L’histoire :
Une jeune policière est chargée d’enquêter sur le rapt et le meurtre d’une fillette.
Critique subjective :
Lorsqu’une production hexagonale décide de s’attaquer au cinéma de genre, plusieurs travers sont à redouter. Parmi ceux-ci figurent en bonne place : la dérive pseudo intellectuelle, le téléfilm pour grand écran et la récupération des gros clichés du cinéma US. Premier long-métrage d’Alfred Lot (assistant réalisateur sur Le baiser mortel du dragon, reluisant comme CV …), La chambre des morts ira piocher ses défauts au sein de chacune des trois catégories précitées.
Prometteur dans son ouverture (disons la première demi-heure du métrage), La chambre des morts avait pourtant de sérieux atouts en main, à commencer par un pitch à fort potentiel, jugez plutôt. Une nuit, deux chômeurs renversent un homme. Accablés par leurs soucis financiers, les deux hommes scellent un pacte : plutôt que de contacter les autorités, ils s’empareront du magot que transportait l’individu et dissimuleront son corps. Père d’une fillette kidnappée (que la police retrouvera morte), la victime des chauffards convoyait la rançon qui allait libérer son enfant. Une intrigue certes classique, mais transcendée par un passionnant sous texte social auquel viennent s’adjoindre un background déprimant et crédible (le Nord de la France en hiver, ses friches industrielles, son chômage galopant … autant dire que nous ne sommes pas dans Bienvenue chez les ch’tis), une photographie crue, une distribution bien fournie (Mélanie Laurent, Eric Caravaca, Gilles Lellouche, Jonathan Zaccaï, Laurence Cote, Jean-François Stévenin, Fanny Cottençon) et une interprétation plutôt bonne (avec une mention pour le duo Zaccaï / Lellouche). Bref, La chambre des morts commence bien et évoque même, dans ses meilleurs instants, un style qui n’est pas sans rappeler celui de Guillaume Nicloux.
Peu à peu, le métrage va pourtant sérieusement se gâter. Au-delà d’une progression narrative très systématique et d’une mise en scène téléfilm, la faute revient surtout aux différents éléments maladroits qui vont venir parasiter l’intrigue et tirer irrémédiablement le film vers le bas : séance masturbatoire digne du pire navet érotique de M6, seconds rôles too much (la mère, le gardien du zoo, le taxidermiste), séquence dans un club SM, romance entre collègues policiers et moult emprunts au Silence des agneaux (apparition du livre de Thomas Harris, montage parallèle trompeur, personnage principal miné par un traumatisme d’enfance lié aux animaux et conclusion sous influence). Ce faisant, le film s’éparpille. Et l’édifice de s’effondrer comme un château de cartes. Dommage, tout cela avait plutôt bien commencé.
Verdict :
Gangrené par un manque d’audace et de rigueur, La chambre des morts déçoit.
Un rendu vidéo parfait qui restitue au mieux le travail du directeur de la photographie. On retrouve, à l’écran, les visuels crus, granuleux et un peu glauques du métrage. Une qualité d’encodage particulièrement perceptible au niveau de la scène de poursuite nocturne sur la plage. Du tout bon.
- Sur le tournage de La chambre des morts (52 minutes) : Un making of fleuve plutôt bien ficelé. Travail d’adaptation (avec intervention de Franck Thilliez, auteur du roman dont est tiré le film), distribution, lieux du tournage, choix formels (réalisation, lumière, montage, musique), tout est balayé d’une façon à la fois instructive et attractive.
- Le sourire de Mélanie (8 minutes) : Le tournage côté Mélanie Laurent. Un supplément d’intérêt très relatif qu’il conviendra de réserver aux fans de l’actrice.
- Bande annonce (2 minutes).
- Galerie photos.
- Internet : liens web vers les sites du film et de l’éditeur.