Dans un village au Kirghizistan. Centaure, autrefois voleur de chevaux, mène désormais une vie paisible et aime conter à son fils les légendes du temps passé, où les chevaux et les hommes ne faisaient plus qu’un. Mais un jour, un mystérieux vol de cheval a lieu et tout accuse Centaure…
« Le cinéma venu d’ailleurs », voilà comment nous pourrions appeler ces films venus de pays que l’on ne connait pas forcément ni pour son cinéma encore moins par son nom. Car le Kirghizistan est un petit pays d’Asie Centrale flanquée entre le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Chine. Ancienne république de L’URSS, qui a obtenu son indépendance en 1991, le Kirghizistan fut longtemps peuplé, de par sa géographie montagneuse, de peuples nomades répondant à des us et coutumes ancestraux. Ce petit pays si discret n’en demeure pas moins une petite république qui tend vers le progrès et regarde les autres nations avec un œil bien timide, mais sûr de ses convictions et de ses valeurs.
Avec « Centaure », le réalisateur Aktan Arym Kubat, nous emmène dans un petit village ou règne traditions et valeurs mais où un acte vient tout remettre en question. Avec un scénario empreint de poésie et de douceur, le réalisateur nous parle de son pays, de ses mutations et parvient même à nous faire part d’une réflexion autour de l’Islam, de ses valeurs et de ce que veulent en faire maintenant les nouveaux prêcheurs qui le pervertissent pour, on ne sait quelle raison.
Sans chercher, le moindre instant, à faire du prosélytisme de bas étage, le réalisateur pose simplement les bases d’une histoire qui se tourne vers l’avenir, à travers ses traditions, ses religions (car son pays en a plusieurs !) son passé et y voit un avenir bien étrange, qui se construit sur du rien mais se donne les allures de réalité. Il y a cette phrase remarquable d’Atkan Arym Kubat qui dit : « Nous pratiquons la religion Musulmane depuis toujours, et nos femmes n’ont jamais été voilées, pas un seul instant ! Le fait qu’elles le soient maintenant n’est pas un retour un arrière à proprement parlé puisque cela n’existait pas ! ». Bien loin de moi l’idée de relancer un débat qui se verrait des plus sensibles et dont je ne pourrais apporter, très certainement d’arguments suffisamment contradictoires, mais dans tous les cas le film pose des questions de manière totalement pacifique avec beaucoup de simplicité qui lève un voile sur un regard différent sur cette religion, à l’origine pacifique, qu’une ribambelle d’allumés dangereux en ont fait une religion de violence et de sang. Il est a espérer que ce film soit vu le plus possible à travers le monde pour repositionner le débat du bon côté de la barrière.
La mise en scène de « Centaure » est simple et en même temps d’une complexité rare, puisqu’elle utilise les éléments pour donner plus de corps à son propos, comme ces nuages de poussières ou d’essence brûlée qui s’envolent et viennent envelopper les personnages d’une scène comme pour les rendre plus mystérieux, plus isolés ou encore un peu plus prisonniers de leurs actes ou de leurs pensées. Le réalisateur nous entraîne dans les paysages de son pays avec une tendresse évidente et l’on se laisse aisément prendre au dépaysement.
En conclusion, « Centaure » est un film subtil et d’une beauté renversante, qui vient poser les bases d’une réflexion sur la religion, les changements d’une société, longtemps sous joug Soviétiques et voudrait maintenant faire parler de lui, à travers son histoire, sa culture et pourquoi pas sa pensée. A découvrir absolument !
Côté Bonus,
Un entretien avec le réalisateur Aktan Arym Kubat qui revient sur tous les thèmes abordés dans son film, que ce soit les traditions, le pays, la langue et bien sûr ce regard sur la religion qui s’invite au débat toujours avec autant de respect et de distance qu’il faut avoir sur ce sujet.
Puis
un entretien avec le producteur Marc Baschet, qui revient avec beaucoup d’anecdote sur sa rencontre avec Aktan Arym Kubat.