Découvrez l'histoire méconnue du camp d'internement pour étrangers des Milles, près d'Aix-en-Provence, une ancienne tuilerie-briquetterie où 10 000 personnes ont transité de 1939 à 1942, dont au moins 2 000 Juifs déportés vers les camps de la mort. Le Camp des Milles est aujourd'hui le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact et accessible au public. Le film retrace cette période longtemps effacée de la mémoire collective, grâce à une très riche collection de témoignages et de récits qui vont donner à voir de l'intérieur ce qui a été vécu là. Une immersion dans le quotidien de ces hommes qui témoigne de leurs angoisses, mais aussi de leurs histoires...
La France a toujours beaucoup de mal à assumer son histoire, particulièrement lorsqu’il s’agit de son rôle dans la déportation des juifs durant la seconde guerre mondiale. « Le camp des Milles » réunit des témoignages, des textes et des images d’archives et une visite d’un mémorial qui permet de lever un voile sur un lieux peu connu des français mais qui fut l’un des camps français par lequel transitèrent des milliers de juifs avant, pour certains, de rejoindre les camps tristement célèbres de l’Europe de l’Est.
Ce qui est saisissant, comme toujours, dans ce type de programme c’est la sobriété qui fait face à l’horreur de l’histoire. Porté par des témoignages poignant et sans concessions ou simplement par l’exposition des faits de la guide du mémorial, le documentaire prend subitement une autre dimension lorsque le comédien
Féodor Atkin (La French), d’une voie un peu solennelle certes, lit des textes de différentes victimes de ce camp qui ne portait pas son nom lorsque des personnes telle que
Lion Feuchtwanger (Le Juif Süss) qui écrivit les textes certainement les plus saisissant sur ce camp, dans lequel les autorités de Vichy enfermaient sans se poser de question les opposants aux régimes nazis et les juifs pour finirent par en faire une première halte vers l’extermination.
Et bien sur, parfois cela fait mal, cela dérange ou rebute, tant la cruauté de certains témoignages est parfois incompréhensible pour notre patrie des droits de l’homme, mais ce camp fut une honte car il prenait au piège des personnes qui se croyaient en sécurité et venait même en taxi se réfugier dans ce qui deviendrait leur prison. Et cela le réalisateur l’a bien compris et « Le camp des milles » sort subitement du lot des documentaires traditionnels. Ici les regards humidifient les yeux et la détresse fait couler des rivières de larmes matinées de honte. Car même installé confortablement dans notre fauteuil, on ne parvient pas à retenir une certaine honte que nous ne soyons toujours pas capable d’assumer une part d’ombre de notre histoire.
En conclusion, « Le camp des Milles» est un documentaire exceptionnel qu’il faut se procurer d’urgence, afin que la mémoire ne s’efface pas et qu’au contraire, elle parvienne à nous rappeler que le gouvernement de Vichy a su faire preuve d’un zèle particulièrement cynique. Une superbe leçon d’histoire.