Au détour d’un dîner, les révélations faites à travers le baby-phone d’une chambre d’enfant vont créer un véritable cataclysme au sein d’une famille et d’un groupe d’amis…
Pour son premier métrage, le réalisateur Olivier Casas a décidé d'adapter au format long son propre coup métrage, qu'il avait écrit avec son épouse et qui tournait notamment autour de l'arrivée d'un enfant dans un couple et toutes les conséquences que cela apporte au-delà des bonnes choses. Mais la question est : Est-ce que cette histoire idéale pour un format court l'est pour un format long ? La réponse est évidemment nuancée, car si le réalisateur assume totalement sa succession de rythmes différents pour mieux donner corps à son histoire, il n’en demeure pas moins que le spectateur a du mal à se retrouver entre le rire, la comédie pure donc, et l’émotion, d'un film qui tire plus sur le drame.
Si on devait faire une référence, entre un huis clos et un autre autour de l'arrivée d'un enfant, on pourrait évidemment se pencher directement sur "Le Prénom", des réalisateurs Mathieu Delaporte et Alexandre de La Patellière avec Patrick Bruel et Guillaume de Tonquédec. Dans cette comédie, c'est Le Prénom qui est la source de toutes les tensions, mais ce qui fait sa réussite, c'est avant tout des répliques et un rythme dans la mise en scène qui rendent l'ensemble souple et même lorsque la tension est omniprésente, le spectateur ne se sont pas confus, ils ne se sent pas mal à l’aise face a un drame qui d'un côté fait sourire, mais de l'autre dérange sans jamais totalement émouvoir. Dans « Baby Phone », le problème est différent le réalisateur et sa scénariste, qui n'est autre que sa femme, se sont inspirés de leur propre expérience pour tisser une histoire qui oscille en permanence entre comédie pas forcément assumée et drame nous contrôlé.
Alors oui, le réalisateur assume totalement sa succession de rythmes : un coup la comédie énergique et dynamique avec ses répliques qui fusent et ses personnages dans des situations, proches du burlesque, et le drame sous-jacent, qui ne cesse de se gangrener à mesure que la soirée avance. Seulement si la démarche artistique est intéressante, elle a beaucoup de mal à tenir sur 1h30 de film. Il paraît évident que lors d'un court-métrage ce type de situation pourrait effectivement donner un rythme plus soutenu, et donc obliger le réalisateur et la scénariste à trouver tout de suite les codes et ne pas perdre de temps dans des discussions ou dans des monologues qui viennent alourdir le propos. Mais dans le long-métrage, le duo s’est enfermé dans des discours, dans des dialogues et parfois même dans des considérations qui n'apportent pas grand-chose à l'histoire si ce n'est de la ralentir.
Côté distribution,
Medi Sadoun que l'on avait apprécié dans «
Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? » Et
Anne Marivin qui faisait rayonner
« Bienvenue chez les Ch'tis », forment un couple certes cohérent mais qui manque tout de même de charme et de glamour. Quant à
Pascal Demolon (Radiostar), sa présence justifie le déplacement mais ne parvient tout de même pas à sauver le film de l'ennuie.
En conclusion, « Baby Phone », est un film remarquable en format court-métrage, mais qui manque terriblement d'arguments en long-métrage. Les différences de rythmes perdent le spectateur, et le choix des acteurs, même si cela ne gâche rien de leurs talents, n’est pas forcément le plus approprié, pour rendre le film réellement intéressant.