L’histoire :
Une jeune femme se retrouve séquestrée par une étrange famille anglaise habitant une petite maison en bordure de l’aéroport d’Heathrow.
Critique subjective :
Réalisé en 2008, Mum and Dad vient confirmer la vigueur du cinéma de genre britannique. Avec seulement 100 000 livres de budget (un peu plus de 100 000 euros) et 17 jours de tournage, le titre a été conçu dans des conditions bien plus précaires que la plupart des productions fantastico-horrifiques anglaises. Il n’a cependant guère à rougir de la comparaison.
Commençons toutefois par évacuer ce qui fâche : le manque d’originalité du premier long-métrage écrit et réalisé par Steven Sheil. Comme beaucoup de jeunes réalisateurs, Sheil appartient à une génération cinéphilique vouant un culte au cinéma de genre des seventies (la première influence qu’il cite en interview est Massacre à la tronçonneuse). Le problème, c’est que Steven Sheil, comme la majorité de ses petits camarades, livre un film geek / hommage qui ne parvient pas à transcender ses nobles influences et duquel n’émerge pas de véritable personnalité. Rassurons-nous, le travers est générationnel (comme le soulignent Pascal Laugier et Christophe Lemaire dans l’excellent documentaire Viande d’origine française) et devrait s’estomper avec le temps (pour peu que l’on permette à ces gens de continuer à faire des films, mais il s’agit d’un autre débat …).
Jeune immigrée polonaise faisant le ménage à l’aéroport d’Heathrow, Lena va se faire séquestrer dans une maison en bordure des pistes (on saluera l’opposition entre les décollages d’avions et la situation d’enfermement subie par le personnage principal). Rebaptisée Angel, la jeune fille intégrera de force une cellule familiale pervertie : Mum (la mère rassurante et sadique), Dad (le père colérique et ultraviolent), Elbie (le fils mutique) et Birdie (la fille bavarde et maligne). Plongée dans un véritable enfer, ses journées seront désormais partagées entre corvées ménagères et sévices corporels variés. Renvoyant à des faits divers sordides, Mum and Dad déploie une ambiance glauque et malsaine. Naviguant entre éros (tension sexuelle sous-jacente) et thanatos (la maison recèle plus d’un cadavre), une combinaison parfaitement illustrée par la scène où Papa se fait plaisir avec un morceau de bidoche, le métrage privilégie la violence psychologique et ne cherche pas à suivre la mode du torture porn (faute de moyens ?). Quoi qu’il en soit, et malgré des conditions de mise en boîte spartiates, le film ne verse jamais dans l’amateurisme et affiche une finition soignée à tous les niveaux (production design, photographie, mise en scène, bande originale, etc.).
Verdict :
A l’arrivée, si Mum and Dad n’est pas véritablement traumatisant et se montre peu original, il révèle indéniablement un réalisateur capable de faire beaucoup avec peu. A suivre donc.
A l’écran, Mum and Dad ne trahit pas la minceur de son budget et le rendu visuel offert par le DVD, fidèle aux choix artistiques du réalisateur, œuvre dans le bon sens. La photographie soignée, proposant des ambiances chromatiques variées, est respectée à la lettre (colorimétrie parfaitement adaptée). Même constat au niveau du contraste volontairement assez doux. Discret, l’encodage ne gâche rien.
Des pistes 2.0 très correctes. Un rendu net qui offre un bon équilibrage entre les voix, les effets sonores et la bande originale. Si les doublages français sont d’assez bonne facture, on ne saura que trop conseiller la piste en version originale, qui permet d’être au plus prêt de la performance des comédiens (elle le mérite).
- Interview de Steven Sheil (4 minutes) : Très brièvement, le réalisateur revient sur ses ambitions, le lancement du projet et le tournage du film. Intéressant, mais beaucoup trop court.
- Making of (3 minutes) : Un supplément extrêmement succinct qui permet à peine d’entrevoir la bonne ambiance régnant sur le tournage.
- Galerie photos.