Le Dernier Empereur

Au seuil de la mort de l'impératrice douairière de Chine, Tzu Hsui (Lisa Lu), en 1908, Pu Yi (Richard Vuu) est enlevé à sa mère et mené dans la Cité Interdite de Pékin où il est proclamé empereur. A peine âgé de trois ans, tenu à l'écart de tout et élevé comme un Dieu vivant, il va être instruit par ses précepteurs successifs, Chen Pao Shen (Victor Wong) et Sir Reginald Johnston (Peter O'Toole), savourer le luxe de sa condition mais aussi se heurter à ses dures réalités affectives avant de prendre conscience de l'utopie dans laquelle on le maintient. Hors des murs de la Cité Interdite, le déclin de l'Empire s'est amorcé au profit d'une République bientôt envahie par le Japon. A la naiveté et l'insouciance de l'enfance succèdent l'amertume et la colère de la jeunesse et de la maturité avant d'atteindre à la Sagesse. Sur fond de Révolution, d'exil, de prison, Pu Yi vit alors la douleur de la déchéance et de l'humiliation mais, bien que réduit sur ses vieux jours à la fonction de simple jardinier, il reste à jamais Le Dernier Empereur.

Le film s'ouvre sur une gare de Mandchourie, en 1950, où arrive un train de prisonniers. Parmi eux, certains reconnaissent l'Empereur déchu, Pu Yi. Dès ce moment, Bertolucci a donné le ton,  il nous propose une narration en flashback pour nous raconter cette étonnante destinée. Nous voilà donc repartis en 1908 puis, par bonds successifs, nous remontons le temps et le dépassons, jusqu'en 1967. On ne peut qu'acquiescer aux neuf Oscars qui sont venus le récompenser car, dès les premières images, tous les critères d'une grande oeuvre se trouvent déjà réunis. Ainsi, à l'histoire émouvante de cette destinée interprétée brillamment par des acteurs différents dont Richard Vuu (Pu Yi, 3 ans), Tijg Tsou (Pu Yi, 8 ans), Wu Tao (Pu Yi, 15 ans) et John Lone (Pu Yi adulte) s'allie la magnificence des 9000 costumes, la grandeur des décors et l'élégante virtuosité de la musique de Ryuchi Sakamoto, également présent dans le rôle d' Amakasu. Il n'a pas été facile au réalisateur de satisfaire son ambition d'offrir un spectacle aussi monumental et fidèle. Sa détermination à porter à l'écran cette période mouvementée de l'Histoire de la Chine lui aura valu deux ans de négociation avec les autorités chinoises avant de planter sa caméra dans les murs de la Cité Interdite. Outre cela, c'est de main de maître qu'il dirige les 19000 figurants qui participent à l'amplitude de l'aventure et les 270 techniciens de six nations différentes qui l'ont aidé à parachever l'authenticité de ce film.

Ce chef-d'oeuvre permet donc à chacun de pénétrer les moeurs et coutumes de la société orientale saisie sous son angle politique à des moments déterminants de son Histoire..

Ce DVD pourra aussi vous donner l'envie d'aller voir la version "Director's Cut" (3h30) qui sera diffusée le 12 mars prochain dans une grande salle parisienne.

 

L'image est tout simplement sublime. Les couleurs sont poussées à saturation, le travail de restitution de la lumière est aussi varié que réussi. La définition est exemplaire ce qui participe à l'éclat des décors et des costumes. Aucun défaut de compression, en somme un véritable plaisir qu'il serait regrettable de bouder.

Bien que le Dolby Digital 5.1 soit le seul format audio proposé, il ne pénalise en rien le rendu sonore.
Il convient d'abord d'opter pour la VF qui dispose de beaucoup plus de relief et de précision, autant sur les détails sonores que sur les voix ou les puissants effets surround. La VO donne l'impression que le niveau de chaque voix a été diminué et que le son est plus mat.
En revanche, la VF laisse toute sa place à la bande son qui revêt ici une importance considérable. Les enceintes arrières et le caisson de graves sont fortement sollicités, quel bonheur !
Les instruments traditionnels sont restitués avec un réalisme qui amplifie l'intensité du spectacle et les envolées symphoniques sont toujours maîtrisées. Tout au plus, par moment, on ressent une pointe d'agressivité mais rien de bien gênant en regard des immenses qualités de cette bande son.    

Disque 1:

Il s'ouvre sur un diaporama de portraits de Pu Yi, à chaque étape de sa vie, avant que l'on accède au menu général qui propose:
 - Lancement du film
 - Chapitrage
 - Choix des versions
Les pages écrans reprennent des décors et des scènes du film avec effets sonores. Le tout étant du plus bel effet. Dommage cependant que la lisibilité (choix de la police de caractères) et les sélections (surbrillance d'une couleur trop proche de celle du fond) ne soient pas optimales.


Disque 2:

Là encore l'habillage est esthétiquement très abouti mais quelques choix de présentation sont discutables (écriture verticale). Entièrement consacré aux bonus, il vous occupera pendant 116 minutes durant lesquelles vous découvrirez:
- Films annonces, deux films de Bernardo Bertolucci dont "Le Dernier Empereur" et "Un thé au Sahara" (3 mns 75, DD 2.0, VO s/t Fr)
- Balade au coeur de Pékin, trois documentaires dont "La découverte de Pékin" (25mns 15, DD 2.0, Fr), "Intermède chinois" (11mns 13, DD 2.0, Fr), "La Cité Interdite" (2mns 13 DD 2.0, Fr). On se promène dans Pékin aujourd'hui et on découvre, au fil des commentaires, l'histoire de la Chine, l'architecture de la ville, les moeurs, le mystère des chiffres symboles, le buffle soit l'animal sacré qui représente Force et Sagesse et on entre dans la Cité Interdite.
- Interview de Dai Sijie (7mns, DD 2.0, Fr), l'auteur de l'oeuvre littéraire "Balzac et la petite tailleuse chinoise" nous parle aussi de la Cité Interdite.
- Interview de Ryuchi Sakamoto (15mns 26, DD 2.0, VO s/t Fr),  qui débute par des images de son premier rôle au cinéma dans "Furyo" aux côtés de David Bowie, nous confie son évolution, ses passions.
- Filmographies, un défilé des portraits du réalisateur et des deux acteurs principaux, Peter O'Toole et John Lone, sur fond musical.
- Bernardo Bertolucci, le voyageur italien (51mns 03, DD 2.0, Fr), on le découvre en voyage dans son pays d'origine, au contact de ses habitants, faisant découvrir leurs traditions et, de concert, nous parlant du cinéma comme véritable PLAISIR. Une phrase peut être retenue pour résumer ce que représente cet art pour lui: " Quand je tourne, c'est le seul moment de ma vie où je me sens vivant." Il poursuit ensuite son périple à travers les plus grandes villes qu'il a traversées et desquelles il a nourri ses plus grands films. On le retrouve enfin sur le tournage à Pékin.

Ce contenu est riche en quantité, quant à la qualité, elle laisse dubitatif. L'ensemble est assez austère, quelque peu vieillot voire redondant dans l'approche touristique. Bref, assez décevant par rapport à la beauté et à la richesse du film.