Laurent Gerra à l'Olympia

Le métier d’imitateur est décidément bien difficile. Au-delà de la reproduction des intonations et des gestes, il faut s’approprier le timbre vocal de sa victime. Et comme si cela n’était pas assez délicat, cet effort de mimétisme doit être maintenu pendant toute la durée du sketch. L’écriture de ce dernier nécessite un talent certain, car il doit mettre la personne vampirisée dans une situation, certes cocasse, mais presque plausible, toujours en rapport avec la réalité. Laurent Gerra est certainement l’un des imitateurs des plus talentueux de son époque, et le titre que nous propose Universal vous permettra d’en avoir la confirmation…

 

Le DVD proposé reprend la dernière tournée de l’artiste et a été enregistré sur l’illustre scène de l’Olympia de Paris le 14 décembre 2002. Comme toujours, il alterne sketchs humoristiques très réussis et passages musicaux dont certains sont vraiment émouvants. Fidèle à sa réputation, il n’hésite pas à « tailler quelques costumes » sur-mesure à certains (Thierry Ardisson ou Jack Lang), et par là même donner son point de vue sur notre époque (le rap ou la télé-réalité). Certes, il ne fait pas toujours dans la dentelle, mais le public rie de bon cœur, légitimant quelque peu le recours à certaines ficelles un peu lourdes. C’est, en effet, à un bien agréable moment que nous convie Universal au travers de ce titre.

Chose assez rare pour être soulignée, l’image de ce spectacle nous est offerte en 16/9 anamorphique. La définition, sans faille, en profite directement. Au-delà de ces aspects très techniques, nous saluerons le travail artistique manifeste sur ce titre. En effet, le rendu visuel présente un style cinématographique particulièrement séduisant : le contraste est à la fois fort, notamment entre le premier plan sous les sunlights et le fond de la scène, mais également doux, par exemple sur les traits du visage de l’artiste. La luminosité du DVD est très soignée, permettant de témoigner avec fidélité de l’ambiance ressentie dans la salle, car, ne l’oublions pas, les lumières font partie intégrante des spectacles humoristiques. La colorimétrie est globalement relativement neutre avec quelques interventions colorées des jeux de lumières, l’ensemble étant également fidèle à la prise de vue. Associée à la luminosité, elle permet de rendre avec précision les nuances de noirs : noir profond sur le fond de la scène, matière des tenues vestimentaires.

La qualité de la prise de son est capitale pour un spectacle humoristique, et celle mise en œuvre pour Laurent Gerra à l’Olympia était remarquable. Même si le DVD ne propose qu’une piste stéréo en Dolby Digital 2.0 (192 kbps), celle-ci fait preuve d’un rendu à la hauteur par son extrême fidélité au rendu en salle. Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’extraordinaire précision dans la tessiture de la voix de l’artiste. Son rendu à la fois intelligible et gutural permet de prendre toute  la mesure de la qualité des imitations. Les passages musicaux présentent un équilibre tonal parfait et leur reproduction est aussi subtile que lors du spectacle. Enfin, mention particulière pour l’excellente dynamique qui vous plongera avec réalisme au cœur de l’Olympia.

Saluons d’emblée les concepteurs de l’interactivité de ce titre. Non seulement ils nous proposent de superbes menus (16/9) animés et sonorisés (en 5.1 !), mais ils ont poussé loin l’interaction avec le contenu du DVD. C’est ainsi dès le logo Universal que le fil rouge du spectacle est présent sous forme de clin d’œil, puis c’est grâce à une superbe séquence animée et sonorisée en 5.1 de près d’une minute que nous sommes conduits vers le menu d’accueil.

 

En bonus, nous trouvons principalement un documentaire de 1h16 intitulé « Entre Deux Culisses de Laurent… ». Proposé en 16/9 anamorphique et en Dolby Digital 2.0, il nous permet de faire mieux connaissance avec l’artiste, au travers de séquences très diverses. Signalons que ce documentaire est chapitré. Nous y trouvons notamment les dernières minutes de l’ultime représentation à l’Olympia, les toutes premières imitations de l’artiste (à 5 ans), un extrait du sketch « qui veut passer pour un con ? » lors de la dernière avec une surprise à la clé, les débuts de Laurent Gerra sur scène, une séquence exceptionnelle tournée dans son village avec ses amis, des anecdotes confiées lors de diverses interviews par son pianiste ou son complice d’écriture, des extraits du « Pire Noël est arrivé », le duo avec Johnny au Parc de Sceau, celui avec Sylvie Vartan, sa première télévision et son passage auréolé de succès au festival « Juste pour rire » de Montréal. Cet inventaire à la Prévert masque d’innombrables autres suprises. Construit avec beaucoup d’humour, ce document atteint divers buts : tout d’abord nous raconter l’histoire de ce gamin venu de la Bresse, nous exposer son incroyable ascension vers la gloire grâce à un talent remarquable mais également témoigner de sa dimension humaine, que ce soit avec ses amis ou avec ceux dont il trace des portraits parfois cyniques. Passionnant. Signalons également la présence en bonus des trois affiches du spectacle, présentées dans une séquence de 30 secondes statique mais avec un fond sonore 5.1.