Pour la première fois, une forêt tropicale va naître sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants, de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux. Depuis des années, Luc Jacquet filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes. Sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé a donné naissance à ce film patrimonial sur les ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission, de la poésie et de la magie visuelle. "Il était une forêt" offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand – connecté à tous les autres, joue un rôle essentiel.
Luc Jacquet est un réalisateur hors pair, qui film la vie des animaux avec un œil particulièrement avisé. Comme un poète avec les mots, le réalisateur met en scène la beauté de la nature, la manière dont elle trouve sa voie, la majestueuse lutte de tous les êtres dans des environnements qui ne sont pas tendre avec les êtres vivants. Cette fois-ci pourtant le réalisateur ne va pas raconter l’existence des animaux ou du moins de façon détournée. Grâce à sa rencontre avec le spécialiste Francis Hallé, Luc Jacquet a trouvé l’inspiration et mit son talent au service de la Forêt. Cet univers, source première de la vie, dans lequel chaque élément vient apporter sa pierre à un puzzle hors norme, où chacun des habitants, que ce soit les animaux et les arbres eux-mêmes, jusqu’à la moindre petite graine viennent participer à l’équilibre sanctuaire de la forêt.
Univers si proche et en même temps si lointain, la forêt ne s’est jamais autant dévoilé qu’à travers les magnifiques images de la caméra de Jérome Bouvier. Tourné en Afrique, au Pérou et en Asie, le film nous montre toute l’ingéniosité de la nature, tout ce que les arbres ont su créer pour se protéger de l’attaque de ses prédateurs comme les chenilles par exemple. Avec beaucoup de simplicité, Francis Hallé raconte les secrets des grands figuiers, la manière dont ils attirent les animaux pour pouvoir renouveler leur existence et protéger l’écosystème. Les images du réalisateur magnifiquement mises en valeurs par les bruitages minutieux de Samy Bardet et François Fayard, plongent le spectateur dans une féérie naturelle. Une majestueuse nature qui puise autour d’elle pour sa propre sauvegarde, mais également pour offrir aux autres êtres vivants tout ce qui est nécessaire pour leur survie. Une échange de bons procédés permanent, qui tente surtout de se sauvegarder de la présence humaine.
Si le film est moins spectaculaire dans sa narration que « La marche de l’empereur » ou « Le Renard et l’enfant » les précédents films de Jacquet, il est captivant par l’ingéniosité de la mise en scène du réalisateur. L’utilisation des images d’animation qui viennent compléter les prises de vues, peut paraître superflue mais elles ne viennent en aucun cas ternir le propos ni la beauté de l’ensemble. Le voyage est initiatique et captivant !
En conclusion, « Il était une Forêt » est un voyage totalement inédit dans un univers à la fois lointain et proche. Il nous ouvre les yeux sur la cohérence magnifique et permanente de la nature. Il nous rappelle que les arbres sont des êtres vivants, immobiles certes, mais vivants et capitaux pour l’existence de notre éco-système. En filigrane on peut y voir une formidable leçon d’écologie, où l’être vivant le plus grand se met au service des plus petits et vise versa. Un œuvre magistrale à l’image de ses héros.
Lorsqu’un making of est aussi passionnant que le film lui-même, cela mérite d’être souligné. Pour sa section bonus, Jérôme Bouvier, le cadreur du film, nous propose de découvrir les dessous du film à travers le tournage de l’une des scènes clés : l’arrivée des éléphants.
« En attendant les Eléphants » est une seconde plongée magnifique dans la forêt humide où le réalisateur nous exprime par le biais de sa caméra, toutes les nuances de la forêt équatoriale. Avec ses créatures qui se fondent incroyablement dans le décor, et ces animaux magnifiques qui apportent la survie des espèces végétales par des moyens insoupçonnés. Chaque étape de l’attente des éléphants à 30 mètres au-dessus du sol est l’occasion de découvrir la magie de la forêt et ses secrets les plus intimes.