Mercato nous plonge dans les coulisses du football d’aujourd’hui, industrie planétaire où les intérêts se chiffrent en milliards. Driss, agent de joueurs, a sept jours pour sauver sa peau avant la fin du mercato...
« L’enfer est pavé de bonnes intentions » pourrait résumer ce qui ressort du visionnage de « Mercato » de Tristan Séguéla. Le réalisateur qui avait œuvré dans la comédie avec des succès comme « Docteur ? » en 2019 et « Un Homme Heureux » en 2023, change de registre pour se lancer dans le thriller, sur une idée de Jamel Debbouze (Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » de parler de ce métier, souvent fantasmé mais rarement estimé à sa juste valeur, celui d’Agent de Footballeur. Et rien de mieux que la période du Mercato, celle où les clubs se vendent les joueurs et où ces derniers en profitent pour faire évoluer leur carrière en générant des profits que certains peuvent trouver indécents (Un jugement que l’on se gardera bien de porter !). Ici, sous forme de Thriller, celui qui a réalisé le premier biopic sur Bernard Tapie en forme de série pour Netflix a choisi de plonger son personnage principal dans une course effrénée pour le gain, dans une période très courte en privilégiant l’intérêt des joueurs, par toujours compréhensifs, tout en y trouvant une possibilité de rembourser sa dette.
Mais voilà, le scénario signé Olivier Demangel (Rien à Perdre) et Thomas Finkielkraut (Tapie) tourne en rond et manque sérieusement de corps, enfilant les poncifs du genre comme autant de perles et les répétant à l’infini dans une intrigue dont on ne voit quasiment jamais la fin et où chacune des situations ne cessent de se répéter inlassablement. Pourtant, les auteurs ont su trouver de bonnes idées et des instants que l’on apprécie, comme les moments où Driss parle avec son fils, et où ce dernier lui parle de l’absence provoqué par le métier de son père. Ou encore lorsque Driss se laisse aller à la colère face à un enfant qui refuse d’intégrer un établissement qui lancerait sa carrière, alors que l’agent y verrait la fin de ses problèmes. Des moments trop rares, qui ne viennent pas compenser des dialogues en roue libre et un manque de matière pour rendre le film plus digeste.
Car, c’est là tout le problème, d’autant que la mise en scène de Tristan Séguéla ne vient pas faire le contre-poids, bien au contraire. Avec un Jamel Debbouze de quasiment tous les plans, la majeure partie du temps au téléphone ou hurlant, s’énervant et retrouvant l’espoir, puis retombant et ainsi de suite, le réalisateur semble manquer d’idée pour donner un dynamisme et profiter de la capacité de jeu de son acteur principal. Pourtnat il s’y focalise tellement qu’il en oublie le reste de la distribution. On oubliera la scène inutile et complètement ratée du tournage du clip de Kalash, qui frôle le ridicule ou encore la fausse poursuite dans le stade vers la fin du film. Mais on gardera quand même le jeu toujours impeccable du jeune Milo Machado-Graner (Anatomie d’une Chute) qui, du haut de ses quinze ans, livre une prestation précise et toute en nuance.
Voilà, difficile de trouver de bonnes choses sur « Mercato », tant l’idée de départ qui partait d’une excellente intention se laisse piéger au manque d’inspiration et à un développement un peu trop léger pour ne pas être ennuyeux par un effet de répétition qui finit par lasser. Ajoutez des acteurs pas toujours juste et vous aurez vite compris que « Mercato » est une déception à bien des niveaux. Dommage car Jamel Debbouze confirme son talent pour les rôles plus sombres et plus complexes comme il l’avait déjà fait dans « Angel-A » (2005) de Luc Besson.