L’histoire :
Contaminés par un étrange virus, les enfants de deux couples sont pris de pulsions homicides.
Critique subjective :
Une apparence rassurante dissimulant une nature profondément mauvaise. Parmi les concepts les plus troublants du cinéma d’horreur, l’inversion des valeurs occupe une place de choix. Dans son ouvrage Le cinéma d’horreur et ses figures, Eric Dufour la définit comme « un certain jeu sur l’opposition entre l’extérieur et l’intérieur […] qui fait de cette opposition un choc, fait pour heurter le spectateur » avant d’ajouter « ce choc visuel, ce heurt esthétique entre l’apparence physique et l’acte, est une figuration de l’incompréhensibilité qui est propre à l’horreur ». Simple, le procédé n’en est pas moins d’une efficacité redoutable.
Dans ses multiples variantes, ce mécanisme de la peur, qui trouve donc son creuset dans une « opposition entre l’apparence et la réalité », a souvent détourné la figure rassurante de l’enfant (associée à la douceur et à l’innocence), cristallisant ainsi l’angoisse de ne pas avoir l’ascendant en tant qu’adulte et / ou parent. Maintes fois exploitée, la thématique de l’enfance maléfique a donné lieu à quelques éclatantes réussites : Le village des damnés, Les innocents, Les révoltés de l’an 2000, La malédiction. Pas facile de passer ensuite.
Ecrit et réalisé par Tom Shankland (dont c’est le second long-métrage après WAZ en 2007), The children s’attaque néanmoins au sujet et s’en sort bien (témoignant, accessoirement, de l’étonnante vitalité du cinéma horrifique anglais). Comme beaucoup de réalisateurs de sa génération, Shankland voue une passion immodérée au cinéma de genre des seventies. On en retrouvera ici l’influence dans un traitement concis (80 minutes) et carré.
Installant volontairement une ambiance familiale et paisible (l’action se déroule au moment des fêtes de fin d’année), le réalisateur britannique fait monter la pression et développe quelques bonnes idées (le personnage de l’adolescente, coincé entre les deux mondes), sans jamais oublier de soigner la forme (mise en scène au cordeau, photographie jouant sur les couleurs vives associées à l’enfance, bande originale efficace). The children distille ensuite un malaise palpable, posant le dilemme moral irrémédiablement associé à l’enfance maléfique (qui peut tuer un enfant, à fortiori sa propre progéniture ?) et ménageant quelques effets gore très douloureux. L’objectif ultime du métrage, nous coller la frousse avec des gosses très inquiétants (et ici particulièrement sournois), est pleinement atteint.
Verdict :
Conscient de ne pouvoir rivaliser avec les fleurons du genre (qu’il cite parfois), Tom Shankland signe une série B humble, directe et efficace. Du travail d’artisan consciencieux.
Une qualité d’image fidèle aux choix du réalisateur. La granularité des visuels et le jeu sur les couleurs vives sont respectés avec un master qui évite d’être trop lisse et une colorimétrie soignée. La compression, très discrète, se montre aussi de bonne facture. Un rendu global très satisfaisant.
- Bande annonce VOST (2minutes).
- Bande annonce VF (2 minutes).
- Paul Hyett parle des effets spéciaux (5 minutes) : Sympathique coup de projecteur sur les prothèses et autres effets gore employés dans le film.
- Interview du réalisateur Tom Shankland (8 minutes) : Décontracté, arpentant ses quartiers une bière à la main, le réalisateur nous explique sa façon d’organiser le tournage et le cachet visuel qu’il souhaité donner à son métrage, références photographiques et cinématographiques à l’appui. Un bonus pas déplaisant mais un peu léger.
- Teasers (3 minutes).
- Galerie photos.