L’histoire :
A la recherche d’argent vite gagné, quatre personnes sont engagées pour participer à une expérience dont elles ignorent tout.
Critique subjective :
Honnête artisan, Jonathan Liebesman fait ses débuts de réalisateur en 2003 avec Nuits de terreur (Darkness falls). Passé un peu inaperçu, le métrage bénéficie pourtant d’une mise en scène carrée et reste un bon film fantastique à l’ancienne. Une solide série B. Trois ans plus tard, Liebesman prend du galon en se voyant confier la réalisation de Massacre à la tronçonneuse – Le commencement. Si le film affiche quelques carences narratives, son esthétique s’avère irréprochable. Une solide série B. Beau pedigree pour le jeune réalisateur qui, en 2009, s’éloigne de l’épouvante pure pour aller braconner sur le terrain de l’horreur psychologique. Ce sera Killing room, une œuvre qui sortira sous forme de direct to video après avoir tourné dans les festivals (Sundance, Beaune, Deauville).
Petit rappel historique obligatoire. Des années 50 jusqu’aux années 70, la CIA mène le projet MK ULTRA, un programme de manipulation mentale qui s’opère par injection de substances psychotropes (LSD en tête) ou d’autres moyens (psychologiques et physiques). Scandale en décembre 1974, lorsque le New York Times révèle que l’agence a mené des expériences illégales, réalisées sur le territoire national et impliquant des citoyens américains. Faisant grand bruit, l’affaire entraînera la création d’une commission d’enquête présidentielle (la commission Rockefeller) qui lèvera (un peu) le voile sur ces expériences, révélant notamment qu’elles ont conduit à la mort d’au moins un sujet. Killing room part du postulat que ces expériences n’ont jamais cessé et continuent à être menées de nos jours, dans le plus grand secret.
Débutant sans fioritures mais avec une indéniable efficacité, Killing room est un huis clos glacial s’articulant autour de quatre « rats de laboratoire » (de pauvres bougres voulant se faire un peu d’argent) et de ceux qui les observent (incarnés par Peter Stormare et Chloë Sevigny). Après cette mise en place exemplaire, Killing room accélère subitement le rythme cardiaque du spectateur (à travers un éclat de violence tétanisant) avant de déployer une atmosphère de plus en plus vénéneuse. La fameuse expérience apparaît alors comme une mécanique implacable où l’être humain n’est qu’un simple cobaye pouvant être sacrifié à loisir.
Si l’interprétation est impeccable (mention spéciale à un Timothy Hutton exceptionnel) et que les scénaristes ont du mérite (la tension ne fléchit jamais, bien au contraire), on saluera à nouveau le travail de Liebesman. Entre d’autres mains, le script aurait pu facilement donner lieu à une catastrophe visuelle. Ici, le réalisateur allie parfaitement froideur clinique et sensation de perte de repères, parvenant même à nous transmettre le malaise des captifs (d’autant plus terrible que l’on connaît l’envers du décor). Un spectacle immersif et éprouvant. Du bel ouvrage et une nouvelle réussite pour Jonathan Liebesman.
Verdict :
Si, de par la nature même de son intrigue, Killing room tombe dans la catégorie des films n’appelant pas nécessairement un autre visionnage, il s’impose comme un exercice maîtrisé qui en remontre aux œuvres fonctionnant sur une mécanique similaire.