Un conservateur térrorisé par les plantes vertes, une mère plastifiée pour être exposée, un ballet de saintes vierges, des gardiens épuisés par Rodin, un ministre perdu dans une exposition de sexes, une voiture disparue au parking Rembrandt, des provinciaux amoureux des Impressionistes, touristes galopant d’une salle à l’autre, passager clandestin dans l’art premier, Picasso, Gauguin, Warhol, ils sont tous là dans ce petit monde qui ressemble au grand, dans ce musée pas si imaginaire que ça, valsant la comédie humaine jusqu’au burlesque.
Adaptation de la pièce homonyme écrite par Jean-Michel Ribes (Chacun pour toi), « Musée Haut, Musée Bas » est une sorte de meltin’pot, où se mêlent les genres humains et artistiques. Sous couvert d’une satyre burlesque de la culture contemporaine, Le réalisateur nous offre une série de tableaux toujours plus succulent les uns que les autres, avec une floppée d’acteurs, tous plus resplendissants les uns que les autres. Le film se lit comme une visite improbable d’un musée imaginaire, où les artistes n’hésitent plus à utiliser les visiteurs comme œuvre d’art absolue, quitte à enfreindre certaines lois de la bienséance.
La culture est un langage universel que chacun comprend à sa manière et qui s’offre le luxe de toucher le cœur le plus enfouis de chacun. Parti de ce constat, le réalisateur nous entraine, dans tous les styles de cultures, qu’elles soient primaires, cubiques, ou impressionnistes, tout vient trouver sa place au cœur de ce musée imaginaire, dirigé d’une main de fer par un Michel Blanc (Les bronzés) décidemment très inspiré dans ce type de comédie.
Et de ce côté-là Michel Blanc n’est pas le seul à traverser le film tel un poisson remontant le courant, certains comme Muriel Robin (Marie Line) ou encore Dominique Pinon (La cité des enfants perdus) s’en donnent à cœur joie et nous font cadeaux de moments savoureux où l’humour et la tendresse savent se mêler agréablement. Les comédiens suivent un pas de danse inlassable dans une atmosphère très (Trop ?) théatrale qui permet beaucoup d’écart de la part du réalisateur, à la manière des Monty Pythons par exemple.
Simplement, n’est pas Monty Python, qui veut. Tout le monde n’a pas l’art et la manière d’embarquer un public dans un délire totale, mais toujours contrôlé, comme sait merveilleusement le faire Terry Gillian, bien au contraire. Et Jean-Michel Ribes, s’il a su s’amuser et souvent amuser le public tout au long des tableaux qui parsèment « Musée Haut, Musée bas », finit par se prendre les pieds dans le tapis et nous perd dans une fin apocalyptique dont on ne saisit pas le sens de prime abord. La narration très théatrale dans son ensemble finit par vite fatiguer surtout lorsqu’elle ne se justifie pas forcément. La transposition d’une pièce de théatre au cinéma est parfois douloureuse et certaines concessions sont parfois à faire pour rendre l’ensemble plus abordable.
En conclusion, « Musée Haut, Musée bas » est une fresque burlesque sur l’art contemporain, que l’on prend plaisir à visionner, mais qui déroute parfois par une surproduction de narration théatrale.