Parce qu’il a oublié sa carte d’identité, Elias ne peut passer les épreuves du concours d’entrée à Sciences Po. À la recherche d’un job en attendant de pouvoir se présenter à nouveau, il devient éducateur dans une Maison d’Enfants à Caractère Social.
Lui-même ancien éducateur dans des Maison d’enfants, le réalisateur Nessim Chikhaoui a décidé d’aborder le sujet de l’accueil de jeunes dans des Maisons d’enfants sous un œil mois sombre que dans la plupart des productions ciné ou TV. Avec une volonté affichée comme nous aimerions en voir plus souvent lorsque des réalisateurs traitent de ce type de sujets, voir un peu de lumière dans un sujet déjà sombre par nature. Un peu comme dans « Patients » de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, ici le scénario n’hésite pas le recours aux « Punchlines » pour laisser passer des idées et des ressentiments graves, sans pour autant dénaturer le sujet particulièrement sensible, dans lequel des enfants sont placés pour diverses raisons, et dont la difficulté reste de pouvoir les accompagner au mieux dans une souffrance psychologique qui est bien compliqué à canaliser. Il faut les comprendre, les aider et surtout éviter qu’il ne sombre dans une violence qui peut ne devenir que leur seul moyen d’exprimer leur colère ou leur douleur.
Jamais dans la surenchère, le réalisateur, qui a également signé le scénario avec Hélène Fillières (Un Homme pressé), cherche avant tout à lever le voile sur ces structures, les limites de l’accompagnement, la frustration que cela représente et la frustration des éducateurs lorsqu’ils n’arrivent pas trouver de solutions ou a donner un accompagnement qui puisse aider l’enfant. Car, avant tout, le film « Placés » rappelle tout de même que ce sont des « enfants », et que ce qui fait nos priorités ne peuvent, évidement, pas être les leurs et que le manque de stabilité, d’amour et de structure familiale solide, pousse ces jeunes à se révolter contre une vie qui ne leur donne pas beaucoup de vision sur leur avenir. Ajoutez à cela la sacrosainte opinion populaire qui n’hésite pas à brûler les ailes des anges avant de les entendre, et vous aurez compris toute la difficulté de ce travail d’éducateur dont on ne parle pas assez.
Il y a de l’amour dans la mise en scène de Nessim Chikhaoui, pour les enfants évidemment mais aussi pour ce métier qui lui a tellement apporté, en bon comme en mauvais. Alors bien-sûr, le réalisateur n’a pas cherché des plans ultra compliqués pour donner corps à son histoire, mais a plutôt cherché à garder une dynamique à garder pour rendre l’ensemble, à la fois simple et percutant. En cherchant avant tout à toujours garder une part de positivité qui puisse surligner son idée de départ de ne pas signer une œuvre pesante ou trop sombre comme « La Tête Haute » d’Emmanuel Bercot en 2015 (L’un des meilleurs films sur ce sujet), le réalisateur livre une mise en scène très centrée sur la spontanéité de ses jeunes acteurs.
Et pour porter l’intrigue, le réalisateur a pu se reposer sur les compositions particulièrement justes et sensibles de ses acteurs plus chevronnés : Shaïn Boumedine (Mektoub My Love), dont la sérénité et l’aisance de jeu font mouche à chaque fois, Julie Depardieu (C’est quoi cette famille ?) qui se laisse fondre dans une composition plus sombre, Nailia Harzoune (Patients) dont la prestation oscille entre douceur et force avec une maitrise remarquable, Moussa Mansaly (La Vie Scolaire) dont l'imposante posture vient coller parfaitement à cet équilibre nécessaire entre fermeté et empathie et Philippe Rebbot (Le Goût et les couleurs) qui endosse le rôle de celui qui doit prendre les décisions dans ce milieu où les espoirs et les déceptions se mêlent en permanence.
« Paroles D’éducateurs » est un entretien avec le réalisateur Nessim Chikhaoui et un éducateur Habib Taouil. C’est passionnant de voir à quel point le réalisateur a su puiser dans son expérience passée pour pouvoir toucher juste.
« Entretiens avec les comédiens », l’équipe revient sur les dessous de la réalisation du film.
Puis des scènes coupées et le clip de la chanson « Placés ».