Adapté de faits réels, le film « The prison Experiment » s’interesse à l’étude de psychologie expérimentale menée en 1971 par le Dr Philp Zimbardo sur le campus de Stanford. Il tenta d’explorer les effets de l’enfermement carcéral en payant des étudiants pour jouer les rôles de prisonniers et de geôliers, dans une prison factice aménagée dans les sous-sols de l’université. L’expérience va prendre une tournure inattendue et sera avortée au bout de 6 jours seulement, les sujets révélant des comportements surprenants.
Pour bien comprendre l’intérêt de ce film, il faut d’abord souligner, que le scénario est inspiré de faits réel, qui ont eu lieu aux Etats-Unis (en Californie). Une expérience qui mit en lumière de manière violente les réactions de l’homme face à l’enfermement. Après avoir inspiré de nombreux films tels que : « La Vague » de Dennis Gansel, qui l’adapta à une expérience autour de la naissance d’un état totalitaire, ou encore « L’expérience » d’Oliver Hierschbiegel et son remake américain. Le film de Kyle Patrick Alvarez (C.O.G.) revient donc sur l’expérience qui a inspirée tous ces films et qui en inspirera certainement bien d’autres. Car ce professeur enferma un certain nombre d’étudiants dans les conditions d’un enfermement carcéral. Cette étude, qui devait se dérouler sur 2 semaines, avait pour but de mettre en lumière le comportement humain suivant sa place d’un côté ou de l’autre de la barrière. Le résultat fut si inattendu que l’expérience fut interrompue au bout de 6 jours.
Et la réalisation, va dans ce sens, elle n’est jamais trop saccadée pour renforcer la narration, bien au contraire, elle se fait parfois lancinante pour mieux piéger le spectateur et pour ne pas le préparer à ce qui doit logiquement arriver. Loin de toute mise en scène accrocheuse pour ce type de film, le réalisateur s’accroche à son sujet et donne un cours magistral de psychologie. Porté par un scénario redoutablement efficace, qui oscille entre thriller suintant et biopic déconcertant, le réalisateur nous entraîne dans ce que la race humaine fait de pire. Mais pour mieux laisser le spectateur dans la position de voyeur passif, il va lui montrer petit à petit l’enchaînement sordide des choses et les entrecouper de scènes plus classiques dans lesquelles on voit le professeur et son équipe s’interroger sur ce qu’ils observent auprès de leurs cobayes.
Aidé en cela par une distribution particulièrement inspirée, Billy Crudup (Spotlight) en tête avec une composition de professeur enfermé dans son ambition et tyrannisé par ses doutes, maîtrisée et précise. Car on ne sait jamais s’il maîtrise son expérience ou si l’expérience le maîtrise. Mais bien sur le film ne tient pas que sur ses épaules et les trois jeunes acteurs : Ezra Miller (Batman Vs Superman), Michael Angarano (Le jour où je l’ai rencontré) et Tye Shéridan (Dark Places), ne manquent pas de talents pour lui donner la réplique. Ils trouvent une émotion juste qu’il est assez rare de trouver chez des acteurs de cet âge. Notamment lorsqu’il est question de jouer sur les ambivalences des uns et des autres pour qui l’expérience va révéler des faces inconnues de leurs personnalités.
En conclusion, « The Prison Experiment » est un film intelligent et nécessaire sur les mécanismes humains, qui prouve, si besoin en était, que notre société n’est jamais à l’abri d’une déviance dès lors que les cartes sont mal réparties.