Muna quitte son petit village de Palestine avec son fils Fadi, pour retrouver sa sœur dans une ville des Etats-Unis. Seulement, cette nouvelle vie n’est pas aussi idyllique que prévue et Muna et son fils commencent à avoir le mal du pays.
Pour son premier film, la réalisatrice a décidé de s’attaquer à une histoire plus personnelle qu’il n’y parait et de nous plonger au cœur de ce destin de femme, déchirée entre la nostalgie de son pays dévasté et le besoin vital de réussir une nouvelle vie dans un pays qu’elle découvre au fil des jours. Ne cherchant pas à émouvoir absolument, la réalisatrice livre une œuvre simple et inspirée sur l’immigration et ses difficultés, autant qu’une vision réaliste et sans superflus de la situation Israélo-palestinienne. La réalisatrice pousse le spectateur à se mettre à la place de cette femme et de son fils qui tentent par tous les moyens, mais pas à tous les prix, de garder sa dignité. Le film emmène le spectateur avec tendresse et humour au large d’une odyssée inévitable, qui amènera Leïa et son fils à s’adapter à une vie qu’ils ne connaissaient pas, a faire face à l’hostilité absurde de leurs nouveaux voisins et à ne pas oublier la terre qui les a vus grandir. Jamais dans la caricature, le film souligne avec humour et douceur, le périple de ses personnages. A la fois déracinée et déterminée, l’héroïne se heurte aux différences de culture autant qu’aux préjugés, créant ainsi des situations tendres mais aussi parfois douloureuses. La réalisatrice d’ailleurs ne fait pas dans la surenchère et préfère laisser les évidences parler pour elle. La société ultra cadrée des Etats-Unis face à celle plus spontanée de la Palestine. Ne cherchant jamais forcer le trait de la condition Palestinienne, Cherien Dabis parvient à donner quelques répliques incisives qui font mouche , comme lors de l’arrivée à l’aéroport de Muna et Fadi.
D’ailleurs, le scénario de Cherien Dabis se garde de tout misérabilisme et ne cherche à stigmatiser plus qu’il n’est nécessaire les différences entre les cultures. Le film se veut une réflexion sur le vécue de ses immigrants qui fuient une pauvreté inévitable pour un eldorado qui s’avère bien différents de leurs rêves les plus lointains. En toute pudeur et tendresse, la réalisatrice signe là un scénario brillant, fourmillant de personnages attachants.
L’interprétation de Nisreen Four est d’ailleurs totalement en phase avec la couleur voulue par la réalisatrice : Simple et tout simplement rayonnante dans le rôle de Muna. L’actrice donne une grande leçon d’humilité à l’écran. Même constat pour le jeune Melkar Muallem qui complète une image totalement juste de Fadi le fils de Muna. Les deux comédiens créent avec énormément de justesse ce rapport mère-fils que la dualité entre le rêve d’une vie meilleure et celui de la désillusion de la réalité ne fait que renforcer.
En conclusion, « Amerrika » est un film réussit dans tous les sens du terme, puisqu’il offre une grande d’humanité dans une histoire qui en manque terriblement. L’interprétation y est impeccable et le scénario d’une réelle justesse. Un bijou de poésie !