L’histoire :
Combattant des rues, Zamir va devoir s’entraîner pour tenter de libérer sa dulcinée, ravie par un terrible individu motivé par la vengeance.
Critique subjective :
Ecrit, produit, réalisé, interprété et monté (ouf !) par Ernesto Diaz Espinoza (dont il s’agit du premier long-métrage), Kiltro se targue d’être le premier film d’arts martiaux chilien.
Le titre se veut aussi un véhicule destiné à promouvoir le talent de sa star : Marko Zaror (qui coproduit la chose). Le pédigrée du monsieur ? Une petite poignée d’obscures séries B / Z (un Z qui veut dire Zaror ?) et l’insigne honneur d’avoir doublé The Rock sur le tournage de Bienvenue dans jungle. Grand machin musculeux à l’œil bovin (son léger strabisme en rajoute une couche), uniquement capable d’alterner deux expressions (endormi / ahuri), Zaror a un tel potentiel de jeu qu’il vous ferait passer Steven Seagal pour le plus talentueux transfuge de l’Actor’s Studio. Athlète confirmé, champion de karaté et de taekwondo, notre action man ferait bien de s’en tenir au ring au lieu de se ridiculiser sous l’objectif des caméras. On ne peut pas être bon partout. Au moins, sa prestation calamiteuse ne jure pas outre mesure dans Kiltro, le niveau d’interprétation général étant tout simplement désastreux (mention spéciale au grand méchant qui passe son temps à froncer les sourcils en gros plan).
Les défauts de Kiltro ne se limitent pas à une distribution jamais convaincante puisque le métrage met un point d’honneur à cumuler toutes les tares possibles. Inventaire non exhaustif. Si une certaine vacuité narrative (il s’agit d’un basique actioner bourrin après tout) était attendue (et tolérable), le film de Diaz Espinoza dépasse largement nos craintes en la matière. C’est simple, le scénario de Kiltro, la Cannon n’en aurait pas donné un kopeck dans les années 80 / 90. Inepte et caricatural (intrigue principale en mode défaite / entraînement / victoire, agrémentée de trames secondaires en mousse), le script enquille situations pétries de clichés, personnages à côté de la plaque (dont le nain Nik Nak, l’un des mentors du héro), clins d’œil empesés et dialogues risibles à s’en souiller le slip. Ce qui frappe, c’est ce constant humour involontaire (la marque des authentiques nanars), cette sensation de visionner une parodie lourdingue non conçue en tant que telle, ce ridicule achevé découlant pourtant d’une démarche purement premier degré.
Filmé comme un épisode de Plus belle la vie, Kiltro affiche un production design désolant (vive le clinquant et les décors de pacotille) et un cachet résolument Z. Vendus comme des moments brutaux à la Ong bak, les combats fonctionnent sur une logique totalement différente (rien de frontal dans ces affrontements câblés et ces geysers de sang numérique mal incrustés). On songe davantage aux combats de San Ku Kai (ces grands moments martiaux où Ayato affrontait les Stressos) qu’aux prouesses physiques d’un Tony Jaa.
Verdict :
Affichant tous les oripeaux d’un mauvais téléfilm d’action pour solderies DVD et diffusions tardives sur le câble, Kiltro est un navet certifié. A consommer entre potes, franche rigolade assurée.
Des visuels assez laids, pour des raisons imputables aux auteurs du film et non à l’éditeur. On retrouve tout le côté résolument cheap du métrage (rendu plat, photographie hideuse, etc.). Criardes, les couleurs ont parfois tendance à baver et la compression à s’inviter à l’image, au détour de certains plans.
Des pistes audio qui ne brillent pas par leur raffinement. En 2.0 (VO et VF), et plus encore en 5.1 (VO uniquement), l’ensemble se montre tonitruant mais manque cruellement de précision. Mal dégrossi (comme le héro du film !), le rendu sonore semble être l’œuvre d’un boucher hongrois. Au choix : VO pour prendre la pleine mesure du jeu des acteurs ou VF (avec des doublages particulièrement mauvais) pour rigoler encore davantage.
- Marko Zaror (2 minutes) : Quelques images de l’entraînement de la star du film et de la réalisation des cascades sur le plateau.
- Bandes annonces (6 minutes) : Tokyo girl cop, Love Death, Kiltro, Blackbelt.