L’histoire :
Remplaçant son frère jumeau sur les bancs de la fac, Motokazu se retrouve embarqué dans un projet scientifique qui le dépasse.
Critique subjective :
Stakhanoviste du septième art, Takashi Miike a signé plus de quatre-vingt réalisations depuis 1991. Avec seulement un long-métrage et un épisode de série TV au compteur, 2008 restera un cru tranquille pour le cinéaste nippon. Une production limitée qui n’empêchera cependant pas Miike de revenir là où on ne l’attend pas, une constante chez lui. C’est ainsi que notre bonhomme livrera une œuvre à haute teneur scientifique : God’s puzzle.
Musicien raté, employé de sushi bar, Motokazu est chargé par son frère jumeau (en partance pour l’Inde) de le remplacer à la fac, autrement dit de poursuivre à sa place des études en sciences de la matière. Un subterfuge qui conduira Motokazu à plancher sur la création d’un univers (le fameux puzzle de Dieu), un travail mené en binôme avec Saraka Homizu, une jeune femme aussi douée qu’asociale.
Les deux premiers tiers du métrage ne sont consacrés qu’à l’explication de théories de la physique. L’objectif est de vulgariser des concepts scientifiques pointus : le néant, le Big-bang, la fission cellulaire, l’accélération des particules, etc. Largué dans cet univers complexe, Motokazu aura bien du mal à assimiler les théories. Nous aussi. Rébarbatif, ennuyeux, le film se résume alors à une succession d’exposés et de débats scientifiques. Original mais peu passionnant pour qui ne possède pas le bagage adéquat et / ou un intérêt profond pour ces thèmes (le commun des mortels n’est donc pas concerné). Les quelques touches de teen movie et autres digressions ludiques n’y font rien, on ne rentre pas dedans. La mise en scène de Miike, pour une fois assez sage, n’arrange pas l’affaire. Hermétique et long, beaucoup trop long.
Dernier tiers. Le film semble enfin vouloir passer à l’action, délaisser la théorie pour la pratique. God’s puzzle nous offre alors un acte final inattendu, grisant et décevant. Prometteur mais sapé un plein envol. Dommage. Tournant le dos au spectaculaire (ce vers quoi tendait pourtant l’intrigue), le métrage joue petit bras, se contentant d’une réflexion vaguement philosophique sur la science et l’art. Pire encore, la morale du film est qu’il vaut mieux préparer des sushis que d’essayer de faire avancer la science. On a connu conclusion plus ambitieuse. L’attente du spectateur, en tout cas, n’est pas récompensée.
Verdict :
Seules deux catégories d’individus trouveront peut-être leur intérêt à un visionnage de God’s puzzle : les férus de physique quantique et les exégètes de l’œuvre de Miike. Les autres pourront passer leur chemin sans le moindre regret.