Années 2000. Laurel, est une brillante inspecteur du New Jersey. Sa vie bascule le jour où elle rencontre la jeune Stacie. Leur nouvelle vie s’effondre quand Laurel découvre qu’elle est atteinte d’un cancer en phase terminale. Laurel a un dernier souhait : elle veut que sa pension revienne à la femme qu’elle aime, mais la hiérarchie policière refuse catégoriquement. Laurel et Stacie vont se battre jusqu’au bout pour faire triompher leurs droits.
Le combat de Laurel et Stacie fut déterminant pour la communauté homosexuelle des Etats-Unis. Et à juste titre Hollywood lui rend hommage puisque de ce combat est arrivé une somme marquante de décisions visant donner aux couples de même sexe les mêmes droits que ceux des hétérosexuels. Au-delà du biopic, le film met en lumière les décisions politiques qui n’ont eu de cesse de freiner des évolutions évidentes, réclamées par toute une communauté trop souvent encore considérée comme des citoyens de secondes zones.
Le réalisateur Peter Sollett (Une nuit à New-York) signe une mise en scène toute en sobriété qui laisse la part belle à l’amour qui unissait ces deux femmes, pour ensuite mieux permettre aux spectateurs de comprendre les sources du combat. On regrettera peut-être un final assez conventionnel qui joue sur les violons et sur la cause sensible. Rarement dans le patho, le réalisateur signe un film touchant en se basant sur un scénario solide, qui a bien compris que pour que le discours passe, il ne sert à rien d’être trop technique, il suffit d’être sincère et de mettre en lumière cet amour qui unissait les deux femmes, les difficultés qu’elles rencontraient dans leurs vies professionnelles et personnelles, les doutes qu’elles pouvaient avoir, et bien sûr, cette maudite maladie qui vient briser un bonheur inimaginablement fragile.
Et pour donner corps à cette histoire, le réalisateur se repose sur les compositions toutes en subtilité des actrices principales : Julianne Moore (Hunger Games) et Ellen Page (Juno). En effet, les deux actrices sont éblouissantes de retenue et de sensibilité contenues, notamment Ellen Page, qui signe là l’une des prestations les plus intuitives qui existes. A fleur de peau, fragile autant que particulièrement robuste, elle vient jouer dans la cour des grandes avec une facilité désarmante pour mieux donner du sens à son interprétation. Face à elle, Julianne Moore vient jouer la balance, celle qui rétablie les choses, celle qui parait forte au début mais que la maladie terrasse pour mieux laisser sa compagne naître de force et de convictions.
Côté masculin Michael Shannon (Midnight Special) s’impose comme l’un des acteurs les plus remarquables de sa génération en jouant sur la sensibilité pure et sur les hésitations de son personnage. Un coup hésitant, une autre fois déterminé, puis combatif, l’acteur joue sur tous les tableaux et se montre encore une fois sous son meilleur jour. A noter tout de même celle plus discrète mais tout autant précise de Luke Grimes (American Sniper).
En conclusion, « Free Love » est un film qui rend hommage au combat de Laurel Hester et Stacie Andree qui luttèrent pour l’égalité de leur droits avec celui des autres fonctionnaires de leur comté. Un combat qui devint un symbole de la lutte pour l’égalité des droits des homosexuels. On regrettera seulement que le réalisateur se soit laissé prendre au piège d’un final un peu trop violoncé.