade. Ce que Zidane, un portrait du 21ème siècle nous apprend concerne la psychologie du joueur en phase de jeu que des sous-titres citant des paroles de Zidane viennent appuyer. Au commencement, un type s’amuse avec un ballon, bientôt d’autres veulent savoir ce qu’il se passe dans sa tête et se mettent à échafauder des théories. Certains comme Douglas Gordon pensent qu’il s’économise, d’autres encouragent le joueur en portant son maillot tandis que ceux qui lèvent la tête pour le voir évoluer sur un écran de cinéma regardent et peut-être savent quel œil les fascine.

Verdict :

Zidane, un portrait du 21ème siècle est un portrait filmé de Zinédine Zidane qui restera sans doute unique tant la démarche et le dispositif mis en jeu sont originaux. Il est probable que cette édition DVD s’adresse principalement aux fans de Zinédine Zidane et des productions cinématographiques qui sortent des sentiers battus. Cependant, vous pourriez être surpris de découvrir cette oeuvre qui peut être autant hypnotique que fascinante en particulier à cause de l’atmosphère sonore impressionnante qui règne dans un stade lors d’un match. Certains films sont fait pour le petit écran, celui-ci est à voir sur grand écran autant que possible.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
2.35:1

Le master est impeccable ce qui semble normal comte tenu de l’équipe technique exceptionnelle associées au tournage et au matériel mobilisé. On compte 17 caméras dont deux caméras HD expérimentales impressionnantes, des prototypes de zooms construits par Panavision pour l’armée américaine, jamais utilisées auparavant pour une mission civile. L’image a un grain assez travaillé qui donne une texture très recherchée au film ce que recherchait par ailleurs les deux artistes réalisateurs qui ont conduis l’ensemble des cadreurs au musée du Prado lors d’une visite privée afin de leur donner d’autres références que celles du film documentaire notamment. On a donc une image tirant vers les bleus et proche d’un rendu cinématographique. Un beau travail sur la photographique que l’on droit notamment au responsable de la photographie Darius Khondji qui a déjà commis la photographie de Delicatessen (1991), La Cité des enfants perdus (1995), Seven (1996), Alien, la résurrection (1997), L'Interprète (2005) et très prochainement, My Blueberry Nights (2007), le prochain film de Wong Kar-wai. Quelques rajouts d’images d’archives tirées de l’actualité achèvent de doter le film d’une tonalité hybride que l’on retrouve plutôt dans des films ou des vidéos d’art et parfois dans la texture de polar ou de film de science-fiction.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
Français
2.0
Français
5.1

Pour ce film exceptionnel, on dispose de trois pistes audio dont deux pistes gonflées en 5.1 pour restituer l’ambiance survoltée d’un stade de foot qu’aucun match de foot classique n’a jamais restitué de la sorte. A ce titre Zidane, un portrait du 21ème siècle constitue un précédant. On a donc une piste audio Dolby Digital EX 5.1 (384 Kbps) et une piste audio DTS ES 5.1 (768 Kbps) sous-titrées en français par moment mais il s’agit alors de citations de Zinédine Zidane. Au cours du match on entend quelques mots en espagnol. La piste audio DTS 5.1 vous expédie directement au cœur de la foule, au centre du terrain et nous permet de saisir par moment des sons très ciblés comme le bruit des pas de Zidane sur le gazon, le carré vert, sa respiration, ses appels à ses coéquipiers. Il faut avouer que par moment la piste peut surprendre tant les coups de pieds ou de tête des joueurs semblent être des déflagrations d’armes à feux ou des coups portés contre un autre joueur. On se croirait presque au milieu d’une émeute, d’un champ de bataille ou sur un ring. Une piste audio Dolby Digital 2.0 (192 Kbps) est proposée en alternative au cas où.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
54 min
Boitier
Amaray avec fourreau cartonné


Bonus :

- Interview de Zidane (8mn 29): qui explique comment Douglas Gordon et Philippe Parreno l’ont convaincu de faire ce film et confirme que ce genre de projet en peut se faire qu’au terme d’une carrière. Il s’agit à la fois d’un document témoignage rare sur un joueur d’exception en phase de jeu et d’une forme de testament de cette époque qui restera des années après la retraire de Zidane, de la même manière que quand on regarde jouer Pelé sur des images d’archives. Zidane avoue avoir été un peu déçu de ne pas avoir pu faire le match de sa vie pour ce tournage mais c’est le jeu. Ironie du sort sa sortie fait beaucoup penser à celle qui a marqué sa fin de carrière lors du match en finale de la coupe du monde. Comme dit Zidane, dans ce match, ce jours-là c’est comme si il fallait qu’il se passe un peu de tout, ce qui est arrivé.

- Making-of (41mn 29) : on découvre en image les différentes personnalités de l’équipe technique et artistique composée de grand noms du cinéma pour certains. On voit de quelle manière on été disposé les caméras autour du stade. Il est assez intéressant de voir les deux caméras HD monstrueuses par leur taille, leur poids et leur capacité en action. Par ailleurs ce document balaie assez large puisque l’on peut voir des images de l’enregistrement du groupe Mogwai.

- Galerie de Photos (1mn 45): diaporama de photogramme extraits du film et accompagnés de la musique de Mogwai.

- Films-annonces (2mn 32): 4 film-annonces dont celui qui a été projeté en Sélection officielle hors compétition au 59e Festival de Cannes.
 
- Section DVD-rom : 4 fonds d’écran sont proposés.

- Livret de 12 photos du film Zidane car cela n’apporte pas grand chose au film et à peu de valeur artistique.

Menus
Les menus sont dans le même esprit que la charte graphique générale de l’édition DVD.

Packaging
On a un très beau packaging qui réutilise les images du film. Un fourreau cartonné accueille une boîtier plastique et un livret de 12 photos du film.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage