L’histoire :
Employés dans un supermarché, Doug Stauber et Richard Wehlner convoitent tous deux la place de directeur d’un nouvel établissement.
Critique subjective :
Surtout connu en tant que scénariste (The weather man, A la recherche du bonheur), Steve Conrad est également réalisateur. Avec Top job (The promotion), dont il assure bien entendu l’écriture, il signe son second long-métrage derrière la caméra.
Plantons brièvement le décor. Chicago. Un supermarché de la chaîne Donaldson’s. Employé, Doug Stauber (Seann William Scott) est un trentenaire insatisfait qui brigue le poste de directeur d’un nouvel établissement devant ouvrir ses portes de l’autre côté de la ville. Alors qu’il apparaît comme le candidat idéal débarque Richard Wehlner (John C. Reilly), quadra canadien convoitant la même place. Dès lors, chacun va devoir marquer des points afin d’être le mieux côté aux yeux des décideurs. La course au job peut commencer.
Là où beaucoup auraient choisi la facilité, et livré une succession de gros gags, Steve Conrad va jouer la carte inattendue d’un traitement tout en retenue. Ici, le but n’est pas tant de faire rire le spectateur à gorge déployée que d’installer une ambiance à la tonalité particulière, nonchalante, calme et un brin mélancolique (on songe un peu au cinéma de Wes Anderson), une atmosphère émaillée d’instants à la fois drôles et tragiques (les entretiens à la direction, le séminaire d’entreprise, les altercations sur le parking du supermarché). Dans le même ordre d’idées, la dénonciation d’un système où gravir les échelons veut souvent dire écraser l’autre (et ignorer son humanité) va se faire discrètement, en filigrane, sans lourdeur aucune. Un travail de précision, voire d’équilibriste, qui va porter ses fruits, conférant au métrage une tonalité bien à lui.
Si le film fonctionne, c’est aussi grâce à un improbable duo d’acteurs. Davantage abonné aux farces potaches (American pie et compagnie), Seann William Scott campe un Doug Stauber étonnant de justesse et réaffirme, après l’expérience Southland tales, qu’il est bel et bien capable d’élargir son registre pour peu qu’on lui en donne l’occasion. Sa prestation est d’autant plus méritoire qu’il est ici face à un comédien chevronné et très charismatique (John C. Reilly), à l’aise dans tous les genres, du drame (Magnolia, En pleine tempête) à la comédie pure (Frangins malgré eux), en passant par la fresque historique (Gangs of New York, Aviator). Accompagnés chacun d’une voix of (la sienne pour Doug, celle d’une cassette de coaching pour Richard), les deux personnages se montrent assez attendrissants, notamment dans leur façon de concilier, tant bien que mal, vie professionnelle et personnelle.
Verdict :
On l’aura compris, si Top job n’est pas la comédie du siècle, il n’en demeure pas moins un métrage agréable à suivre et relativement original dans le traitement de son sujet.