Emil travaille avec son frère dans une carrière de calcaire et vend aux mineurs l'alcool frelaté qu’il fabrique. Les relations changent lorsque la mixture préparée par Emil est accusée d’avoir empoisonné l’un d’entre eux.
Winter Brothers le premier long-métrage d'un réalisateur danois, Hlynur Palmason est une aventure, à la fois, sensorielle et visuelle. D'une beauté remarquable, le film du réalisateur danois nous fait suivre le parcours de deux frères qui travaillent dans une usine de calcaire, et dont l'un des deux, Emil, vend de l'alcool qu'il fait lui-même. Seulement un jour, l'un des ouvriers à qui il a vendu sa gnôle frelatée, l'accuse de l'avoir empoisonné. Le parcours d'Emil va donc radicalement changer, et nous allons nous retrouver à suivre le drame d'un personnage en marge, sans histoire d'amour, qui perd pied et ne sais pas réellement comment il va pouvoir se redresser.
Sobre et à la fois très complexe, la mise en scène du réalisateur enchaîne les plans d'une beauté saisissante, comme dans la scène d'ouverture, où les ouvriers se reposent devant un amoncellement de bois, ou encore ces plans éclairés à la lampe frontale, qui donne une sensation claustro-phobique, qui ne laissent pas indifférent. D'une saisissante beauté, le réalisateur utilise le blanc de l'usine de calcaire, en opposition au blanc de la neige et au paysage glacial qui entoure l'histoire d'un personnage dont la vie sentimentale ressemble justement à cette froideur qui ressort du film. Tourné dans un décor extérieur, sur un périmètre qui ne dépassait pas les 2 Km², Hlynur Palmason, a su utiliser toutes les particularités de son environnement pour donner à son film une texture bien particulière, issue de son style qui vient de deux cultures assumées : Danoise et Islandaise. Le spectateur se retrouve envoûté par cette expérience autant visuelle, que scénaristique, car elle amène le vidéaste à suivre le parcours des personnages, comme s'il se promenait au milieu d'une galerie de portraits et de paysages dans un musée.
Le film porté par la composition remarquable de sensibilité, et de légèreté, du comédien Elliott Crossett Hove (Les enquêtes du Département V : Dossier 64) dont la composition n’est pas sans rappeler les grandes heures de Charlie Chaplin ou de Jacques Tati, comme dans cette scène où il mime les gestes de son frère. L’acteur parvient avec beaucoup de justesse, ce personnage en manque d’amour, dépouillé de tout, prit dans une situation qui fera resurgir ses instincts primaires.
En conclusion, « Winter Brothers » est un film saisissant, envoûtant par une qualité visuelle indéniable et une composition de l’acteur principale physique et intuitive. Le film est une impressionnante expérience cinématographique.