En 1951, Marcus quitte son New Jersey natal pour aller étudier dans une université conservatrice de l'Ohio, où il fait face à la répression sexuelle et l'antisémitisme.
Deuxième roman de Philip Roth à être adapté au cinéma, après « American Pastoral », « Indignation » plonge le spectateur au cœur d’une Amérique Puritaine et austère qui voit en la jeunesse juive une possible alliance communiste. Du coup, l’histoire de ce jeune homme qui tente à tout prix de vivre dans les valeurs de ce que lui ont appris ses parents. Pourtant à tous les niveaux chacun de ses choix sont remis en question comme une évidence que sa jeunesse soit un gage de dérive. Et dès lors que sa rencontre avec la belle et captivante Olivia Hutton a lieu toutes ses valeurs vont subitement prendre une nuance différente.
D’abord producteur et scénaristes de films d’Ang Lee (Le secret de Brockeback Mountain, Tigre et Dragon), le réalisateur James Schamus se lance dans la réalisation avec cette adaptation, un peu sombre, il faut bien le dire, d’un roman de Philip Roth. Loin d’être en novice en matière de vision romancée et à la fois subtile d’une société qui laissa passer de nombreuses dérives sociétales, James Schamus, livre ici une mise en scène à la fois lente et parfois très scolaire qui ne laisse rien au hasard. A commencer par un éclairage très soigné qui donne une texture particulière, beaucoup moins colorée que ce que l’on a l‘habitude de voir mais au contraire une sorte de mélange entre jaune, orange et noir qui fait ressortir les boiseries austère de l’établissement scolaire et contraste avec des extérieurs plus lumineux, moins étouffant que les intérieurs. Même les visages, à commencer par celui du héros semblent traités de manière à leur donner une nuance un peu grise qui vient contraster également avec le blond platine de la jeune héroïne par qui le doute arrive.
Et le réalisateur qui a également signé l’adaptation scénaristique se laisse aller à des joutes verbales particulièrement réussies. Car si la première partie du film est un peu lente, un peu pesante et se laisse aller à une forme très académique de dialogue qui viennent mettre en place l’atmosphère paranoïaque du film, la deuxième se révèle beaucoup plus intéressante puisqu’elle vient solidifier les bases et donnent lieu à des moments de grâce, comme la première entrevue entre Marcus et le doyen, qui tente par tous les moyens de le retrancher dans ses plus profondes limites. Il n’en demeure pas moins que le scénario est d’une grande qualité, même si on peut effectivement lui reprocher une trop grande lenteur dans sa dynamique.
Côté distribution, Logan Lehrman (Fury) ne cesse de nous surprendre, après des prestations en demi-teinte dans « Percy Jackson », l’acteur se révèle plus subtile. Et comme il l’avait déjà fait dans « Fury » justement il s’avère très rapidement touchant et austère en même temps puisqu’il doit composer un personnage harcelé par la paranoïa ambiante mais en même temps par ses convictions profondes qui en font un personnage à part dans cette société puritaine et clivante. Face à lui la jeune
Sarah Gadon, que l’on connait pour avoir jouée dans la magnifique série « 22.11.63 », impose une présence qui se glisse entre douceur et blessures. L’actrice se laisse porter par son personnage plus complexe qu’il n’y parait.
En conclusion, « Indignation » est l'adaptation d’un Bestseller de Philip Roth qui nous plonge dans une Amérique beaucoup moins glorieuse que les images voulaient nous laisser le croire. Le film manque de rythme par une mise en scène un peu trop académique qui se laisse peser par une romance et par une dualité personnelle trop appuyée. Le jeu des acteurs n’en demeure pas moins appréciable de de sensibilité et de justesse
Côté Bonus, le
making of nous en livre un peu plus sur cette adaptation, mais a tendance à se limiter à nous faire une étude de texte de l’œuvre de Roth plutôt que de s’intéresser au travail à proprement parlé du réalisateur et de son adaptation.
«
Du Roman au Cinéma » nous plonge un peu plus dans l’adaptation du roman, mais malheureusement reste encore beaucoup trop à survoler les véritables moments forts de cette adaptation pour nous passionner.