1538, au cœur de l’Amazonie sauvage, un groupe de conquistadors espagnols part à la recherche d’une mythique cité d’or : Teziutlan. Aveuglés par leur quête et leur soif de richesse, ils plongent au plus profond de l’enfer vert, jusqu’à en perdre la raison…
Les amateurs d’histoires de conquêtes connaissent bien celle, au XVIème siècle, qui vit les espagnoles chercher de manière compulsive, la fameuse cité d’Or qu’un conquistador dit avoir vu lors de l’un de ses voyages. Une recherche qui fut, d’une certaine façon, responsable de l’extinction de plusieurs civilisations anciennes en Amériques du Sud. Ce que l’on sait moins c’est que cette soif de l’or a aussi causé des morts dans le camp espagnol, non pas qu’ils aient été victimes, difficiles à croire, ils furent simplement les dommages liés à une guerre entre une civilisation conquérante et une autre qui se défend avec ses armes et une connaissance du terrain particulièrement pointue. Sous couvert d’une évangélisation « Nécessaire », les Espagnoles tuèrent et s’entre tuèrent pour découvrir la plus grande chimère de l’histoire des conquêtes : La Cité d’Or de Teziutlan.
Une épopée qui forcément inspira de nombreux scénaristes et autant de réalisateurs. Et si cette période sombre de l’histoire de la péninsule ibérique inspire de nombreux artistes, rares sont les œuvres qui parviennent avec puissance et brio à nous transmettre toutes l’horreur déterministe et vénale de cette conquête sans fin d’un cité remplie d’or qui ne fut jamais trouvée. Cette fois-ci c’est le réalisateur Agustin Diaz Yanes qui s’y colle. Lui qui avait déjà traité de l’histoire espagnole à travers ses failles et ses intrigues de cours dans « Capitaine Alatriste », nous entraine maintenant, non pas dans le génocide aveugle et resté encore trop sous silence, mais plutôt dans le quotidien sombre de ces hommes que l’avidité rend fous et qui n’hésitent pas à s’agresser entre eux.
Une paranoïa que le scénario du réalisateur traite avec beaucoup de finesse et d’intelligence. Car au-delà d’une tension qui s’immisce en permanente par la présence presque invisible mais tout aussi meurtrière, d’une population indigène bien décidée à ne pas ses laisser assassiner sans combattre, il y a bien cette méfiance permanente de l’autre, cette peur d’être celui qui sera trahit, ou simplement d’être éliminé par les siens. Avide de pouvoir et d’or, les hommes se laissent aller à leur plus bas instinct et le scénario ne cherchant pas la caricature, parvient parfaitement à nous faire ressentir cette dualité constante au sein de ces groupes armés. Bien sûr, le scénariste et réalisateur n’oublie pas que les équipages étaient accompagnés par des prêtres souvent extrémistes, bien décidés à convertir ces « sauvages » cachés dans les entrailles de la forêt.
Pourtant le film n’arrive pas à capter l’attention du spectateur de bout en bout. Certainement à cause d’une mise en scène lente et bavarde qui n’arrive jamais à trouver un rythme qui permettent, non pas d’aller dans la surenchère, mais au contraire de conserver une tension sur les spectateurs. Au lieu de cela, le film s’embourbe dans des dialogues nombreux et pesants qui empâtent le montage et plombe la narration.
En conclusion, « Oro, la cité perdue » part d’un bon sentiment en nous entraînant au cœur d’une escouade de conquistador bien décidés à trouver la fameuse cité d’Or de Teziutlan. Et si le scénario est intelligent et parvient à dessiner toutes les nuances les intrigues et les trahisons des uns et des autres confrontés à l’avidité et à la résistance des Indiens, sa mise en scène manque terriblement de rythme et n’arrive pas à nous entraîner dans une aventure sombre et oppressante.