Walid, 40 ans, Palestinien vivant à Haïfa avec sa femme et ses deux enfants, cultive sa dépression et ses velléités littéraires. Il fait la connaissance de son nouveau voisin, Jalal, un escroc à la petite semaine. Les deux hommes deviennent bientôt inséparables : Jalal est persuadé d’aider l’écrivain en lui montrant ses combines ; Walid, quant à lui, y voit l’opportunité de réaliser un projet secret…
Deux hommes, deux Palestiniens, deux destins, une même société et une même enclave, en permanente tension. Et pourtant, une vie qui s’articule autour de cette cohabitation forcée et fragile dans ce Moyen-Orient en constante évolution positive ou négative. La réalisatrice Maha Haj, qui avait déjà traité de la société Palestinienne dans son précédent film « Personnal Affairs » en 2017, a décidé de s’intéresser, cette fois-ci, aux individus, sans pour autant négliger leur environnement. Ici, nous suivons les pas de Walid, d’abord, un homme souffrant de dépression Fonctionnelle, une forme sévère de cette pathologie, qui reste ancrée, jour après jour mais n’immobilise pas sa victime. Walid, continue d’écrire, de s’occuper de sa maison, de ses enfants et de sa femme, mais n’arrive à retrouver la lumière à apprécier tout ce que la vie nous apporte. Lui dont l’existence peut être enviable à bien d’autres : Une maison, des parents et une femme qui l’aiment et des enfants. Mais voilà Walid n’arrive pas à se séparer de cette noirceur. Un parallèle que l’on peut évidemment faire avec ces Palestiniens qui vivent à Haïfa. Des Hommes et des femmes qui ont l’impression singulière ou non d’avoir été privé de leurs terres et de leurs biens, pour vivre en harmonie fragile avec les Israéliens.
Et puis il y a Jalal, le libéré, celui qui a décidé de profiter autant que faire se peut de la situation, de ne pas se soucier de l’histoire mais de regarder vers l’avenir, tout en profitant du système sans jamais le laisser le dévorer. L’antithèse de Walid, que la réalisatrice n’hésite pas à utiliser comme un déclencheur, tut en gardant en sous-jacence, le discours critique et sociétal d’Israël où les deux peuples vivent en harmonie, mais sous le contrôle quasi exclusif de l’un des deux. Un déséquilibre qui se fait ressentir à la moindre tension d’un côté comme de l’autre. Avec ces deux personnages que tout ce qui les opposent va rapprocher, la réalisatrice Maha Haj va s’intéresser à ce syndrome dépressif et se focaliser sur ce mal sombre qui ronge Walid et comment Jalal peut l’aider à sortir de cette ornière tout en s’aidant lui à devenir plus droit et plus responsable.
Avec une mise en scène qui ne cherche pas le superflu, mais qui sait toujours trouver le bon angle pour isoler ou pour opposer ces deux personnages tout en les unifiant dans une histoire qui, au final, se révèle bine plus complexe qu’il n’y parait, notamment sur l’intériorité qui les caractérise et le parallèle que l’on peut faire avec la société composant la ville côtière d’Haïfa. La réalisatrice sait soigner ses effets, et même si son film manque parfois de rythme, c’est pour mieux nous entrainer dans les sentiments que ressent Walid, et nous confronter à la liberté apparente de Jalal.
La composition des deux acteurs principaux : Amer Hlehel (Le Chanbteur de Gaza) et Ashraf Farah (Zaytoun) est impeccable. Les comédiens livrent des prestations opposées et pourtant si complémentaires. Précis dans leurs gestes et dans leurs prestations, ils portent réellement la réussite de ce film, pas forcément parfait, mais en tous les cas, honnête et juste dans sa narration et dans son discours que l’on sent empreint d’expérience personnelle.