À bord de leur voiture, Sam et Nick sillonnent les routes de campagne américaine. Pour certains qu’ils croisent, ils sont deux frères partis camper, pour d’autres, des fugitifs. Durant ce road-trip, de mystérieux événements surviennent, faisant peu à peu éclater la vérité au grand jour…
Certains films captivent par leur simplicité ou par leur audace, d’autre par la tonalité imposée par la mise en scène ou par la simplicité de certains plans qui donne aux films une certaine ambiance un peu flottante ou plutôt hypnotisante. Avec « Stranger Ones », les réalisateurs Christopher Radcliff et Lauren Wolkstein signent là une œuvre un hybride entre thriller et road movie Lynchien. Le film suit deux personnages un jeune garçon et un homme qui se présentent comme des frères partis faire du camping. A mesure que le film progresse, nous plongeons dans une histoire plus complexe qu’il n’y parait et qui nous offre plusieurs pistes de réflexions. A mesure que le film progresse, nous nous laissons transporter par cette atmosphère un peu planante dans laquelle les deux héros semblent fuir autant un trauma que leur propre nature qui les effraye ou les paralyse. Le spectateur est alors invité à laisser de côté tout ses à priori pour mieux essayer de comprendre ce qui mène les deux personnages et ce qui les lie.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que les deux réalisateurs qui signent là une version longue de leur propre long métrage : « Deux Inconnus », semblent avoir exploré tout l’univers de David Lynch, tant ce film semble imprégné de « Mulholland Drive » avec une ambiance tout aussi sombre que lumineuse. Le jeune homme et le garçon parcourent la campagne américaine, à la recherche d’un idéal, semblait-il, mais lequel ? la campagne y apparaît tout aussi inquiétante que le secret qui les unie et dans le même temps les rencontres se font idéales, magiques et subtiles pour mieux se brûler ou se consumer par une histoire qui ne se déroulera qu’à la fin. Et encore ? Et le moins que l’on puisse dire c’est que le scénario ne livre ses indices qu’avec une patience des plus irritantes pour le spectateur.
Et la mise en scène de se révéler douce et pourtant si subtile, comme lorsque la caméra se met à l’épaule pour mieux suivre la fuite de l’un des personnages au risque de ne plus pouvoir laisser de possibilité au spectateur de voir ce qu’il se passe. Il se retrouve au cœur de l’action, comme lors de la scène de la piscine où l’on suit la nage de ce jeune garçon, en essayant de comprendre ce qui le rend si énigmatique. Tout est « flottant » dans « The Stranger Ones », pour ne pas dire déroutant, la mise en scène n’offre que très peu de possibilité au spectateur de percer le mystère. Mais l’utilisation de la campagne comme personnage à part entière de ce road movie captivant, l’utilisations de flous ou de brimes pour mieux incarner ce qui les entoure, rend cet œuvre aussi énigmatique que son scénario. Les réalisateurs ouvrent plusieurs pistes et laisse le spectateur devenir le troisième passager en soignant ses lumières, ses plans proches des visages, des corps et des regards.
Il faut surtout dire que la distribution joue énormément dans la réussite de ce film. A commencer par le jeune de
James Freedson-Jackson (Copcar) qui, du haut de ses quinze ans, livre une composition saisissante de nuances et de mystère. Intériorisée au maximum, la prestation du jeune garçon est puissante, toute en force et en subtilité. Il semble se laisser porter par un sujet difficile et l’avoir digéré au mieux pour captiver l’attention du public autour de son personnage. Face à lui
Alex Pettyfer (La Route) continue de poursuivre une carrière faite de films à gros budgets et d’autres plus risqués qui laisse définitivement les réalisateurs imposer une signature. L’acteur joue son personnage avec une froideur cohérente avec l’histoire. A la fois tendre et brutal, il signe une prestation remarquable de sensibilité qui ne peut laisser insensible les spectateurs.
En conclusion, « The Stranger Ones » est un film subtil et d’une beauté renversante, qui vient poser les bases d’une réflexion sur ces deux personnages qui semblent détenir un secret, et se laisse présenter comme des frères partis faire du camping. La mise en scène est captivante autant que déroutante et nous imprègne du début à la fin. Ajoutons à cela une distribution intuitive et maitrisée et vous aurez l’un des films les plus étonnant de cette année.